À l’occasion de son soixantième anniversaire, le photographe Erwin Olaf présente la première monographie détaillée consacrée à son œuvre. (Photo d’ouverture : ©Erwin Olaf – Courtesy Rabouan Moisson, source: Hannibal Publishing)
Pour son soixantième anniversaire, Erwin Olaf, photographe de proue de la scène européenne, s’offre un livre monographique chez Hannibal Publishing et une exposition itinérante qui sillonnera les Pays-Bas. I Am revient sur les quatre décennies d’activité de cet artiste à travers plus de 240 clichés. En feuilletant l’ouvrage, on redécouvre l’approche de ce photographe, chez qui le propos et l’esthétique vont de pair. A travers son art, il a en effet su poser un regard critique sur notre monde.
Olaf travaille en studio en soignant sa mise en scène de manière méthodique, presque plasticienne. Ce travail de construction le mène à construire des symboles forts, des métaphores frappantes, des moments presque cinématographiques. Passionné et engagé, il est un subtil analyste du monde contemporain. Se destinant, au départ, à une carrière de journaliste, il a préféré, jeune, se consacrer à la photographie. Cet art lui permet en effet d’être au coeur des situations qu’il décrit.
L’intérêt pour l’actualité et la remise en question de la société ont toujours fait partie de son approche. Après “Chessmen” (1987-1988), qui l’a fait connaître, il réalise “Blacks”, une série qui questionne l’égalité entre les hommes où ses modèles avaient été entièrement maquillé de noir et posaient sur fond noir. On se rappellera également des autoportraits bâillonnés de “Tamed and Anger”, en 2015, réaction à l’attentat contre Charlie Hebdo. En 2004 il présente “Rain”, travail inspiré par le traumatisme post 11-Septembre aux Etats-Unis. Le livre I Am inclue aussi ses dernières réalisations, entre Shanghai et Palm Springs, qui évoquent la thématique du déclin de l’Occident.
Le spectateur sera embarqué dans cet univers subversif qui fait d’Erwin Olaf l’un des plus grands photographes européens contemporains. En effet, il réussit le pari ultime de l’artiste photographe qui est celui d’allier esthétique et propos, art pictural et narration, grâce d’une part à une maîtrise extrême des codes des arts figuratifs et d’autre part, d’une capacité à dire la complexité du monde qui nous entoure et toucher, à coups de flashs, l’universalité de la condition humaine.
Source : Hannibal Publishing
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