Jusqu’au 22 janvier, l’exposition Penser / Classer, volet 2, reparcourt l’histoire de la photographie et ouvre les archives du musée Nicéphore Nièpce, à Chalon-sur-Saône. (Photo d’ouverture : Anonyme, Extrait de l’album de vacances « Dinard » Tirages argentiques, carton, crayon de couleur, 1933 © Musée Nicéphore Niépce)
En 1827, Nicéphore Nièpce découvre la photographie. Son cliché, Le point de vue du Gras, pris depuis l’étage de sa maison à Saint-Loup-de-Varenne, fût le résultat le plus abouti d’une année de recherches et d’expérimentations. Jusqu’au 22 janvier, le Musée Nicéphore Nièpce à Chalon-sur-Saône, lieu de naissance de l’illustre inventeur, ouvre les portes de ses archives et reparcourt 50 ans de collections, nous plongeant dans les origines du huitième art. En 1869, dans ce même village, on pouvait lire dans les archives municipales : « Les lois de la Photographie, invention la plus remarquable peut-être, de notre siècle et qui a déjà rendu, et qui rendra encore, de si grands services aux sciences, aux arts et à l’industrie ». Le musée rend alors hommage à cette immense invention.
Le second volet de l’exposition Penser / Classer propose au public de poursuivre la découverte des collections du musée avec un accrochage d’œuvres renouvelé. Adepte des classements, des listes, des inventaires, surnommé le « taxinomiste fou », Georges Perec (1936-1982) interroge et ironise dans son essai « Penser / classer », cette manie anthropologique de vouloir mettre de l’ordre dans l’univers. L’être humain doit classer le monde pour le comprendre, pour le penser. Montrer toutes les archives du musée est impossible et c’est donc avec poésie que cette exposition a été pensée et classée !
Le Musée de Chalon-sur-Saône est un temple de la photographie unique au monde. Plus de 8000 appareils y sont conservés, 4 millions de photographies, pas loin de 20 000 accessoires destinés au développement, au tirage et à la projection, auxquels s’ajoutent encore 30 000 revues et livres techniques.
Le titre de l’exposition est un pied de nez à l’art de la photographique lui-même, qui nous berce de l’illusion qu’il serait possible de tout montrer. La photographie, cette discipline qui nous porte à croire que l’on peut faire le relevé universel et exact des choses, en conserver l’image vivante. Que l’on peut vaincre le temps qui passe, l’oubli et les destructions. Cette science qui veut détailler le monde pour mieux le comprendre, en l’auscultant dans tous ses replis, de l’infiniment grand au microscopique.
Depuis deux siècles, la photographie sert indubitablement nos obsessions taxinomiques, individuelles ou collectives, qu’elles soient scientifiques ou documentaires, amateures ou artistiques. La nature des collections du musée et leur organisation conduisent parfois au bord d’un vertige perecquien. Le vocabulaire listé par l’écrivain s’égrène aussi bien à l’endroit de la photographie : « cataloguer, classer, classifier, découper, énumérer, grouper, hiérarchiser, lister, numéroter, ordonnancer, ordonner, ranger, regrouper, répartir » . Puis « subdiviser, distribuer, discriminer, caractériser, marquer, définir, distinguer, opposer, etc ». Mais contrairement à ce qu’elles induisent, aucune de ces opérations ne peut être objective. La neutralité et l’exhaustivité n’existent pas. Il y a toujours la grille d’un regard, des choix préalables et un hors champ.
L’exposition Penser / Classer est un tour d’horizon éclairant, jetant une lumière sur l’aventure photographique et sur la vie de Nicéphore Nièpce, son audace inventeur.
Un ouvrage encyclopédique de 360 pages accompagne l’exposition : Une histoire de la Photographie à travers les collections du Musée Nicéphore Niépce publié par Textuel. Cet ouvrage parcourt l’histoire de la photographie, depuis son invention en 1827 jusqu’à ses usages contemporains, à travers les collections du musée Niépce. Hors des sentiers battus, ce manuel présente une « autre histoire » de la photographie qui s’intéresse au medium dans sa diversité ainsi qu’aux différentes voies empruntées par la photographie : publicité, mode, industrie, judiciaire…
Source : museeniepce.com
0 commentaire
Ajouter le vôtre