Après dix ans de prises de vue, Marcella Giulia Pace obtient un kaléidoscope des couleurs de la Lune sans précédents. L’astrophotographe italienne met bout à bout 48 clichés illustrant parfaitement les phases lunaires. (Photo d’ouverture : © Marcella Giulia Pace)
Marcella Giulia Pace, enseignante en école primaire, est née à Ragusa (Italie) en 1975. Son intérêt pour l’astronomie et les phénomènes optiques atmosphériques (photométéores) l’a amenée à créer un site de vulgarisation scientifique (www.greenflash.photo) contenant environ 1000 images et vidéos de photométéores, dont certaines sont très rares, observées dans toute l’Italie et plus particulièrement dans les montagnes des Iblei (Ragusa) et dans les Dolomites du Cadore, des paysages choisis pour leur grande diversité orographique, climatique et de luminosité diurne et nocturne, ainsi que pour leur position aux deux latitudes extrêmes de l’Italie. Alors qu’elle commence à recevoir plusieurs prix et reconnaissances, la consécration comme astrophotographe lui arrive en 2018 quand la NASA publie l’un de ses clichés comme « photo du jour » : elle montre la Lune se couchant à côté du cratère actif sud-est de l’Etna.
D’autres clichés deviennent « photo du jour » de la NASA régulièrement, comme celui sur l’analemme solaire, celui du rayon vert traversant le Soleil et les planètes, et en novembre 2020, ce merveilleux kaléidoscope illustrant toutes les couleurs de la Lune selon ses phases et positions, un travail titanesque qui a nécessité de dix ans de prises de vue et est le résultat de l’assemblage des 48 meilleures images savamment sélectionnées.
« J’ai rassemblé quelques-unes de mes photos de pleine Lune prises au cours des 10 dernières années. J’ai sélectionné les nuances de couleurs de la Lune telle qu’elle a été prise par mon objectif et vue par mes yeux » explique-t-elle. « L’atmosphère donne des couleurs différentes à notre satellite (diffusion) en fonction de sa hauteur par rapport à l’horizon, en fonction de la présence d’humidité ou de poussières en suspension. La forme de la Lune change également : au bas de l’horizon, la réfraction comprime le disque lunaire aux pôles et lui donne l’aspect d’une ellipse. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de présenter mes Pleines Lunes à travers une disposition en spirale qui se termine par une éclipse lunaire. »
Pour mieux comprendre ce kaléidoscope, il faut bien avoir en tête donc que ce n’est pas la Lune qui change de couleur mais les couches de notre atmosphère qui lui donnent des nuances différentes en fonction de sa composition (poussières volcaniques, fines couches nuageuses, pollution…). C’est donc avant tout la basse atmosphère qui génère les teintes les plus variées. C’est dans la basse atmosphère, en effet, que se déposent les poussières sur lesquelles, en fonction de leur taille, la diffusion agit, en laissant pénétrer certaines couleurs du spectre. Un autre facteur important est l’obliquité des rayons qui traversent l’atmosphère lorsque les étoiles sont basses.
La Lune, le Soleil et les autres astres situés au bas de l’horizon sont les plus touchés par le phénomène de diffusion appelé « Scattering », qui transforme la lumière blanche en différentes nuances allant du rouge au jaune.
« Je n’avais pas remarqué toutes les couleurs que notre atmosphère donne à notre satellite avant de commencer ce travail : Je ne me rappelais pas avoir photographié, par exemple, une Lune marron ou que la Lune violette était d’un violet si incandescent. Ce n’est qu’en plaçant la Lune marron à côté de la Lune jaune que j’ai réalisé à quel point la marron était foncée et la jaune, jaune » confie-t-elle. « Au cours des dix dernières années, j’ai eu plusieurs modèles d’appareils photo et les photos n’ont donc pas toutes été prises avec le même instrument. De même, les réglages de prise de vue ont toujours été différents.
Toutes les lunes ont été traitées (avec Photoshop) au fil du temps mais sans accentuer la couleur. J’aime les phénomènes optiques atmosphériques et j’essaie, dans la mesure du possible, de m’en tenir strictement à ce que je vois. »
Marcella Giulia Pace a également réalisé un kaléidoscope du Soleil, visible ici.
Source : Marcella Giulia Pace
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