Remnants of an Exodus est le nouveau livre d’Al J Thompson, photographe américain qui a décidé de dresser le portrait de la communauté caribéenne de Spring Valley, New-York, menacée d’expulsion de son propre quartier à cause de la gentrification. (Photo d’ouverture : © Al J Thompson)
Remnants of an Exodus est la lettre d’amour d’Al J Thompson à sa deuxième maison, Spring Valley. Il s’agit une communauté d’immigrants caribéens autrefois florissante et menacée de gentrification, à 40 minutes de New York. Le photographe s’y est établi à l’âge de 16 ans alors qu’il venait de Jamaïque pour rejoindre sa mère. La nouvelle monographie de Gnomic Book se compose de 55 photographies en noir et blanc réalisées sur plusieurs années. Thompson observe et vit le changement sur sa peau alors que la communauté subit ce tournant dramatique qui impacte les paysages démographiques et politiques, alors que les tensions s’accumulent entre les différents groupes de la communauté.
Le quartier se développe autour du parc Spring Valley Memorial Park, où les familles se réunissaient pour des barbecues, les enfants jouaient jusqu’à la tombée de la nuit, certains jouaient au cricket et on y faisaient des joyeuses rencontres. Jadis, il y avait de grands projets de développement du terrain autour du parc avec de nouveaux projets de logements sociaux, en s’appuyant sur la communauté qui vivait là, en s’attaquant à certains des problèmes sociaux qui existaient. Mais dans les années récentes, les populations locales ont été trahies quant à ces projets : les terrains ont été vendus à des exploitants immobiliers, les logements sociaux n’ont jamais été construits au profit d’ensembles résidentiels, des familles bourgeoises se sont établies ici en dégageant les plus démunis.
Les magasins familiaux de la rue principale ont été rachetés par des chaînes, aucun jeune du quartier n’a pu ouvrir d’activités propres ici, ni continuer les commerces familiaux. Des familles comme celle de Thompson, d’origines caribéennes, ont connu une terrible hausse des loyer et se sont retrouvées encore plus en marge de la ville. Quand le photographe est revenu à Spring Valley en 2017 il a retrouvé une communauté réduite de moitié, des visages désespérés, plus de matchs de crickets ni d’enfants qui jouent au foot dans le square. Le projet photographique Remnants of an Exodus se propose alors de retracer les derniers éclats de cette communauté qui disparaît.
Fervent adepte de la psychologie et des arts visuels, Thompson cherche à transmettre les nuances qui, selon lui, caractérisent l’engagement et les mouvements sociaux. Son approche rythmique de la photographie enveloppe parfois les gens, les lieux et les choses, ce qui génère un dialogue poétique qui lie toute chose. Une élégie pour une communauté de la diaspora qui a été une fois de plus déplacée et dispersée. Spring Valley est une vallée où règnent l’insécurité et l’incertitude, mais qui est liée par l’amour. Le livre comprend un essai de Shane Rocheleau intitulé Gathering Remnants.
Retrouvez le livre par Gnomic Book par ici.
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Source : Gnomic Book
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