« Montrer ce qui autrement ne pourrait être vu »
Cette définition du métier de photo-reporter, faite par l’australien Philip Blenkinsop, pourrait résumer à elle seule les trois étages d’exposition que propose en ce moment la Maison Européenne de la Photo.
Rentrés de vacances ou de passage par Paris avant le 25 septembre? Tant mieux: on se prend deux bonnes heures, on laisse les enfants à la maison (certaines images sont dures) et on fonce à la MEP.
Commençons par la rétrospective sans concession: L’ombre de la guerre.
Oui, la photo peut changer le monde. Surtout en temps de guerre. Depuis 1936 où Capa témoigna en image des horreurs de la Guerre civile espagnole et inaugura ainsi le photo-journalisme moderne, les guerres se jouent aussi (et parfois beaucoup) par l’image. La MEP montre aujourd’hui, classées chronologiquement, 90 photos iconiques, soient 70 années de conflits armés.
Des images qui ont alerté l’opinion publique en témoignant des vérités du terrain, prises par ceux qui affrontent l’horreur pour rapporter des clichés sans manichéisme.
Chaque photo est accompagnée d’un texte retraçant le contexte et relatant l’histoire de la photo elle-même. La libération des camps, cette fillette viet-namienne fuyant son village brûlé au napalm, photographiée par Nick Ut, les puits de pétrole du Koweit captés par Salgado, la guerre des Six-Jours, le Biafra, l’Irak, le Kosovo…
On découvre avec stupeur les détails techniques et personnels derrière ces clichés, passés dans l’imagerie collective et on prend un peu mieux conscience de ce que représente au quoitidien, la vie de photo-reporter.
On se retrouve la gorge nouée, face à ce parcours dans le Temps et aux questions engendrées. Le silence absolu qui plane dans les salles de l’expo est un signe qui ne trompe pas.
« On a parfois l’impression que les photos ne servent à rien. Il faut les faire quand même »
Ainsi parle la photographe américaine Jane Evelyn Atwood, dont c’est ici la première grande rétrospective.
Deux cents tirages sont ici présentés, trente-cinq ans de reportages et d’engagement. Photo-témoignage sur les sort des femmes emprisonnées en Europe et aux USA, portraits de victime dse mines anti-personnelles (en collaboration avec Amnesty International), reportage dans les campagnes d’Haïti, loin des clichés et du misérabilisme… : des sujets délicats, des photos brutales, poignantes, aucune sensiblerie, une esthétique indéniable et pourtant jamais gratuite.
Dans cette petite video où elle répond à la question « Pourquoi photographiez-vous? »elle explique être avant tout poussée par une vraie « passion pour la condition humaine ». C’est peut-être cela qui interpelle si fort nos consciences.
Sûr en tout cas, que la Photo est ici est hautement nécessaire…
La troisième exposition Génération de l’air célèbre les dix ans du bimestriel De l’air.
Une décennie de photo-journalisme indépendant et audacieux, des reportages aux thèmes variés, au-delà des effets de mode ou d’actualité… et toujours la photo au centre du propos.
« Le magazine qui donne à voir » présente ici une superbe sélection d’images, (dont plusieurs de l’excellent collectif Tendance Floue dont nous parlions récemment ici) ainsi que ses couvertures et plusieurs articles.
Un état des lieux de notre XXIème siècle à la fois classieux et pertinent.
Jusqu’au 25 septembre
à la Maison Européenne de la Photo
5/7 rue de Fourcy, 75004
Du mercredi au dimanche de 11H à 20H
+ le site de la MEP
+ le site de Jane Evelyn Atwood
+ le site de Philip Blenkinsop (via Noor agency)
+ le site du magazine De l’air
8 commentaires
Ajouter le vôtreBasically, the team will work with principles of sustainability within light of new methods to structural designs and implementation in the design using green building approach. — GA
Jane Evelyn Atwood > Flippant je dirais.
L’expo permanente > si tu aimes les photos de guerre, vas-y; sinon passe ton chemin.
Le reste est excellent surtout la série de portrait de Xavier Lambours
Jane Evelyn Atwood, juste su-bli-me!
Je suis très très rarement déçu par les expo’ proposées par la MEP contrairement à d’autres musée. D’ailleurs c’est l’une des raisons qui m’a poussé à y prendre un pass annuel.
Celle-ci s’annonce une nouvelle fois vraiment intéressante, je vais surement me laisser tenter ce week-end.
La réalité fait mal….
superbe, de l’émotion pure…
Images mythiques.
Ahhhh c’est exactement le genre de choses dont je raffole ! Dès que je rentre, j’y cours !