Toutes les semaines Lense met en avant l’un de ses Lensers, les lecteurs passionnés de photographie qui ont partagé leurs images sur le site. Cette semaine, nous vous présentons Thomas Gerber, aka Honorat Charles. Pour participer, c’est par ici. (Photo d’ouverture : © Honorat Charles)
A travers sa photographie, Honorat Charles s’interroge au rapport que nous entretenons les uns avec les autres. Pour lui, l’objectif n’est autre qu’un instrument d’introspection permettant de mieux capter le fonctionnement de notre âme et les choses qui nous relient. « C’est ce ‘nous’ et ce drôle de monde qui m’intéresse » nous dit-il. Rencontre avec un photographe humaniste.
Quel est ton rapport à la photographie ?
Je dirais qu’il s’agit d’une démarche instinctive et d’une photographie de l’instant. Ma pratique consiste essentiellement en des espèces de déambulations photographiques sans autre intentionnalité que celle de figer des instants que je suppose être en résonance avec mon émotion. J’observe beaucoup, avec ou sans appareil, disons que je suis de ceux qui marchent le nez en l’air, je regarde ce et ceux qui m’entourent, simplement…
Je considère la photographie comme un support à l’introspection. Je pointe l’objectif sur le monde extérieur mais c’est pour m’aider à mieux appréhender ce qui se passe à l’intérieur en réalité. Pour essayer de comprendre ce sentiment grandissant d’étonnement et d’incompréhension face au rapport aux autres et à notre environnement.
Comment as-tu commencé à en faire ?
Je devais avoir 11 ou 12 ans, j’avais un vieil argentique, un Canon. En pose longue, dans le noir complet de la cave de me parents, allumettes à la main, j’espérais alors imprégner la pellicule de jolis dessins que j’aurais réalisé grâce à la lumière produite par les flammes : un véritable échec !
Après cela il y a toujours eu un appareil pas très loin mais sans intentions derrière mes photos. Et c’est depuis environ cinq ans que la photographie a pris une place bien plus importante dans ma vie.
Quels sont tes sujets de prédilection ?
Mon sujet de prédilection, c’est nous. Je l’ai compris il y a peu, mais c’est ce « nous » et ce drôle de monde qui m’intéressent.
J’ai été marqué par quelques voyages dont un en Inde il y a près de 20 ans déjà et plus récemment à Hong-Kong où j’y ai une attache particulière et l’occasion de m’y rendre régulièrement. Les rencontres que j’ai pu y faire alors, la découverte d’autres cultures, d’autres valeurs, l’expérience de formes de « vivre ensemble » radicalement différentes, la prise de conscience de modèles de société aux antipodes parfois, les rapports familiaux, bref, tout ça, qui peut sonner un peu « cliché », sont pourtant autant de sujets qui m’interrogent profondément.
Quel matériel utilises-tu dans ta pratique ?
Un XT-3 de chez Fuji avec une focale Fujinon XF 35 mm f/2 (équivalent 50 mm en 24×36). C’est un boitier idéal pour voyager léger, pour passer inaperçu et apparaître comme le touriste du coin, y compris dans sa propre ville ! Le 35 mm me permet également de rester discret et m’oblige à m’approcher de mes sujets, ce qui ne va pas de soi lorsque je n’ai pas d’appareil en main…
Qui sont tes photographes de référence ?
Ma culture photographique est plutôt légère je dois avouer, j’irais donc plutôt chercher mes inspirations du côté d’autres formes d’arts graphiques comme le dessin ou la peinture même si je me dois tout de même de citer André Kertész et Hiroshi Sugimoto.
Puis j’irais chercher du côté de la bande dessinée un auteur comme Chris Ware – qui excelle dans l’art de nous raconter en tant qu’être humain qui avance sans bien comprendre grand-chose de sa propre vie. Et enfin, la peinture de Gérard Garouste faite d’associations d’idées qui nous interrogent sur nos origines, le langage, la religion et la transmission. J’ai beaucoup de respect pour ces artistes dont le travail résonne tout particulièrement pour moi.
Comment as-tu découvert, connu Lense ?
Il me semble que c’est en cherchant de l’info sur l’actualité du monde photographique, j’y ai découvert des articles intéressants et la galerie des Lensers ! J’ai tout de suite été séduit par une forme d’esprit commun en voyant cette espèce de « planche contact collaborative » où le choix du bon hashtag ou le nombre de « j’aime » ne semblait pas être la préoccupation première, et ça j’aime !
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1 commentaire
Ajouter le vôtreEntre réflexion et poésie dans cette recherche du nous, de soi même et des autres…
beau portrait et de bien jolis clichés