Alain Schroeder en défense des orangs outans de Sumatra

Alain Schroeder nous plonge dans le quotidien des ONG qui protègent les orangs outans de Sumatra de la menace d’extinction, due à la surexploitation des forêts tropicales. Suivre Schroeder sur Instagram. (Photo d’ouverture : © Alain Schroeder)

Dans sa série Saving Orangutans le photographe de nature Alain Schroeder documente le quotidien de celles et ceux qui consacrent leur vie à la protection des orang outans dans le Sumatra du Nord, en Indonésie. La série a été récompensée par deux World Press Photo 2020, le premier prix de la photo et le premier prix de la série photo. L’orang outan de Sumatra est gravement menacé par l’appauvrissement et la fragmentation incessants et continus de la forêt tropicale. Avec la prolifération des plantations d’huile de palme et de caoutchouc, l’exploitation forestière, la construction de routes, l’exploitation minière et la chasse, les orangs outans sont chassés de leur habitat naturel de forêt tropicale.

Certaines organisations, comme l’OIC Orangutan Information Centre, sauvent les orangs outans en difficulté (perdus, blessés, captifs…) tandis que d’autres, comme le Sumatran Orangutan Conservation Programme, soignent, réhabilitent et resocialisent les orangs outans dans leurs installations médicales spécialement construites à cet effet. Ces photos les montrent dans leur vie quotidienne dans la jungle, dans la clinique et le centre de quarantaine tout en sauvant des vies d’orangs outans dans le but final de les réintroduire dans la nature et de créer des populations prêtes à habiter dans les forêts protégées.

Dans la photo d’ouverture de cet article, nous voyons Selvi, mère de substitution qui apprend à Otan, un garçon de 3 ans, à grimper aux arbres dans l’école de la forêt du Centre de quarantaine SOCP. Travaillant ensemble quotidiennement, Selvi et Otan ont développé un fort lien mère/enfant. Comme les humains, la mère doit apprendre à ses enfants tout ce qu’ils doivent savoir pour survivre par eux-mêmes.

Dans la touchante photo ci-dessus, Serja, une femelle de 8 ans, est assise dans une cage privée (une des 20 cages d’isolement) dans la zone de quarantaine, séparée des autres singes. Le vétérinaire a retiré une tumeur cancéreuse de ses ovaires. Elle refuse de manger, ne veut voir personne et se protège en se cachant sous sa couverture, ce qui, selon certains experts, est un signe de mort imminente. Malheureusement, elle est en effet morte une semaine après que cette photo a été prise.

Dans la première photo, nous voyons l’équipe du SOCP travailler ensemble pour préparer Brenda, une femelle orang outan âgée d’environ 3 mois, à la chirurgie. Un sédatif est administré, le bras est rasé, sa température est prise, tandis que d’autres tiennent sa tête ou sa main pour rassurer le bébé. Au cours de l’intervention de trois heures, le Dr Messikommer, un chirurgien suisse, placera une broche et des vis pour fixer l’humérus endommagé. L’opération de Brenda s’est bien déroulée et elle a été successivement mise en réhabilitation.

Alain Schroeder est photojournaliste et en 1989, il a fondé Reporters, une agence photo en Belgique. Le travail de Schroeder a été publié notamment dans National Geographic, Geo et Paris-Match. Il a reçu de multiples prix, notamment le Japan Nikon Award en 2017 pour une série sur la crise des Rohingyas, et le Travel Photographer of the Year Award (TPOTY) en 2017 pour la série Living for Death. Schroeder a illustré plus de trente livres consacrés à la Chine, à la Perse, à la Renaissance, à la Rome antique, aux jardins et abbayes d’Europe, à la Thaïlande, à la Toscane, à la Crète, au Vietnam, à Budapest, à Venise et aux sites naturels d’Europe, entre autres. Parmi les titres belges, citons Le Carnaval de Binche vu par 30 photographes et Processions de Foi, Les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Source : World Press Photo