Le Festival du Regard 2022 choisit comme thème la Nuit et célèbre la photographie nocturne et ses techniques. Nous vous proposons un avant-goût du festival par cette sélection de photographes. Du 14 octobre au 27 novembre à Cergy-Pontoise. Toutes les informations pratiques se trouvent ici. (Photo d’ouverture : Café Lehmitz • 1967-1970 © Anders Petersen/courtesy galerie Jean-Kenta Gauthier)
Pour sa septième édition, le Festival du Regard nous plonge au cœur de la Nuit photographique. Véritable défi pour ce medium qui, par définition, se nourrit de lumière. Après les thèmes «Adolescences», «Habiter », «Voyages extra-ordinaires» et «lntime et Autofictions», voici «Bonjour la Nuit !» qui nous emmène dans les univers nocturnes de vingt photographes. On vous en donne un aperçu.
Anders Petersen : les inédits du Café Lehmitz
Le festival a l’honneur de présenter des tirages inédits du célèbre Café Lehmitz. Fasciné par
le quartier rouge de Hambourg, le photographe suédois va s’immerger dans le huis-clos d’un petit bar du port et tirer le portrait de ses habitués. Cette série produite en 1967 va propulser l’artiste sur la scène photographique internationale. «Café Lehmitz» est un chef-d’œuvre dans lequel l’auteur, s’immerge dans la vie du café, soucieux de maintenir avec ceux qui le fréquentent cette «proche distance» nécessaire à la bonne exécution du travail. Par une expression photographique au grain puissant et aux contrastes forts, il prend
des portraits de la réalité ordinaire et quotidienne avec cette distance qui lui appartient, se tenant à la fois en dehors et en dedans du cadre. Spécialement pour cette édition du Festival du Regard, Anders Petersen et la galerie Jean-Kenta Gauthier se proposent de revisiter cette célèbre série du Café Lehmitz en présentant une sélection inédite de photographies, non publiées dans l’édition du livre «Café Lehmitz».
Juliette Agnel : les cieux nocturnes du Soudan
Dans ses grands formats se déploient, majestueuses, les plus belles cités antiques du Soudan sous un ciel constellé d’étoiles. Troublante beauté que celles des pierres laissées-là depuis la fin du règne du pharaon Taharqa (vers 600 ans avant notre ère). Juliette Agnel s’est rendue au Soudan en 2019 à la recherche de l’Antique cité de Méroé connue pour
ses nécropoles à pyramides à forte pente relativement bien conservées. Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2003. Cette cité a formé la capitale du royaume de Koush pendant plusieurs siècles. Le royaume koush de Méroé, qui a donné son nom à l’île de Méroé, fait aujourd’hui partie du Soudan moderne, une région limitée par le Nil (de la rivière Atbara à Khartoum), la rivière Atbara et le Nil Bleu. Taharqa, le nom de sa série, fait référence au pharaon du même nom ayant régné de – 690 à – 665 dans cette région et connu pour ses valeureux combats.
Céline Croze : le drame du Venezuela et le visage de Yair
Avec Siempre que…, la photographe nous immerge directement dans l’action, dans un corps à corps avec une histoire violente qui ne laisse pas indifférent. Lors d’un tournage au Venezuela en 2015, elle fait la connaissance de Yair alors qu’elle déambule dans la nuit de Caracas. Le visage de Yair a sur la photographe une force hypnotique, saisissante. Qui est cet homme ? Pourquoi s’intéresse-t-elle à lui ? Que veut-elle nous dire ? On a envie d’en savoir plus, c’est la force de l’écriture photographique de Céline Croze, très directe et à la fois chargée de mystère par l’emploi de couleurs sourdes, le choix de lumières crépusculaires. Elle explique dans sa biographie qu’elle travaille également dans le cinéma. Pas étonnant, ici c’est un film noir dont voici le synopsis par son auteure : « Siempre que estemos vivos nos veremos » est aussi la dernière phrase que m’a dite Yair. Il faisait nuit et nous étions sur l’azotea (toit) du bloc 11, la brume enveloppait Caracas, la rumeur folle de la ville ressemblait à un chant funèbre. C’était une balle dans mon cœur. La conscience de sa propre fin avait quelque chose de terrible et sublime à la fois. Tout était dit. L’urgence de la vie, la fascination pour la mort, l’effondrement du pays. L’extrême violence et l’absurdité de la situation donnait l’impression que la vie n’était qu’un jeu. Un mois après leur rencontre, Yair a été abattu. Il avait 27 ans.
Rubén Salgado Escudero : voyage autour du monde en quête de nouvelles sources d’énergie
L’Agence internationale de l’énergie estime qu’environ 1,1 milliard de personnes dans le monde vivent sans accès à l’électricité. Plus de 95% d’entre elles se trouvent en Afrique
subsaharienne ou en Asie en développement. Rubén Salgado Escudero a voyagé dans nombreux pays du monde, dans le but de réaliser des portraits documentant la vie
de personnes, dont beaucoup ont accès à l’électricité pour la première fois, grâce à l’énergie solaire. Les scènes photographiées ont toutes été éclairées uniquement par des
ampoules à énergie solaire, les leurs pour la plupart. Solar Portraits n’est pas seulement un projet artistique, mais bénéficie du soutien d’une fondation et du statut d’organisme à but non lucratif (501(c)3) pour son initiative à impact social croissant.
Le Festival du Regard aura lieu du 14 octobre au 27 novembre à Cergy-Pontoise. Toutes les informations pratiques se trouvent ici.
Source : festivalduregard.fr
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