Ancienne strip-teaseuse et photographe, Cammie Toloui avec son livre 5 Dollars for 3 Minutes, explore le désir masculin à travers les clichés de ses clients immortalisés à travers la vitre de sa cabine. Découvrez le livre par ici. (Photo d’ouverture : © Cammie Toloui)
Au début des années 1990, Cammie Toloui a travaillé comme strip-teaseuse à San Francisco pour financer son diplôme de photojournalisme. Les clients qui payaient pour voir sa performance et ses actes sexuels masturbatoires se voyaient offrir une réduction s’ils consentaient à être photographiés. Ces images, publiées ici pour la première fois, sont un espace de liberté absolue faisant lumière sur la sexualité masculine.
Elles sont empreintes d’un profond sentiment de curiosité et de compréhension, révélant un large éventail de sexualité, de fétiches et d’aspects souvent privés de la masculinité. Aujourd’hui, la série conserve son caractère novateur en ce qu’elle s’approprie le regard masculin, en inversant les rôles, à une époque où celui-ci était une force dominante dans la vie quotidienne.
« Quand j’étais une pré-adolescente rebelle, je me suis assise et j’ai dressé une liste de mes objectifs de vie », écrit Cammie Toloui dans son livre de photos 5 Dollars for 3 Minutes. « C’était assez simple : 1. le sexe. 2. Drogues. 3. Rock’n’roll. » Pour parachever son exploration de l’esprit punk des nineties, Cammie se lance aussi dans la musique avec le groupe tout au féminin Yeastie Girlz. A travers son travail de strip-teaseuse, elle mène son projet photographique. L’idée ? Balayer le male gaze, bannir le nu féminin vu et revu, et parle de sexe du côté des femmes.
« Si nous connaissons tous l’industrie du sexe et la pornographie, nous ne les connaissons que du point de vue de l’homme sur la femme » écrit-elle. Avec ses « consommateurs » (termes qu’elle préfère au mot client) elle entame un projet artistique duré deux ans et demi, l’ayant menée à prendre près de 100 clichés d’hommes de tout âge, couleur de peau, origine, tantôt dévêtus tantôt habillés, faisant montre de tout type de fantasme érotique, exprimant leur désir sous de mille et une manière.
Pris dans leur vulnérabilité, ces hommes se prêtent au jeu courageux de leur intimité. Dans la cabine, ils quittent leur habit de surhomme, de macho, d’être aux émotions simples et schématiques, à la sexualité binaire. Ils se transforment en des êtres aussi créatifs que généreux en construisant avec la photographe une nouvelle théorie du nu masculin.
Source : Void
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