Bettina Pittaluga dresse le portrait d’une France en lutte, qui peine à faire reconnaître ses droits fondamentaux y compris parfois celui d’exister : des personnes LGBTQIA + aux afro-descendants·es, en passant par le combat contre la grossophobie et tout type de discrimination, Pittaluga nous emmène dans un univers intimiste où l’identité est vécue librement, dans une safe zone, faite d’émotions et de délicatesse. Retrouvez plus de travaux de la photographe sur son Instagram. (Photo d’ouverture : © Bettina Pittaluga)
La photographe franco-uruguayenne installée à Paris Bettina Pittaluga illustre, à travers des portraits intimistes, les luttes de celles et ceux que l’on considère habituellement comme des « minorités ». Loin d’être des populations « de niche », elles sont au contraire la majorité silencieuse d’une France plurielle, ouverte, en opposition à celle apeurée et aux mentalités vieillissantes qui peine à reconnaître pleinement les droits et les vies de celles et ceux qui sortent d’une supposée norme. Le choix de la photographe est celui de l’émotion, de la sensibilité, de la lumière tamisée et des couleurs feutrées. Ces corps sont en lutte certes mais ici, c’est leur monde intérieur qui est subtilement représenté.
La rencontre de Pittaluga avec la photographie se fait tôt, à l’âge de 14 ans, alors que pour la première fois on lui met un appareil photo dans les mains. Elle ne réalise pas de suite que photographe peut devenir un métier. C’est par la suite, grâce à ses études de sociologie, qu’elle y revient. Au départ séduite par la photographie de guerre, elle se dirige finalement vers le portrait social. « J’ai très vite saisi que mon combat était autre part, concentré vers l’humain » raconte-t-elle à Manifesto XXI. Armée de la sociologie et de la photographie, la jeune a désormais de quoi tenter de répondre aux questions qu’elle se pose.
Depuis des années elle tire le portrait de son entourage, composé de personnes queer, gros·ses, multiculturelles…un monde où la diversité est la norme et qui semble devenir soudainement à la mode dans l’univers des marques et des réseaux sociaux pour séduire les publics de la « gen Z », toujours plus exigeante sur ces questions.
« Si la seule chose qui est importante dans l’image c’est que la personne soit grosse, ça ne m’intéresse pas. Si c’est pour l’objectifier, pour qu’iel soit juste là parce qu’iel est gros‧se ou racisé‧e, juste pour dire « on est tous‧tes différent‧es, on vit dans un monde super », non » poursuit-elle.
Selon elle, le déséquilibre dans les représentations est la source de toutes les discrimination. L’image devient alors un outil puissant de visibilisation, un moyen de rééquilibrer ces représentations minoritaires. Et, comme elle l’affirme avec sureté et conviction dans Metal, : « Il est très important pour moi de tout faire pour continuer à déconstruire cette hégémonie, et je ne cesserai d’invoquer tous ces combats jusqu’à ce qu’ils soient gagnés. »
Source : Instagram
1 commentaire
Ajouter le vôtrePuisse l’image favoriser nos différences.
Dans le caractère unique de chacun, regardons avec bienveillance le coté hétéroclite de notre personnalité. La vie est bien plus belle & enrichissante en acceptant autrui dans ses différences.
Merci à Bettina pour ses clichés si joliment choisis.