Avec « Trouble dans le portrait », la galerie Ségolène Brossette nous plonge dans l’oeuvre du portraitiste français Christophe Beauregard. A travers une pratique inclassable, sortant des sentiers battus, mêlée à un amour de la sociologie, Brossette interroge les rêves, incarnations et névroses du monde contemporain. Du 18 janvier au 11 mars 2022. (Photo d’ouverture : © Christophe Beauregard)
Christophe Beauregard (France, 1966) est un photographe portraitiste, héritier des langages photographiques d’August Sander, Richard Avedon ou encore Diane Arbus. Parallèlement à ses portraits de célébrités et au fil de séries consacrées à l’univers du cirque (Pinder, 1993), aux personnes tatouées (Pentimento, 2011) ou encore aux paparazzi (Hush-hush, 2014), l’artiste voue son œuvre à analyser son rapport au photoreportage.
A travers ses clichés, il veut donner à voir ce que la société du spectacle attend d’un portrait : du scoop, de la célébrité, une certaine excitation émotionnelle. Selon lui, la photographie peut devenir l’empire du faux-semblant. Un lieu où l’on prouve bien ce que l’on veut à travers une mise en scène, même si parfois invisible. La preuve par l’image ne prouve pas forcément quelque chose.
L’exposition « Trouble dans le portrait » présente quatre séries photographiques réalisées par Beauregard entre 2007 et 2020. Semantic Tramps (2007) se consacre à la désocialisation, à ses images et à ses clichés médiatiques. It’s Getting Dark (2011-2014) offre une réflexion, menée par l’image et le geste, sur le corps voilé. Le Meilleur des Mondes (2012) et Why Not Portraits ? (2019) questionnent notre rapport à l’identité sur fond de culture du narcissisme et d’uniformisation de l’image corporelle.
Les images sont hautement scénarisées, comme si les modèles étaient pris dans leur propre fiction. La théâtralité du monde et du rapport au soi y est exacerbée. La raison de ce « faux-semblant » photographique est de nous faire réfléchir, nous spectateurs, à ce que nous voyons. Ou plutôt nous inciter à méditer ce que nous voudrions voir. Le prestige du portrait est ici presque détourné au service d’une subtile ironie : en quoi un portrait Harcourt est-il imposant ? En quoi exprime-t-il puissance et affirmation du soi ? En quoi le portrait en général est-il une vraie expression de soi ? A l’heure du selfie et de PhotoShop, le photographe souligne l’importance de déconstruire l’aliénation de l’image narcissique.
Son approche particulière et unique lui a valu des collaborations allant de Dior à Berluti,
en passant par le Centre Pompidou-Metz ou le CentQuatreParis en France. Il a également
été exposé à l’étranger : au Schirn Kunsth de Francfort en Allemagne, au Alcatel Lucent aux US, au Museo dell’Opera del Duomo de Prato, en Italie. Il est régulièrement publié dans des revues telles que Le Monde, L’OEil, Libération, Les Inrocks. ou Esse au Canada.
Du 18 janvier au 11 mars 2022, la galerie Ségolène Brossette lui consacre une monographie, afin de revenir sur les « troubles » que le portrait peut incarner dans notre société hyper-individualiste.
Source : segolenebrossette.com
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