Canon vise 50% du marché des APN à objectifs interchangeables

Le marché des appareils à objectifs interchangeables est la combinaison du marché des boîtiers reflex et boîtiers hybrides. La confortable part de marché de Canon dans le domaine des reflex permet à la société japonaise de nourrir cette ambition, à condition de développer les ventes d’hybrides. Or dans ce domaine, Canon a tenté jusqu’ici une politique prudente consistant à essayer de développer une offre hybride qui n’ait aucun impact sur les ventes de reflex : un choix prudent et logique, mais pas vraiment tenable et encore moins efficace.

Contrairement à Nikon, Canon a quand même réussi à exister sur ce segment avec le lancement régulier de nouveaux boîtiers, mais trop peu ambitieux pour changer la hiérarchie dans le secteur. Fallait-il éviter de séduire les professionnels ?

Profitant de l’hésitation des deux géants du secteur, Sony, Fujifilm mais aussi Panasonic ou encore Olympus ont pris le large. Sony et Fujifilm ont même réussi à prendre des parts de marché auprès des professionnels qui ont commencé à être séduits par les avantages apportés par l’hybride. Avec une baisse des ventes de reflex de 10% au Japon en 2017, et une augmentation des ventes de 30% des hybrides dans la même période, Canon n’a plus vraiment le choix.

Prendre le train de l’hybride, avant qu’il ne soit trop tard

Quelques jours avant la conférence du 6 mars, Canon a reconnu par la voix de Masahiro Sakata (responsable marketing de Canon au Japon) vouloir se repositionner sur ce marché, quitte à cannibaliser un peu ses ventes de reflex. Il a ainsi déclaré que l’entreprise “doit activement sortir des produits pour ce marché en expansion, même si cela implique un peu de cannibalisation”.

Le mois dernier, Canon a d’ailleurs annoncé un nouvel EOS M50, nouvel appareil hybride entrée de gamme, mais qui embarque quelques nouveautés attendues comme l’autofocus sur l’œil, la vidéo 4K, le nouveau processeur Digic 8, l’autofocus Dual Pixel ou encore le nouveau format RAW CR3.

50% du marché des appareils à objectifs interchangeables

Lors de la conférence du 6 mars, la marque a un peu clarifié ses ambitions. Conscient de la croissance des marchés des appareils hybrides, Canon veut se différencier avec des produits que seule la marque peut proposer, sans donner plus de précisions.

La question qui se pose aussitôt est de savoir si Canon choisira de rendre ses optiques pour reflex directement utilisables sur ces boîtiers hybrides ? Ce serait un choix à double tranchant, valorisant les ventes d’hybrides, mais coupant le fabricant de la possibilité de vendre une nouvelle gamme très rentable d’optiques. De plus, ces optiques sont disproportionnées pour des appareils hybrides.

Il est donc plus probable que Canon rende cette compatibilité réalisable avec un adaptateur maison performant (comme l’a fait Sony), mais que la marque développe en même temps une gamme d’optiques dédiées. Il faudra pour cela aller vite à constituer un parc optique cohérent. Sony, Fujifilm, Panasonic et les autres acteurs ne resteront pas les bras croisés

Canon annonce donc vouloir augmenter ses ventes dans ce secteur avec une approche plus offensive, afin de prendre un maximum de parts de marché. La marque vise d’ailleurs  50% de parts de marché sur l’ensemble des appareils à objectifs interchangeables, c’est à dire des boîtiers reflex et des boîtiers hybrides.

Canon, Nikon : des hybrides plein format imminents  ?

Plusieurs rumeurs fiables laissent entendre qu’au moins un prototype de boîtier hybride plein format est en cours de test chez Canon. Nikon avait aussi expliqué en 2017 que la marque préparait des boîtiers hybrides plein format. De quoi renforcer la détermination de Canon de ne plus hésiter.

Chez Sony, il semble acquis que Canon comme Nikon seront des concurrents dans le courant de l’année à venir sur le segment des boîtiers hybrides plein format.

Kenji Tanaka, un cadre très haut placé chez Sony a d’ailleurs exprimé son opinion personnelle à ce sujet, considérant qu’il était très probable que de tels boîtiers soient présentés dans les 12 mois à venir.

La stratégie de Canon encore inconnue

Canon a plusieurs options : la première est de viser uniquement le segment d’entrée de gamme, comme c’est le cas avec les derniers modèles hybrides de la gamme. Cela permettrait de ne pas cannibaliser les ventes des reflex les plus chers. Mais cette option serait peu compatible avec l’arrivée d’un boîtier plein format.

Viser uniquement le marché haut de gamme semble encore moins probable et serait en contradiction avec les derniers boîtiers hybrides sorties, comme l’EOS M50.

Une approche consistant à proposer une gamme complète pourrait donc être la voie choisie par Canon.

Une concurrence qui a de l’avance

Face à Canon, Sony, Fujifilm ou Panasonic ont plusieurs coups d’avance. Ils devraient en profiter dans les mois qui viennent pour conforter leurs positions.

Fujifilm se différencie sur l’ergonomie des boîtiers, sur la qualité des optiques, leurs simulations de films et leur qualité d’image en JPG. Mais la marque a aussi su se positionner sur un choix APS-C ou directement moyen format avec le fujifilm GFX 50s, et vient de sortir son nouveau modèle : le Fujifilm X-H1.

Les boîtiers Lumix de Panasonic jouent quant à eux la carte du capteur 4/3, permettant un encombrement minimal, un parc optique très vaste, des prix serrés, ainsi que d’excellents boîtiers en vidéo et une gamme de boîtiers cohérente et variée.

Sony capitalise quant à lui bien sûr sur la qualité de ses capteurs, sur une offre plein format, sur les fonctionnalités innovantes proposées, et depuis peu sur un parc optique assez complet. Et avec l’A7 III, tout juste annoncé, Sony adopte désormais une démarche agressive sur les prix, couplée à la baisse de prix de ses autres boîtiers. Sony espère certainement convertir un maximum d’utilisateurs aux boîtiers Sony avant le retour de Canon et Nikon.

Canon aura donc intérêt à se donner les moyens de ses ambitions. En face, les acteurs installés rivalisent d’innovations dans des délais extrêmement courts. Une seule chose est sûre : c’est le consommateur qui bénéficiera de cette nouvelle guerre de l’hybride qui s’annonce, aussi bien en termes de prix que d’innovations ou de choix.

Source : Canon