C’est l’histoire du calendrier d’un fabriquant de pneus, devenu un pan de la Photographie moderne. Retour sur « The Cal » et ses 50 ans de photographes et de modèles.
…………………………
La semaine dernière, le plus célèbre des calendriers est enfin sorti des presses, pour être dévoilé et distribué. Mais pourquoi tant de tintouin pour un simple marque date ? Parce que plein de choses :
En 1966, la notion de marketing viral n’était pas aussi (omni)présente qu’aujourd’hui. Et pourtant, il y a 50 ans, la division anglaise de l’entreprise Pirelli réfléchit : comment rendre une vénérable compagnie de pneus, alors déjà centenaire, plus sexy ?
Avec un cadeau d’entreprise un peu plus exclusif qu’à l’accoutumée.
En créant un calendrier haut de gamme. Si son contenu se montre traditionnel – de belles femmes célébrées par un photographe réputé, son mode de distribution élitiste fera sa légende.
Au lieu d’être vendu, « The Cal » est ainsi distribué à quelques « happy fews » à travers le monde. Loin de la culture Internet et du tout partage, les images du calendrier deviennent des objets de convoitise, prenant des proportions assez folles !
D’autant qu’avec les années et la réputation grandissante, chaque calendrier devient un exercice de style à part entière, où les approches, les essais prennent le pas sur la simple esthétique des débuts.
Photographes, comme modèles comme récipiendaires du calendrier en font un objectif : en être, en avoir.
A noter qu’à cette époque, le calendrier reste un exercice assez macho : commandé, photographié et essentiellement adressé à des hommes. Les femmes se contentent elles de faire les belles dans les images.
Janvier 1971 : Francis Giacobetti
L’édition de 1972 marque un tournant : il est shooté pour la première fois par une femme et propose une direction artistique assez éloigné du glamour érotique jusqu’alors suivi.
Le décalage se confirme avec Brian Duffy, qui va lui chercher dans l’univers SM, mais très coloré.
Hans Fleurer signera lui la dernière édition avant une décennie : les crises pétrolières auront raisons de ce projet un peu trop luxueux et gratuit pour son époque.
C’est donc en 1984 que « The Cal » effectue son retour.
Novembre 1985 : Norman Parkinson
Octobre 1987 : Terence Donovan
Durant des années, le Calendrier suivra la mode de l’époque et les tentatives de destructurer la photo de Femme traditionnelle.
Dans les années 90, le calendrier épouse LA tendance du moment : les supermodels, ces mannequins qui ont explosé le cadre de leur métier, pour devenir des superstars à part entière.
La calendrier prend alors une dimension plus people. Naomi Campbell (ici en photo), Eva Herzigova et autres Christie Turlington vont encore plus faire exploser le mythe du calendier.
Les stars arrivent aussi : ici Monica Bellucci, encore mannequin, annonce la transition. Mais on retrouvera des personnalités comme Jennifer Lopez.
A titre subjectif, la période 1995-2001 restera la plus belle à nos yeux : une pléthore de grands photographes, d’immenses modèles et pourtant, des séries aux identités propres, touchant au travail d’auteur.
Octobre 2002 : Peter Lindbergh
Les années suivantes se suivront avec comme le vin, de bons crus et des « piquettes ».
L’approche très « Photoshop » de Nick Knight ouvrira ainsi le débat sur la généralisation de l’esthétique numérique…
2006 : Mert Alas & Marcus Piggott
… Et des retouches un peu excessives.
2007 : Inez Van Lamsweerde & Vinoodh Matadin
Mars 2008 : Patrick Demarchelier
La série de Peter Beard fera elle aussi débat, avec l’utilisation d’animaux pour des shoots très spectaculaires, mais éthiquement discutables.
Quand à Richardson… Là où Terry passe, la bonne foi trépasse ! (et les débats pullulent)
…………………………
Pour cette édition 2014/anniversaire, Pirelli prend un risque, en cassant son mode opératoire : le constructeur a ainsi ressorti des archives une série d’Helmut Newton, commandée entre 1985 et 1986, mais jamais publiée pour diverses raisons.
Si les motivations semblent bonnes, le résultat déclenchera lui aussi beaucoup de discussions : les photos, même remises dans leur contexte (un shoot datant d’il y a près de 30 ans), laissent un goût assez singulier, entre la présence clairement assumée des produits Pirelli, au retour de femmes pin-up très traditionnelles.
Nous vous laissons juger du résultat, puisque même sans posséder le calendrier, Internet vous offre au moins les images.
…………………………
3 commentaires
Ajouter le vôtreJe souhaite le livre Pirelli « Rétrospective de 50 ans de calendriers Réf. 29540 au prix de 49.99 mais je ne le trouve pas sur le site
Merci de me tenir informée
superbe, merci
Belle rétrospective, merci!