Le Supermarché des images
À propos de l’événement
Ce qu'il faut savoir
Les œuvres présentées posent un regard incisif et vigilant sur de nombreux enjeux. Parmi eux, les bouleversements qui affectent l’économie en général (stocks aux dimensions inouïes, matières premières raréfiées, le travail et ses mutations vers des formes immatérielles, la valeur et ses nouvelles expressions). Ces œuvres interrogent aussi le devenir de la visibilité à l’ère de l’iconomie globalisée.
Sur la Place de la Concorde, le Jeu de Paume consacre une grande exposition, Le Supermarché des images, à « l’iconomie », où comment la création et la gestion artisanale des images est devenu l’enjeu majeur d’une industrie de masse.
De l’argentique aux millions de pixels
Qu’il est loin, le temps des artistes peintres, se promenant dans les champs pour chercher des pigments de couleur, passant des heures à esquisser leur sujet, revenant mille fois sur l’ouvrage avant d’exposer leurs toiles destinées, au mieux, au musée ou, au pire, au cercueil de papier kraft à l’arrière d’un garage…
Oublié, aussi, le photographe et sa chambre noire ! Aujourd’hui, pour saisir une image, fixe ou en mouvement, il suffit d’un clic ! Moins d’une seconde pour prendre un instantané et le partager avec des milliers de « followers » à travers le monde.
La prophétie énoncée par l’historien de l’art et philosophe Walter Benjamin s’est donc bien réalisée, avec « un espace à 100% tenu par l’image ». Impossible, en effet, de se promener sans être assailli par les images, visages géants vantant les brosses à dents, affiches de films ou simple portrait du petit neveu pris sous tous les angles reçu 12 fois sur l’écran de votre téléphone.
Images de masse
L’exposition, présentée dans l’ensemble du Jeu de Paume, est tirée du livre Le Supermarché du visible écrit par Peter Szendy, ici commissaire de l’exposition. Une soixantaine d’œuvres réalisées par 48 artistes interroge sur l’omniprésence des images, des tirages d’art aux créations numériques, et sur leur économie, appelée pour l’occasion « iconomie ».
Une « iconomie » proche de l’industrie et dont sont présentées les différentes facettes : le stock, les matières premières, le travail de l’image, sa valeur, son échange… Une façon de repenser un art qui, s’il est né comme affaire d’artisan, peut de plus en plus être considéré comme un commerce comme les autres, avec ses dérives et ses abus. Et si l’image est désormais un consommable comme les autres, l’indigestion n’est peut-être plus très loin : chaque jour, près de trois milliards d’images sont partagées sur les réseaux sociaux…