Le Musée Nicéphore Niépce consacre une première rétrospective à la photographe Laurence Leblanc sous le titre Où Subsiste Encore. La photographe immortalise les liens qui font l’humain et déjoue la rapidité du numérique pour pratiquer une photographie du temps long. Du 2 juillet au 28 septembre. (Photo d’ouverture : © Laurence Leblanc)
Toujours en quête de beauté, la photographe Laurence Leblanc, depuis vingt ans, cultive un langage photographique unique. Le Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône lui consacre une première rétrospective du 2 juillet au 28 septembre : un événement très attendu pour celles et ceux qui s’intéressent à la photographie française contemporaine. Alors que bien souvent la photographie s’attache à décrire le réel. Ses usages sont témoins de cette recherche d’archivage : l’illustration, le journalisme, les sciences, etc. La photographie est un instrument de mémoire, de comparaison et de partage de connaissances. Pourtant, dans l’écriture de Laurence Leblanc, c’est plutôt le lien silencieux entre les humains qui émerge, tantôt abstrait tantôt objectif.
Avec son appareil photographique, elle se confronte aux autres aux quatre coins du monde (Cambodge, Inde, Afrique du Sud, etc.) et tente de transmettre des sensations communes, rendre perceptible ce qui nous relie tous. Avec ses images, le sujet représenté n’est jamais réellement l’objet de la photographie. Ce sont plutôt les relations entre les humain, rendues enfin tangibles. Qu’elle soit en France, au Tibet, à Bamako, la photographe s’immerge complètement dans son environnement. Elle revient ensuite en France avec ses négatifs, les décline en planche-contact, puis édite ses planches, y revient, change d’avis. De sélection en sélection, elle épure ses choix pour en extraire l’essentiel.
Elle nous fait rencontrer des enfants, des nonnes, des danseuses. Mais nous ne saurons rien d’eux ni des pays traversés : ce n’est pas un documentaire photographique qu’elle nous propose, mais une vraie plongée dans les lieux qu’elle visite. Elle questionne, intègre, apprend. Ses séjours sont inscrits dans la durée et souvent renouvelés. L’émotion guide son objectif : la photographe happe le réel sans que rien ne soit prémédité. Dans son atelier, la photographe prend son temps, en défiant les procédés du numérique : elle contemple longuement alors ses planches-contact et ses tirages de lecture.
Pour cette exposition, l’accrochage mélange volontairement différentes séries, de Rithy, Chéa, Kim Sour et les autres, 2003, à l’inédit Du soin, 2021, car pour Laurence Leblanc, identifier des ensembles, établir une chronologie ou déterminer des thématiques n’a aucun sens. Sa photographie est une tentative constamment renouvelée de garder vivant et perceptible ce qui nous est invisible mais qui subsiste encore, malgré tout : les liens ténus, fragiles mais tellement essentiels qui nous lient.
Lauréate du prix HSBC en 2003 et du Prix Niépce en 2016, présente dans de nombreuses collections publiques, Laurence Leblanc n’avait jamais jusqu’alors bénéficié d’une exposition rétrospective. L’exposition du musée Nicéphore Niépce fera cohabiter l’ensemble des travaux de l’artiste de ses débuts à la fin des années 1990 jusqu’à ses dernières créations vidéos.
Où Subsiste Encore, du 2 juillet au 28 septembre 2022 au Musée Nicéphore Niépce.
Source : Musée Niépce
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