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Claude Abron, le photographe des graffitis des années 1970 à aujourd’hui

La parole est aux murs est le nouveau livre du photographe Claude Abron, qui depuis les années 1970 prend en photo les graffitis autour de la France, en immortalisant les états d’âme et les revendications de son temps. Retrouvez ici toutes les informations sur le livre. (Photo d’ouverture : Paris, 3 Avril 22 © Claude Abron)

Claude Abron est un reporter de terrain, photographe inlassable, qui au gré de ses missions a pris le temps ou saisi l’instant d’inscrire sur la pellicule des messages voués à disparaître : les graffitis. Durant près de quatre décennies, le reporter a saisi de son objectif les humeurs sociales, les colères, les espoirs, le besoin de s’exprimer… sur des thématiques des plus variées : amour, travail, police, liberté, environnement, politique, argent, logement… Au gré de cette promenade, nous allons rencontrer des hommes et des femmes politiques : De Gaulle, Marchais, Hue, Peillon… Vaclav Havel, Chadli, Haïlé Sélassié… des victimes de la barbarie politique : Rushdie, Kay Patrakoya, Manouchkian… des violences policières comme Malik Ousekin, Riis et Gérard Bastien… mais aussi des philosophes comme Confucius ou Nietschem. Nous avons posé quelques questions à Claude Abron sur son projet au long cours.

Avenue d’Italie 13e années 86 © Claude Abron
Pouvez-vous nous expliquer comment est née votre passion pour les graffitis ?

Dès l’âge de 14 ans, je me suis passionné pour la Ville. Je me projetais déjà dans la Défense de l’An 2000, le Concorde, l’Aérotrain et le Tunnel sous la Manche. C’est naturellement que j’opte pour un poste de dessinateur aux Ponts-et-Chaussées.
La Ville de Paris m’a comblé, j’entrais au « Service de la Voirie », au cœur de l’action. Les travaux en tout genre, les relations avec les riverains. La fin des travaux du périphérique qui m’amènera à photographier Paris au sol, au-dessus et en dessous.
Puis le « Service Communication » m’appela pour illustrer le Journal « Ville de Paris », mon champ d’action s’étendit considérablement et sur chaque trajet j’ai découvert tous ces messages plus ou moins évocateurs qui ont fini par me passionner.

Quel genre de graffitis aimez-vous capturer ? Quel genre de messages ?

Je capture tout ce qui me semble digne d’intérêt : graphique, artistique, politique, sociétal, littéraire. J’évite les collages qui sont posés sans risque, les pochoirs répétitifs et le vandalisme, sauf s’il explique un phénomène.

L’Amour est éternel . Montparnasse Août 1986 © Claude Abron
Remarquez-vous une évolution dans l’art mural depuis les années 1970 à aujourd’hui ?

Oui, une énorme évolution. Dans l’après 68, les graffitis se sont multipliés avec l’avènement de la bombe de peinture. Pour avoir accompagné le « Service de la Propreté » de Paris, j’ai réalisé que certains messages étaient à sauvegarder, par la justesse de leurs propos ou par la beauté de leur calligraphie.

L’Art Mural aujourd’hui s’est généralisé par des fresques sur les grands immeubles, un peu pour détourner l’attention sur cette architecture, aux fins d’embellissement et de donner aux artistes un nouveau terrain d’expression. Ces fresques sont encouragées par les Villes et les Sponsors. Bien sûr, les « Spots » ont la faveur des artistes, ces endroits où l’on trouvait autrefois Singer, Bouillon Kub, Dubonnet, Michelin, etc… Puis apparurent, avec les mouvements féministes, les « collages A 4 par commando ». Vite faits, sans risque et très éphémères. Le graffiti en tant que texte à la bombe a quasiment disparu. L’enlèvement systématique des graffitis s’organise, il a porté ses fruits… et les réseaux sociaux l’ont achevée.

On Grève la Dalle BP Nord janvier 2021 © Claude Abron
Racontez-nous votre rencontre avec Yves Uro : comment avez-vous décidé de collaborer ?

Yves Uro, l’auteur des textes est un pur littéraire et cinéphile. Professeur agrégé d’Anglais, spécialiste et auteur de plusieurs ouvrages sur Proust et ses proches. À la retraite, il retourne à la Fac et a soutenu 2 thèses, l’une sur la peinture (2004) et l’autre sur le cinéma (2012).

Voilà 10 ans, nous avons fui la Capitale que je ne reconnais plus. Le samedi, à Provins, nous rejoignons nos nouveaux amis au café et, à une dizaine, nous refaisons le monde. D’une demande d’explications sur plusieurs graffitis, j’ai pensé qu’un texte explicatif pouvait valoriser une image. J’ai demandé à Yves Uro, qui s’est pris au jeu, s’il était intéressé pour être co-auteur de ce livre « La Parole est aux Murs ». À l’aide des précisions sur les lieux et les dates, nous avons remonté le Temps et l’Histoire, Ainsi est née notre collaboration.

La Parole est aux murs, bonnes pages © Claude Abron
Qu’est-ce que nous allons découvrir dans votre livre ? Comment le résumer en quelques mots ?

Nous allons découvrir tout au long de ses 222 pages, 526 photos de graffitis et 26 vignettes, en relation avec le graffiti présenté. Les graffitis sont répertoriés en 32 thèmes ! de quoi voyager…

Lors de votre pratique, quel matériel technique aimez-vous utiliser ?

Pour ce genre de photos, j’utilise un Nikon D3s avec un 80-400 et un D850 avec un 17-35 – (en réserve 1 flash  + un 24-70). J’ai à l’occasion utilisé un 2,8-300, le 13 mm, le 24 mm à décentrement et le 16 mm.

Le livre La parole est aux murs est disponible sur le site de la Fnac ou chez les éditions du Puits Fleuri.


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Il y a 1 an et 11 mois

Oui, une énorme évolution. Dans l’après 68, les graffitis se sont multipliés avec l’avènement de la bombe de peinture. Pour avoir accompagné le « Service de la Propreté » de Paris, j’ai réalisé que certains messages étaient à sauvegarder, par la justesse de leurs propos ou par la beauté de leur calligraphie.

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