Thandiwe Muriu sublime les femmes kényanes avec ses portraits

Thandiwe Muriu est une photographe autodidacte kényane qui, à travers sa série de portraits Camo, immortalise le mélange unique de cultures, de couleurs et de populations de l’Afrique. Pour suivre le projet Camo, rendez-vous sur l’Instagram de la photographe. (Photo d’ouverture : © Thandiwe Muriu)

Thandiwe Muriu est une photographe autodidacte née Nairobi, au Kenya, où elle réside encore et se consacre à l’enseignement de la photographie. Elle s’intéresse l’image depuis son plus jeune âge et se passionne par le photographie publicitaire, permettant de faire passer un message d’une manière puisse attiser l’attention du public.

Au fil des ans, elle a développé un intérêt particulier pour la mise en valeur du mélange unique de cultures, de couleurs et de peuples de l’Afrique. Dans son travail personnel, elle célèbre son héritage kényan et aborde des questions telles que l’identité et la perception de soi en utilisant la richesse des couleurs et la vivacité de plusieurs influences venant de différentes parties du continent. Une photographie qui côtoie la mode avec un langage photographique épuré et audacieux, riche d’éléments graphiques marquants.

Avec sa série Camo (raccourci de « camouflage », ndlr) la photographe mélange son amour des tissus et de la composition avec son habileté de photographe portraitiste. Hypnotiques, les tissus qu’elle choisit deviennent les véritables protagonistes de ces clichés. Dans la série, elle habille les mannequins de vêtements saisissants qui les dissimulent dans un environnement textile, ne laissant apparaître que leurs mains et leurs visages.

Pour elle, il est primordial que le tissu ait l’air vivant. Dans une interview pour Colossal, elle déclare : « Dans mes images, le tissu sert de toile de fond sur laquelle je peux célébrer ma culture. C’est une toile lumineuse et accueillante où je peux mettre en valeur ce que j’aime chez mes compatriotes kényans. » 

La photographie de mode est l’une des sources d’inspiration majeures pour la photographe kényane, qui précise néanmoins qu’elle doit toujours représenter ce qu’elle est, sans subterfuges, et se faire porte-parole de messages qui dépassent l’image et l’esthétique. La série est aussi « une petite réflexion personnelle sur la façon dont j’ai senti que je pouvais disparaître dans l’arrière-plan de ma culture. Et mon expérience en tant que photographe femme dans la publicité m’a fait réaliser que très rapidement, à cause du contexte culturel, je peux être écartée et disparaître » a-t-elle expliqué à la BBC.

Alors qu’elle développait son langage artistique, Muriu a été épaulée et repérée par un groupe de photographes émergents qui l’ont encouragée à trouver sa voie loin de la photo commerciale. Grâce aux précieux conseil d’Osborne Macharia, artiste afro-futuriste d’origine kényane basé au Canada, elle lance alors Camo en 2015. En détournant les codes traditionnels de sa culture, elle crée un personnage afro-futuriste qui l’incarne, qui la représente, qui propulse la photographie vers un univers artistique plus vaste et saisissant.

Camo devient pour la photographe aussi une sorte d’archive. Pour elle, le défi de sa vie serait d’essayer de cataloguer tous ces looks et de créer « les premières archives modernes de nos cheveux et de nos tissus. Pourquoi pas ? » continue-t-elle. Une manière de valoriser le chemin qu’elle a parcouru pour découvrir sa propre beauté et de partager ce processus de prise de conscience et de pouvoir avec les autres femmes issues de son héritage.

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Source : Instagram