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Le Monde Sous Nos Yeux : la parole aux reporters de guerre

Jusqu’au 30 juillet, le cycle d’expositions Le Monde Sous Nos Yeux au Centre International du Photojournalisme de Perpignan, s’intéresse aux représentations de la violence à travers le travail des photoreporters. De la métaphore à l’approche frontale, la guerre y sera représentée pour ce qu’elle est vraiment, racontée par celles et ceux qui l’ont vue en première ligne. (Photo d’ouverture : Croatie, Vukovar, novembre 1991. Des civils Serbes fiers de leur victoire sur les Croates après la victoire de l’armée yougoslave sur les Croates et leur prise de contrôle de la ville. Ils se disent eux-mêmes « Tchetniks », en mémoire de la 2e guerre mondiale quand les Yougoslaves battirent les nazis. © Alexandra Boulat)

Le Monde Sous Nos Yeux est un cycle d’expositions consacré aux photoreporters et à leur travail en terrain de guerre. Le Centre International du Photojournalisme de Perpignan présente cette série d’événements du 19 janvier au 30 juillet, afin de réfléchir aux représentations contemporaines de la violence, mais surtout de raconter l’expérience de celles et ceux qui en risquant leur vie, montrent ce que la guerre est réellement, en la rendant tangible dans toute sa tragicité.

Kosovo, Macédoine, avril 1999. Transport en bus de réfugiés Kosovars- albanais d’un camp à l’autre, à la suite de la campagne massive des Serves de répression et d’expulsion des Albanais du Kosovo. © Alexandra Boulat
Un hommage aux témoins de l’Histoire

La première des expositions proposées est Ceux que leurs yeux ont vu…, pensée par la cinéaste Alizé Le Maoult, qui réunit les grands noms du photojournalisme mais aussi les nouvelles générations. Le projet consiste en une série de diptyques composés de portraits de reporters de guerre face à leurs images les plus iconiques ou les plus personnelles. La cinéaste a commencé à cotôyer les photojournalistes pendant la guerre de Yougoslavie, où elle se trouvait pour un tournage en 1995. C’est ici qu’elle rencontre ladite « Génération Sarajevo », celle qui a documenté le retour de la guerre en Europe. Avec Ceux que leurs yeux ont vu…, Alizé Le Maoult rend hommage aux reporters de guerre, aux témoins de l’Histoire, à ceux qui témoignent des soubresauts du monde, souvent au péril de leur vie.

En 2012, elle rejoint Patrick Chauvel, Rémy Ourdan et tous les photojournalistes qui étaient là à l’époque, pour le tournage du documentaire Le siège. L’idée de Chauvel est de réunir, 20 ans après, tous ceux qui avaient couvert le siège, dans la capitale bosnienne. À l’invitation du photographe à rejoindre les collègues à Sarajevo, à l’Holiday Inn, hôtel où nombre d’entre eux se trouvaient pendant le siège, Alizé Le Maoult hésite, puisqu’elle n’est ni journaliste ni reporter de guerre. « Devant ma réserve, raconte-t-elle, Patrick Chauvel me dit : « tu n’es
peut-être pas reporter mais toi tu sais » et donc, ce « toi tu sais » a été le point de départ,
car il actait la légitimité de ma présence parmi ces grands photojournalistes ». 

« Ensuite, en 2016, dans le cadre de la préparation d’une exposition dans les collections
permanentes du musée de la Grande Guerre, à Meaux, avec mon commissaire
d’exposition, nous avons souhaité mettre en regard de chaque portrait une image prise
par les photographes eux-mêmes. Je leur ai demandé de choisir une photo parmi tous les
conflits qu’ils ont couverts qui représenterait « la guerre », car eux seuls savent ce qu’ils
ont vu…, explique Alizé Le Maoult, je voulais aussi que nous entendions leur voix pour accompagner le portrait et l’image, je leur ai donc demandé de me livrer des mots personnels soit au sujet de la guerre, de leur métier ou sur le fait d’être un témoin de l’Histoire. Il était important de pouvoir saisir le plus intimement possible leur voix, le rapport qu’entretiennent ces photographes aux conflits qu’ils couvrent, à leur engagement ».

Kintsugi : Catarina © Giles Duley & Toni Hollis

Parmi les autres projets exposés, nous retrouvons Legacy of War de Giles Duley, qui a documenté les effets désastreux de la guerre sur le long terme et son impact durable sur les individus et les communautés à travers les récits de ceux qui vivent les lendemains de ses affrontements. Dans Eclats de guerre, est exposé le travail d’Alexandra Boulat, une collection issue du fonds photographique du CIP, consacrée à la série de guerres qui dévasta la Yougoslavie, de 1991 à 1999.

Pendant tout le cycle, des rencontres et des projections seront également proposées. Plus que la guerre en elle-même, c’est l’expérience des photojournalistes qui est ici mise à l’honneur. Un point de vue essentiel, à l’heure où, comme le rapporte Reporters sans Frontières, 46 journalistes et quatre collaborateurs média ont été tués dans le monde dans l’exercice de leurs fonctions en 2022 et 513 journalistes et 21 collaborateurs sont actuellement en prison en raison de leur travail.

Source : Centre International du Photojournalisme


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