Provoke ou la nouvelle esthétique japonaise

En seulement trois numéros, publiés entre 1968 et 1969, le magazine japonais Provoke a bouleversé la photographie japonaise et établit le vocabulaire visuel d’un Japon traversé de bouleversements.

Découvrez ce magazine culte qui a lancé une nouvelle esthétique japonaise en réponse à des changements historiques profonds.

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Nous voulons des photos qui soient des matériaux pour la pensée.

Le premier numéro s’ouvre sur un manifeste qui se conclut ainsi. Provoke propose des photographies en rupture avec ce qu’on voit à l’époque. Une photographie résolument avant-gardiste.

Les photos sont volontairement floues, mal-cadrées, granuleuses aux fautes techniques assumées. On sent la pulsion, une certaine rébellion et une volonté de faire bouger les lignes du cadre parallèlement à celles de la société. Rien à voir avec une photographie sobre et élégante, si ce n’est la couverture épurée du magazine. Mais d’où vient cette rage ?

N’oublions pas qu’en 1968, c’est le printemps de Spring, les révolutions étudiantes à Paris, les assassinats de Robert Kennedy et Martin Luther King.

Pour les japonais, c’est plutôt la fin de la seconde guerre mondiale et les stigmates toujours présents des bombes atomiques, la volonté d’expansion face à la tutelle américaine et un désir de trouver son identité propre.

Avec les séries photographiques de Takuma Nakahira, Yutaka Takanashi et Daido Moriyama, on assiste à un renouveau du regard qui semble se débarrasser des contraintes pour mettre à nu ces blessures.

Les photos se font plus dures, brutes, sans artifice, les corps souvent nus y ont une large place, les cadrages sont singuliers, inédits et les thématiques urbaines sont bien présentes.

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+ Article sur la photographie japonaise de 1968