Jusqu’au 9 novembre, à l’Abbaye de Jumièges, l’exposition Au bord du monde, vivent nos vestiges nous emmène découvrir le Liban contemporain, ses luttes, ses drames, ses espoirs, vus par les yeux d’une génération d’artistes en résistance. (Photo d’ouverture : Stèle(s) – Étude, Paysages, Exquis, 2020, Nasri Sayegh © Nasri Sayegh)
Dans le cadre de la saison que le Département de la Seine-Maritime consacre au Liban, l’Abbaye de Jumièges inaugure Au bord du monde, vivent nos vestiges, une exposition réunissant plusieurs photographes et artistes autour de l’histoire du Liban contemporain. L’exposition se développe dans l’écrin de l’installation architecturale A roof for silence, pour une célébration de l’art libanais dans toutes ses expressions.
Saisie par des événements récents dramatiques, l’actualité libanaise est devenue le centre des pratiques artistiques de beaucoup d’artistes locaux, qui donnent vie à des œuvres de résilience et de résistance. « Le Liban, pays de légendes et de mythes, fait de multiples paradoxes entre richesse et pauvreté, douceur et cruauté, vérités et absurdités, est cette figure abîmée qui incarnerait un bord du monde » écrivent les curateurs. Un pays dans l’entre-deux, suspendu entre renaissance et chute. La violence encore présente de la guerre civile longue de quinze ans, la chute totale et sans précédente d’une société, ses crises : politique, économique, environnementale, ses drames sociaux, sont le quotidien des libanais. « Il y a là, tous les jours, un bord du monde qui touche aux extrêmes. En suspension ou en bascule, se vivent les vertiges d’un présent vidé ou en trop plein. »
Face aux traumatismes intergénérationnels, aux présents d’incertitudes, à la corruption
viscérale, aux pénuries, la vie continue et on s’autorise le droit de rêver et de diriger le collectif vers des nouveaux possibles, en abandonnant la mélancolie stérile d’un l’idéalisme figé. Cette exposition réunit seize photographes et vidéastes libanais, son parcours invite selon trois séquences à une interrogation sur les limites et les possibles de la représentation, de la narration et de la sublimation. Il propose une lecture sensible qui tente de saisir les enjeux de la création dans un contexte d’effondrement. Comment les traumatismes et catastrophes affectent-ils les corps et les esprits ? Comment les artistes traduisent-ils les dynamiques de territoires, les circulations, les ancrages et les résonances historiques et culturelles ? Comment confronter et transcrire les émotions individuelles ou collectives, les obsessions, les échelles du temps, les effacements ? Comment représenter les visions et les désirs d’un renouveau ?
« De manière nécessairement fragmentaire, se dévoilent des questionnements politiques et
poétiques où les expériences vécues, les sursauts du réel et les rivages de la fiction cultivent
l’élan critique et créateur. Ici s’ouvre et s’éprouve une brèche d’idées lumineuses touchant à
une exploration des langages photographique et visuel. Une brèche comme une percée, où se vivent les vertiges, ceux-là qui puisent dans ce qui ne peut être détruit. »
L’exposition se divise en trois parties : « Géographies liquides », qui se consacre au Liban en tant que « puit du Moyen Orient », un pays fortement lié à son rapport avec l’eau ; « Passerelles temporelles », qui met en lien les traumatismes et événements du passé avec ceux du présent et « Chants de visions », qui nous embarque pour une méditation légendaire et mythologique.
Jusqu’au 9 novembre, Au bord du monde, vivent nos vestiges, à l’Abbaye de Jumièges.
Source : Abbaye de Jumièges
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