Dans son livre I am Folding the Land, Catherine Cattaruzza parcourt le Liban à travers ses failles sismiques, métaphore géographique de son instabilité politique. Retrouvez le travail de la photographe sur son site Internet. (Photo d’ouverture : © Jean-Michel Vecchiet)
Après une exposition à Arles 2022, la photographe Catherine Cattaruzza publie le livre de I am Folding the Land, une série qui illustre le Liban sous un jour nouveau et original : en parcourant les failles sismiques qui traversent le pays. A travers son trail, elle explore ainsi les « convulsions du monde » dans un voyage fait de souvenirs, de mémoires, de traces, de paysages vigoureux. Un périple dans son Liban natal, immortalisé sur des pellicules périmées lui conférant un air de planète inexplorée.
Le choix de ce support n’est pas seulement esthétique : ces pellicules sont périmées en 1992, année charnière qui, à la fin de la guerre démarrée en 1975, voit la mise en place du système politique, économique et social ayant conduit à l’effondrement actuel de l’État.
La péremption de ces pellicules met en avant l’intangible, l’incontrôlable, axes conceptuels forts qui participent du basculement et de l’effacement de ces paysages et nous racontent leur état de liminalité.
C’est à l’aide de cartes militaires que Cattaruzza s’est lancée dans ce projet. Elle interroge le paysage dans ses dimensions politique et poétique, sur ce qu’il nous dit du monde, de la transformation du territoire physique, et de la pensée qui lie le visible à l’invisible.
Cette artiste visionnaire, pionnière, recourant à la photographie comme à l’installation, a témoigné de son amour pour sa terre d’origine dans plusieurs travaux par le passé : on citera l’installation avant-gardiste No Man’s Land en 1994 exposée dans le centre ville de Beyrouth, ou encore The Thin Lines Between the River and Me – Geography – Cartography – Photography – Radiography, installation présentée à la 16ème Biennale d’architecture de Venise.
Comme le souligne le journal L’Orient-Le Jour, l’artiste est habitée par « des problématiques évidement en lien avec son parcours personnel jalonné de départs contraints – à l’adolescence durant la guerre, et à nouveau en 2022 suite à la crise et à l’explosion du 4 août 2020 – et de retours, toujours, vers ce pays instable qu’elle a fait sien au point d’en avoir demandé la nationalité. »
Une instabilité permanente qui a conduit cette photographe d’exception à chercher les failles au sens propre comme figuré, pour les comprendre et peut-être, en donner une définition émancipatrice au pouvoir guérisseur.
Retrouvez le livre I am Folding the Land sur le site de la photographe. Livre publié avec le soutien de la ville de Martigues. Parution 30 juin 2022.
Source : rencontres-arles.com
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