5 photographes ukrainiens aux Photaumnales 2022

Un focus sur les Photaumnales 2022, qui du 17 septembre au 31 décembre investiront Beauvais. La scène photographique ukrainienne est à l’honneur avec la collaboration du Odesa Photo Days. Le thème de cette année est Carthographies. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du festival. (Photo d’ouverture : © Igor Efimov, On street)

Les Photaumnales reviennent à Beauvais pour une édition 2022. Encore une fois, le festival couvrira le territoire des Hauts-de-France en présentant plusieurs expositions de photographes incontournables. Un focus particulier sur l’Ukraine est proposé, Stand with Ukraine, qui met en avant des artistes ukrainiens : Elena Subach, Viacheslav Poliakov, Igor Efimov, Shypotilnikov et Pylypyuk et Yulia Chervinska. La programmation s’est faite en collaboration avec Kateryna Radchenko, fondatrice et directrice du festival Odesa Photo Days. Ce programme de soutien à la scène photographique ukrainienne est initié et mis en oeuvre par le réseau Diagonal avec le soutien du ministère de la Culture et de l’Institut français.

Viacheslav Poliakov : Lviv – God’s Will

Lviv – God’s Will vient du nom d’une ligne de bus qui relie la ville de Lviv à Bozha Volya, un petit village perdu au fond des forêts le long de la frontière entre l’Ukraine et l’Union européenne – la terre promise de la richesse et de la joie éternelle. Le bus part de la porte principale d’un ancien cimetière de Lviv et se dirige vers l’ouest. En ukrainien, « Bozha Volya » se traduit littéralement par « la volonté de Dieu », mais partage également son origine avec le mot « bozhevillia », qui signifie folie. Une « folie » – sorte de sous-culture visuelle naïve – s’est installée dans les espaces publics de l’Ukraine post-soviétique depuis que le pays a obtenu son indépendance en 1991. Au fil du temps, les citoyens modifient et embellissent librement leur environnement. Des scènes sculpturales improvisées apparaissent par le biais d’interactions accidentelles et d’interventions aléatoires de
personnes ne se connaissant pas.

Elena Subach : Grandmothers on the Edge of Heaven

La photographe ukrainienne Elena Subach revient, dans sa série Grandmothers on the Edge of Heaven, sur le « grandmothering », ce concept anthropologique qui révèle l’importance des matriarches dans l’évolution de l’espèce humaine. En photographiant ses modèles dans des jardins d’Eden, où un buffet rempli de plats ukrainiens les attend, Elena Subach crée les vanités de cette génération d’oubliées, rappelant le caractère éphémère de la vie.
« Les temps ont changé à l’échelle mondiale et très rapidement. Il semble que cela provoque un sentiment d’impuissance aigu chez les personnes âgées. Elles ne peuvent plus partager leur sagesse accumulée et recherchent donc du réconfort dans la religion.
Leurs petits-enfants googlent leurs questions sur Internet plutôt que de leur demander, et l’écart entre les générations ne fait que s’accroître », explique-t-elle au média It’s Nice That.

Igor Efimov : On street 

Depuis 2010, Igor Efimov parcourt les espaces publics en observant les interconnexions entre les lieux et ceux qui les traversent. Cette sélection de photographies d’une décennie, nous transporte dans une période historique, qui correspond à un moment de profonde
transformation de l’Ukraine. Un sentiment de dépression imprègne les œuvres sélectionnées et illustre la turbulence de cette période. Ce travail est prémonitoire au regard du cours dramatique des événements actuels de ce pays.

Anna Pylypyuk et Volodymyr Shypotilnykov : Kyiv Fortified Region

La défense de Kiev contre les attaques de l’armée russe s’est déroulée en 2022 dans la région fortifiée de Kiev. En 1941, ses territoires faisaient partie du champ de bataille pour la défense de la ville contre la Wehrmacht allemande. Les deux photographes ont donc immortalisé ces lieux à la fin de l’été et à l’automne 2020, afin de documenter l’évolution du paysage de Kiev, alors que les banlieues résidentielles en pleine expansion fusionnaient avec les forêts et les champs de la région fortifiée. À l’époque, ils s’étaient interrogés sur la manière dont le passé s’inscrit dans l’environnement, sur les relations entre l’historicité et la matérialité actuelle de l’espace.

Yulia Chervinska : Space

La photographie est pour Ylia Chervinska comme un journal visuel de la réalité environnante et une réflexion sur ce qu’elle voit. C’est une sorte de « carnet de notes » sur les changements observés, sur la beauté – authentique et douteuse – le kitsch et les tendances dans l’organisation de l’espace en Ukraine. A travers ses clichés, Chervinska dresse un portrait de la ville dans son ensemble, de ses éléments et phénomènes individuels, c’est un marqueur de temps et de lieu.

Source : photaumnales.fr