Les éditions Hoxton Mini Press sortent un livre sur le quotidien des londoniens dans les années 1970. Un aperçu de la vie dans les rues de la capitale britannique par le photographe Neil Martinson. (Photo d’ouverture : © Neil Martinson)
Neil Martinson commence à photographier son quartier, Hackney, dans l’est de Londres, assez jeune. Dans une Angleterre post guerre mondiale, ses passe-temps préférés étaient la photographie et l’exploration de bâtiments bombardés, au sein de l’un des quartiers les plus populaires de la ville. Avec Hackney Archive. Work and life 1971-1985, Martinson ouvre une fenêtre sur un monde pas si lointain mais déjà presque oublié…un quotidien en noir et blanc faits de métiers, d’habitudes, de gestes, de looks aujourd’hui disparus.
Le Hackney de Martinson est un quartier pauvre vécu avant la gentrification. Le photographe a ainsi immortalisé, sans vraiment le savoir au départ, une époque de passage, qui a cédé le pas à la rapidité inouïe de l’ère ultra technologique et numérique.
Pour Neil, le médium de la photographie était une opportunité de changer le monde, le fruit de la curiosité d’explorer Hackney avec sa liberté d’enfant. Avec un appareil photo à la main, ses aventures ont été la source de ses premières photographies, « prises autour de Brick Lane, Ridley Road et les marchés de Dalston Waste ». Inspiré par cet exutoire créatif et « en partie en regardant des livres de photographie à la bibliothèque Stoke Newington », le travail de Neil donne une voix aux résidents locaux avec l’intention d’ « améliorer la vie des gens du quartier ». L’intimité du travail de Neil se reflète dans sa position, non pas comme un outsider mais comme un résident investi dans la vie de ceux qui l’entourent.
Le Hackney que décrit le photographe est très différent de celui que nous connaissons aujourd’hui : « Dans les années 70 et 80, Hackney était très dégradé. Il y avait beaucoup de déréliction, et c’était un endroit dont beaucoup de gens voulaient sortir ». À son tour, Neil dépeint l’histoire d’une communauté en pleine mutation : « beaucoup ont fui vers les hautes terres ensoleillées de l’Essex… Pourtant, la population locale faisait preuve de vitalité et de résilience, et les inégalités étaient moins flagrantes qu’aujourd’hui. Peu de gens possédaient leur propre maison, il n’y avait pas de communautés fermées et pas de gastro-pubs ».
Ce petit chef d’œuvre de photographie de rue est palpitant, rythmé, on le feuillette et on y plonge comme dans un film. Ce qui prouve la prouesse de ce jeune photographe, ayant conduit son enquête pendant près de quinze ans.
De l’entrée de la télévision dans les appartements, aux tapisseries aujourd’hui considérées comme kitsch, le monde de Martinson est en pleine transition entre une époque et la suivante. Une réalité suspendue entre passé et futur qui fixe en même temps les codes de la culture populaire british si flamboyante pendant cette décennie.
Source : Hoxton Mini Press
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