Pour compléter l’article sur les bases de la photo qui avait été précédemment été publié sur Lense, on va s’intéresser aujourd’hui à la mesure de lumière dans un appareil photo..
Bien que toutes les marques possèdent leurs spécificités, elles utilisent globalement les mêmes recettes pour déterminer la luminosité de la scène qu’on photographie. Nous allons donc essayer d’aborder les différents principes de mesures, pour que chacun puisse les comprendre et les appliquer à son matériel.
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Niveau : débutant – amateur
Si vous avez suivi les épisodes précédents (imaginez un “previously, in Lense basics” avec la voie grave et l’accent américain) vous savez maintenant que pour prendre une image correctement exposée, on peut jouer avec plusieurs combinaisons d’ouvertures, de sensibilités et de vitesses d’obturation.
Mais au final on utilise souvent le mode auto ou priorité… sans forcément savoir ce qui se passe dans le boitier.
Je suis plutôt du genre curieux, et je me suis demandé comment l’appareil procédait pour mesurer cette lumière. Je voulais aussi savoir ce qui se cachait derrière ces différentes options de mesure pour pouvoir les utiliser au mieux.
Selon les marques, elles s’appellent mesure spot, pondérée centrale, matricielle, évaluative, partielle, cumulative, …
Avant de vous renvoyer à vos manuels, un petit retour aux sources s’impose : comme souvent pour bien comprendre le fonctionnement d’un mécanisme, il est bon de revenir dans le passé et voir comment on faisait “avant” à la main, ou ici plutôt à l’œil…
// Les Valeurs EV et la mesure “a l’œil”
Lorsque les appareils n’avaient pas de cellules, il existait des petits schémas sur les boites de pellicules pour obtenir une exposition correcte, ce n’était pas forcément très pratique. Heureusement, les pellicules avaient une grande tolérance et permettaient de rattraper pas mal d’erreurs.
Certains appareils possédaient carrément ces pictogrammes à la place des valeurs de diaphragme pour simplifier la vie du photographe.
En anglais les “Exposure Values” sont les valeurs d’expositions qui permettent de déterminer quelle quantité de lumière parvient sur une surface donnée.
Plus la valeur est élevée, plus la quantité de lumière qui atteint la surface est importante.
Les valeurs d’EV qui nous intéressent pour la photographie s’étendent globalement de -6 à +16. Elles décrivent une scène et la quantité de lumière qu’elle possède en général.
- -6 correspondants à une nuit faiblement éclairée par les étoiles
- -1 une nuit éclairée par une pleine lune
- +11 des sujets lors d’un coucher de soleil
- +16 un paysage en plein soleil
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Bref, ces valeurs sont pratiques uniquement si vous savez en déduire une vitesse et une ouverture, par rapport à la sensibilité de votre film.
Des règles et tableaux existent pour ça (voir “pour aller plus loin” à la fin de cet article), c’est en général réservé aux acharnés et aux puristes ou à ceux qui aiment prendre leur temps.
Avec un peu d’entraînement, certaines personnes savent exactement quel réglage adopter, sans utiliser de cellule, pour obtenir une exposition parfaite.
Je ne vous cache pas que les photographes qui utilisaient ces appareils anciens sans cellules, avaient un certain mérite.
// La Cellule
Elles ont vraiment rendu la photographie accessible, l’appareil s’occupant de faire (plus ou moins bien) le réglage de l’exposition, ou au moins de le calculer.
la fenêtre d’une cellule sur un appareil des années 60
Les cellules présentes dans nos appareils savent interpréter les valeurs EV et calculer automatiquement l’ouverture et la vitesse pour exposer correctement.
Les premières cellules étaient des éléments indépendants (comme celles qu’on utilise encore pour régler des groupes de flashs) ou des appendices qu’on accrochait sur l’appareil.
Ensuite les cellules ont été intégrées aux boitiers, avec leurs fenêtres séparées.
Un énorme progrès consiste à opérer la mesure par l’intérieur du boitier au travers de l’objectif, en se plaçant à la place du film en somme.
Avec ce type de cellule TTL (Through The Lense, et oui !), la mesure est devenue plus précise, mais plus spécialisée car ne mesurant qu’une partie (souvent un point central) de l’image.
Nous voici avec nos appareils modernes, à essayer de comprendre à quoi correspondent les différentes mesures, et pourquoi qu’il yen a plusieurs d’ailleurs ?
// La mesure spot
C’est la mesure la plus basique, elle mesure la quantité de lumière réfléchie sur un petite zone de l’image. Sur les premiers appareils où elle est apparue, elle se contentait de faire la mesure sur le centre de l’image. Sur la majorité des appareils modernes (à confirmer selon les marques), elle peut être associée au collimateur avec lequel on fait la mise au point (on parlera d’auto-focus très prochainement), et cela permet par exemple d’être sur d’avoir un portrait à la fois net ET bien exposé.
// Les mesures pondérées centrales, cumulatives, évaluatives, …
A moins que ce soit très différents pour certaines marques (n’hésitez pas à en parler en commentaires), il s’agit souvent avec ces modes, d’une mesure un peu plus large que la mesure spot qui permet de prendre en compte l’intensité lumineuse des éléments qui se trouvent autour de la zone sur la quelle on fait le point. Ça peut vraiment dépanner quand on fait le point sur un objet en mouvement et qu’on ne peut prévoir comment il sera exactement éclairé.
// La mesure matricielle
C’est la mesure la plus évoluée, une mesure qui peut faire des miracles comme des horreurs (c’est mon avis à moi hein …).
Sur certains modèles d’appareils, cette mesure divise l’image en zones, effectue une “moyenne” et utilise cette valeur pour calculer l’exposition. Sur certains modèles avancés ou plus récents (autant chez les rouges que les jaunes il me semble), le calculateur embarqué dans votre boitier compare les informations obtenues de la scène à photographier à une “banque” de scènes typiques, stockées dans sa mémoire et choisit celle qui est la plus adaptée.
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// Ça ne marche pas !
Les automatismes sont là pour nous simplifier la vie, mais à trop leur faire confiance, on oublie que nos appareils ne sont pas parfaits.
Maitriser son boitier revient souvent à connaitre ses défauts et les situations dans lesquelles il fait des erreurs.
L’exemple typique :
Vous photographiez une scène très contrastée, comme un paysage avec un ciel clair au dessus de l’horizon et une montagne sombre sous l’horizon. Il arrive que l’appareil ne sache pas vraiment quel élément privilégier et il faut alors changer de mode de mesure.
Si le mode matriciel est évolué (pas une simple moyenne) il saura choisir une scène typique correspondante, sinon passer en mode spot vous permettra d’indiquer à l’appareil quel élément exposer convenablement. (On parlera de HDRI une autre fois)
D’autres exemples de scènes très contrastées : un costume sombre à côté d’une robe blanche de mariée, des contres jours, de grandes étendues réfléchissantes (mer, lacs, neige, sable, …). Même si les appareils photo ont fait d’énormes progrès, cela ne les empêche pas de se faire avoir régulièrement! 🙂
Dans ce cas pas de panique, il suffit en général d’utiliser la compensation d’exposition ou de passer momentanément en manuel.
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Sur un boitier numérique, vous avez de plus en plus la possibilité d’afficher un histogramme de la lumière. C’est un des meilleurs moyens qui existent pour s’assurer qu’on a correctement exposé sa photo. Et pour trouver des explications sur la lecture d’histogrammes, je vous laisse choisir parmi cette recherche google.
Pour ceux qui parlent anglais et veulent aller plus loin : The Ultimate exposure computer…
25 commentaires
Ajouter le vôtre[…] Basics : La mesure de lumière Le temps d’exposition, ou vitesse d’obturation, ou encore temps de pose, est un autre paramètre de l’exposition. Il correspond au temps que l’obturateur de l’appareil photo sera ouvert, laissant passer la lumière sur la surface sensible, capteur ou film. Comment mesure-t-on le temps d’exposition? Le temps d’exposition se mesure en secondes. Lorsque l’exposition est plus courte qu’une seconde, on la note en fraction de seconde. Ainsi, un temps d’exposition de 0.02s est noté: 1/50. […]
[…] Mesure de lumière Lundi dernier, je vous parlais de la ligne d’horizon , cette ligne plus ou moins imaginaire qu’on essaie de garder droite. Mais ce n’est pas la seule ligne qu’on peut redresser, loin de là. On va donc pousser un peu. […]
[…] Mesure de lumière Il y a de nombreuses façons de simuler un effet Orton . ( Nom de son inventeur le canadien Michael Orton ). Effet qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de David Hamilton dans les années 70… J’aime bien l’utiliser en automne, l’été indien convient à merveille pour ce traitement ! […]
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[…] Pour commencer, tous les argentiques ne sont pas tous équipés d’une cellule de mesure ou d’un posemètre, ces outils mesurant la lumière pour vous indiquer les réglages à effectuer pour bien exposer sa photo (détails sur ce sujet dans cet article). […]
[…] La mesure de la lumière est aussi un choix technique à prendre lors d’un concert. Personnellement je suis toujours en mode Spot. […]
[…] des boitiers (même sur les compacts), permet en partie de remédier à des situations où la mesure d’exposition se fait piéger (contrejour, reflet, neige, robe de mariée […]
[…] La mesure de lumière […]
Oh ! Que l’exemple du costume à côté de la robe de marié conduisant à une mauvaise exposition est parlant pour moi !! Je l’ai une fois de plus vécu pas plus tard que ce WE. Merci à la compensation d’exposition après un coup d’oeil rapide à l’histogramme.
Merci pour ce Basics très intéressant, Xavier !
Simple et clair, merci
[…] suite à la lecture de l’excellent article de Xavier (alias xrpix) sur lense.fr, j’ai découvert que sur mon D90 (je pense que c’est pareil […]
@ Eddy > Pas en configuration studio où tu cherche l’expo correcte avec plusieurs essais si t’as pas de flashmetre 🙂
@ Kichou > Bah ça l’appareil sait le faire, tu passes en priorité vitesse, tu changes ton ouverture et ensuite tes isos et lui te dit quand c’est bon en fonction du type de mesure de la luière (spot, pondéré, matricielle)
Ce que je veux dire, c’est qu’à moins d’etre en train de photographier un objet, c’est trop lent comme méthode de sortir l’iPhone pour ça.
Pour une appli sympa pour iphone/ipod touch qui permet de se passer d’une table de correspondance, je conseillerai PhotoCalc.
Cette appli dispose entre autres d’un outil appelé Exposure Reciprocation.
Cela permet pour un triplet vitesse d’obturation/ouverture/sensibilité, de vérrouiller un des paramètres et d’obtenir l’exposition équivalente en faisant varier un des autres.
Si je lock la vitesse d’obturation, je peux modifier l’ouverture pour obtenir la sensibilité qui va bien etc…
Si je ne me trompe pas sur Canon, on peut rester en mesure évaluative et sans passer par les options de mesure passer directement en spot par un bouton.
On peut donc choisir en centrant la zone que l’on veux favoriser, appuyer et recadrer pour prendre la photo.
Plutôt pratique comme fonction !
Petite précision de rien du tout (et ultra soporifique), une méthode de calcul se basant sur les EV est la méthode des APEX : http://fr.wikipedia.org/wiki/APEX_(photographie) . Ça permet de déterminer le couple vitesse / ouverture à partir d’une valeur d’exposition donnée.
Et petit coup de pub, j’ai réalisé une petite appli pour téléphone Android réalisant justement cela. L’appli se nomme Photometric, et en donnant une valeur d’exposition EV (IL en français) et une sensibilité de film, l’application donne tous les couples d’ouvertures et de vitesse (en se limitant à 1/8000s pour la vitesse mini, et à f22 pour l’ouverture mini).
Je voudrais porter mon appli sur iPhone, donc peut-être qu’un jour…
Et enfin, je ne sais pas encore si c’est envisageable, mais j’aimerais que mon application puisse mesurer la lumière (déterminer une valeur EV / IL) à partir d’une photo prise avec l’appareil du téléphone.
Voila, bon article sinon !
Merci, ça complète la mini Lense et les épisodes précédents des basics 🙂
D’après le mode d’emploi de mon canon 500D (oui quand on débute on reste accroché à son mode d’emploi), la mesure évaluative prend en compte toute la scène. J’ai pas la mesure matricielle, ou elle est bien cachée, et je sais pas si la mesure spot est associée au collimateur de la mise au point (j’espère)
merci 🙂
N’hésitez pas à poser vos questions si il y a encore des points flous ou si j’ai oublié quelque chose…
« autant chez les rouges que les jaunes il me semble »
Héhéhé 🙂
On l’attendait depuis longtemps cet article.
Merci Xrpix.
Génial ! Merci pour cette explication.
J’ai très longtemps utilisé la mesure matricielle sans trop savoir ce qu’il y avait d’autre, et maintenant j’utilise ponctuellement la mesure Spot, en particulier lors de concerts où toute la scène est combre sauf le(s) musicien(s). Ça me permet au moins d’avoir des photos pas trop floues, et c’est déjà pas mal…
Nice stuffs 😉
Enjoy.
Ah, enfin o//
Je crois que beaucoup attendaient cet article.
@Mylène :La mesure évaluation est surement l’équivalent de la mesure matricielle. Je laisserais un canoniste confirmer, mais le principal est de comprendre à quoi elle est équivalente, ce qu’elle fait, et comment pas la laisser se faire berner par des scènes complexes 🙂
@magiccyril : le but était de rester abordable, merci pour les précisions, et en effet une telle appli sur un iphone permettrait de se passer de cellule avec un appareil ancien. Bon courage ça en vaut la peine ! (pour l’instant j’utilise une règle à calculer en papier)