Expo au 6B – Quand on prendra la rue…
Γ propos de lβΓ©vΓ©nement
Ce qu'il faut savoir
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Tout comme nos vies, notre culture visuelle est saturée de violence.
Cette violence qui ne nous choque presque plus. Celle du patriarcat blanc, cis et hétéro, envers les personnes racisées, les femmxs, les queers. Quels outils avons nous face aux violences d’Etat, policières, aux discriminations et oppressions systémiques? La violence est et a toujours été un des outils possible de résistance, voire de survie,
pour les groupes de personnes marginalisées. Ce postulat demande que nous redéfinissions ce qu’est la violence, qui en a le monopole, la légitimité d’utilisation. Lorsque les personnes racisées, les femmxs
et les queers dénoncent les oppressions subies, ielles/nous sommes perçu·es comme hystériques, agressif·ves, violent·es. Imaginez quand ielles/nous faisons émeute.
Il est dit, dans «Born in Flames»2, que toute personne opprimée a droit à la violence.
Ici, nous disons que nous pouvons. Dans cet espace où sueur va couler, se mêlent boxeuses s’entraînant en autogestion et en salle mixte (Marie Fauqueux, «Boxeuses»); meufs en cortège de tête qui font face aux flics en manif (Aminata Labor, «On n’oublie pas»); personnages fictifs et trash qui terrorisent leur ville (Jennifer Reeder, «WhiteTrash Girl»); corps débordant de force et de rage (Salla Tykkä, «Power»); catcheuse imposant sa place sur le ring (Laura Herrero Garvín, «¿Me vas a gritar?»); groupes féministes prenant la rue, les armes, le feu dans une réalité fictive (Lizzie Borden, «Born in Flames») et stripteaseuses dans un club de femmx Noires et lesbiennes à Los Angeles au début des années 2000 (Leilah Weinraub, «Shakedown»).
Entrelacés avec les mots cognants de Sandra Calderan, Elsa Vallot et June Jordan, les textes sans ambages ni détours d’Audre Lorde ou encore la poésie de Monique Wittig, ces films s’ancrent dans un
contexte sociologique, politique et historique énoncé par l’espace d’archives. Exp(l)osi(t)ion collective pensée comme un corpus de résistance en mouvement, «Quand on prendra la rue, pensez à bien séparer læ femmx de læ casseur’se» rassemble films, textes et podcasts dans un espace de pratique d’arts martiaux et cherche à entamer une réflexion collective et active, artistique, intellectuelle et pratique, sur la porosité entre imaginaires de violences et violences physiques et matérielles. L’éclatement de la représentation binaire entre corps exerçants versus corps subissants la violence au sein de la culture visuelle a le pouvoir d’influencer nos pratiques, nos vies et d’ouvrir des possibilités d’actions jusque là inaccessibles parce ce que non-nommées, non-visibles: se défendre, s’entraider, resister, riposter. C’est en envisageant ces actions dans nos imaginaires qu’elles
s’ancreront dans le réel et dans nos vies.
En cherchant à nuancer et complexifier nos rapports à la violence et les discours qui l’entourent, cette exposition porte aussi son regard sur la danse et les art martiaux – pratiques de résistances corporelles
intrinsèquement liées – et à certains moments dévie sur les questions de soin et de communauté, éléments indispensables à la lutte et à la survie. Sans chercher à établir des généalogies claires entre
les différents éléments présentés dans l’exposition, nous reconnaissons ici une série d’événements artistiques, historiques, de luttes et d’organisation collective, d’écriture, de danse, non-alignés, comme
des possibilités ensemble. Pour reprendre les mots de Muñoz: «un récit de différentes pièces, à travers l’espace et le temps, qui se touchent sans fusionner.» Cette exposition dont le sang bout invite à faire communauté, à reconnaître la multiplicité des espaces
de résistance dans nos quotidiens, et à utiliser activement le pouvoir de nos imaginaires pour se défendre et riposter. Imaginez que vous résistez: vous le faites déjà.