« M’Tsamboro » est une exposition sur les reportages de Laura Henno aux îles Comores, jusqu’au 24 novembre à la Galerie Filles du Calvaire. (Photo d’ouverture : © Laura Henno)
L’exposition « M’Tsamboro » réunit tous les films et reportages photo que Laura Henno a réalisés aux îles Comores, et qui mettent un exergue les phénomènes migratoires présents dans ce territoire. La série se situe entre réalisme et onirisme, en apportant une lecture à la fois romanesque et documentaire. L’exposition est une prolongement de ce que Henno avait déjà fait à La Réunion et à Calais, d’autres zones sensibles aux mouvements migratoires.
Cet archipel situé dans le Sud de l’Afrique, au large de la côte du Mozambique, est en effet épicentre des phénomènes de migrations clandestines qui fascinent la photographe depuis quelques années. M’Tsamboro est une île de cet archipel, un îlot inhabité sur lequel les passeurs mal intentionnés déposent les clandestins, en les abandonnant à eux-mêmes, au lieu de les conduire à Mayotte.
Trompés, ces voyageurs doivent alors s’employer à fuir les contrôles policiers et donc à se cacher. La photographe plonge alors dans le quotidien de ces personnes, en suivant les fugitifs comme les passeurs et en dressant un portrait tristement fidèle de ce monde à part. L’exposition comprend aussi une installation vidéo qui suit les enfants d’une famille pendant quatre ans, en montrant comment ceux-ci ont dû apprendre le métier de passeurs pour survivre et quels en sont les conséquences sur la santé physique. Un écorché déroutant sur une multitude d’histoires d’hommes et de femmes oubliés. Le filme « Koropa » se penche encore plus sur le quotidien de ces jeunes contraints à l’illégalité.
Le film « Djo », quant à lui, relate de la relation entre un comorien et son chien, en mettant l’accent sur la vision animiste des comoriens, qui contribue parfois à désamorcer la dureté du réel. Et c’est justement avec poésie et une touche de fantaisie que la photographe Laura Henno nous parle de cette actualité tragique, en laissant parler l’émotion, en dressant un portrait romanesque de ces naufragés du monde, en créant une empathie avec le spectateur dont seulement l’image photographique est capable.
Source : Galerie Filles du Calvaire
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