Aujourd’hui sort le nouvel album de Reporters sans Frontières : cette fois, il est consacré à Brassaï, maître incontesté de la photo nocturne et grand connaisseur de la ville de Paris.(Photo d’ouverture : Enfants réfugiés Juin 1940 © Estate Brassaï Succession-Philippe Ribeyrolles)
Il y 30 ans, RSF publiait le premier numéro de sa collection 100 photos pour la liberté de la presse. Cartier-Bresson, Lartigue, Doisneau, Ronis, Capa et beaucoup d’autres icônes de la photographie du XXe siècle se sont succédées à la Une… Un artiste manquait pour compléter cette impressionnante galerie. Maître incontesté des lumières de la nuit et
inlassable arpenteur de Paris, c’est à Brassaï que nous avons choisi de rendre hommage pour clôturer cette année anniversaire.
Pour la première fois, des photographies choisies parmi les archives familiales présentent un Brassaï sans frontières, qui a voyagé pour la presse internationale aux États-Unis, au Maroc, en Espagne… Des images rares qui n’avaient jamais été montrées ensemble. Brassaï, c’est le nom que s’est choisi le Hongrois Gyula Halász pour signer ses premiers tirages, en hommage à son village natal de Brassó, dans les Carpates. Celui que rien ne destinait à la
photographie y arrive sur le tard, d’abord pour illustrer ses articles – il écrit pour des journaux hongrois et allemands –, puis pour immortaliser les nuits parisiennes qui le fascinent. Dans les ruelles sombres, les cafés, les bals, les maisons closes, Brassaï, « l’œil vivant » de la photographie comme l’a si bien qualifié son ami l’écrivain Henry Miller,
traque la beauté partout. À l’aise dans les soirées mondaines comme dans les bals populaires, fréquentant les artistes de Montparnasse et les canailles du quartier Italie, il a fixé pour l’éternité le Paris fiévreux des années trente.
« C’est pour saisir la nuit de Paris que je suis devenu photographe » disait Brassaï. Pour autant, il ne saurait être réduit à ces instantanés du Paname interlope. Comme on le sait,
son objectif se braque aussi sur les travailleurs qui exercent, comme il le dit lui-même, des « petits métiers », sur les graffitis qui dévorent les murs de la capitale et qu’il élève au rang d’œuvres d’art, ou sur ses amis peintres, poètes, sculpteurs et écrivains.
« Je n’ai rencontré Brassaï qu’une seule fois, chez un ami, Roger Grenier. Il m’a parlé de la manière dont il prenait ses photos, la nuit, à Paris, dans les années trente » raconte Patrick Modiano, prix Nobel de la littérature, qui signe la préface du livre. « Il lui arrivait de cacher son appareil quand il photographiait les mauvais lieux et les mauvais garçons. Ceux-ci avaient fini par l’adopter. Ils n’avaient rien à craindre, Brassaï n’était pas un indic, mais un poète qui, comme Genet, transmettrait très loin dans le temps leurs visages et les lumières noires et blanches de Paris. »
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Source : rsf.org
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