Amina Kadous remporte le sixième prix de la photographie Madame Figaro à Arles 2022. La photographe égyptienne pose un regard intime et universel à la fois sur un pan controversé de l’histoire de son pays : la culture du coton. « White gold » (« Or blanc »), présenté dans l’exposition Si un arbre tombe dans une forêt, à l’espace Croisière. (Photo d’ouverture : Amina Kadous. Or blanc, 2020-2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste)
La photographe égyptienne Amina Kadous a remporté à l’unanimité le prix de la photographie Madame Figaro 2022 pour sa série « White gold », qui traitre de l’exploitation cotonnière dans son pays de naissance. La photographe est en effet originaire d’El-Mahalla El Koubra, la ville où avait son siège l’usine Misr Spinning & Weaving, pionnière dans le secteur jusqu’au années 1970 et plus grande usine textile au monde. Sa série mélange récit personnel et national, en retraçant l’histoire de sa famille et celle de son pays.
En 1969 son grand-père fonde sa propre usine de coton et est rejoint une vingtaine d’années plus tard par son père. En 2006 la contestation égyptienne commence et prend origine dans le secteur textile. A travers le déclin du coton égyptien, la photographe raconte la transformation de sa famille et de son quotidien. Ses souvenirs d’enfance, les champs de coton de son grand-père, la transmission d’une mémoire. Un travail documentaire qui a permis à la photographe de mieux comprendre son présent, comme elle le précise.
« La série est une recherche de mon identité personnelle et de l’identité nationale. Un cycle d’échecs et de possibilités. (…) Déracinée et arrachée du sol, je vois mon reflet dans le trajet du coton. Un symbole de ce que j’essaie en permanence de devenir. La fleur blanche du coton se transforme intérieurement et extérieurement jusqu’à ce qu’elle soit tissée, transformée en étoffe. De la même manière, j’essaie de m’adapter au monde extérieur, de tisser ma vie dans les courants d’aujourd’hui. M’inspirant de l’héritage de mes grands-parents, de leurs archives et de l’histoire de mon pays en train de s’éroder, j’essaie de reconnecter et récolter ce qui reste de nos propres graines de coton en train de se dessécher. De ce qui fut jadis un symbole majeur de notre identité égyptienne », explique la photographe.
Amina Kadous a étudié à Boston. Son travail y a été montré, ainsi qu’à Londres, Paris, Le Cap et au Mali. Elle a reçu en décembre 2019 le prix du Centre Soleil d’Afrique à la 12è édition de la Biennale de photographie de Bamako.
Jusqu’au 25 septembre, les œuvres d’Amina seront visibles dans l’exposition Si un arbre tombe dans une forêt, à Arles, en compagne de Rahima Gambo (1986), Wiame Haddad (1987), Belinda Kazeem-Kamiński (1980), Mahmoud Khattab (1991), Jansen Van Staden (1986). Du photo-journal de Mahmoud Khattab sur les coulisses d’une année de conscription à l’essai photographique de Jansen Van Staden sur l’inaperçu d’une relation père-fils, en passant par l’enquête performative sur l’archive coloniale de Belinda Kazeem-Kamiński, l’exposition porte un regard investigatif sur la mémoire individuelle et collective. Elle traite entre autres du spectre du colonialisme et des traumatismes de l’altérité, et suggère de nouveaux espaces de représentation.
Source : Arles 2022
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