Les Close-up Photographer of the Year dévoilent leur palmarès. Une éloge à la patience et à la lenteur du photographe spécialisé en gros plans, qui avec passion et précision ouvre la voie à une meilleure connaissance de nos environnements et de la complexité du vivant. (Photo d’ouverture : © Andrei Savitsky, cupoty.com. Winner: Micro)
Capturés dans le monde entier, les clichés gagnants du Close-up Photographer of the Year laissent entrevoir certains des détails les plus fascinants de la nature, depuis les organes à l’intérieur d’un ver de verre chatoyant jusqu’aux moisissures gluantes débordant des fruits. Ce prix mettant le gros plan à l’honneur a été créé par Tracy et Dan Calder, un couple de photoreporters déterminés à donner à cette discipline l’espace qu’elle mérite.
Parmi nos coup de cœur, le cliché de Andrei Savitsky, en ouverture de l’article. Il illustre parfaitement l’intention de ce prix : nous emmener dans les contrés les plus inaccessibles de la nature. Ici, le photographe a immortalisé un verre des glaces.
« Pour créer cette image j’ai fait un panorama de huit photos, chacune d’entre elles étant empilée. Pour rendre l’image aussi détaillée (et esthétique) que possible, j’ai utilisé des techniques de fond noir et de polarisation » confie Savitsky.
Dans notre palmarès figure aussi la photo prise par Galice Hoarau dans la catégorie « Animals », gagnante de la catégorie en question et de l’édition 2020 du concours. Le cliché portrait une larve d’anguille repérée au large de l’île de Lembeh (Indonésie) pendant une plongée nocturne en pleine mer. La photographie sous-marine la nuit permet d’accéder à un monde inconnu mais comporte aussi des risques, puisqu’elle se passe généralement en eaux profondes ou très profondes.
Les plongeurs sont entourés par l’obscurité, avec seulement une ligne de fond éclairée comme référence visuelle. « Regarder dans l’obscurité avec votre torche peut être assez stressant la première fois, mais cela devient rapidement fascinant » raconte le photographe.
Ce qui rend la plongée en eaux noires si magique, c’est l’abondance de créatures planctoniques rarement vues que l’on peut admirer alors qu’elles prennent part à l’une des plus grandes migrations quotidiennes de tous les animaux sur Terre. Après le coucher du soleil, de petits animaux pélagiques (comme cette larve) s’élèvent près de la surface pour se nourrir là où la lumière du soleil a permis aux algues planctoniques de se développer. Au lever du soleil, ils plongent dans les profondeurs et y restent pendant la journée pour échapper aux prédateurs.
Le cliché de Hoarau dévoile ainsi tout le sens de la microphotographie animalière : lever le voile sur les innombrables manifestations du vivant que nous ne pouvons pas contempler l’œil nu, en permettant ainsi le progrès scientifique et la protection des environnements naturels.
Mention spéciale aussi pour le cliché de Giacomo Redaelli, lauréat de la catégorie « Jeune photographe de close-up de l’année ».
« J’avais déjà photographié de superbes mésanges à crête près de chez moi, mais cette fois, je voulais en photographier un sur un fond blanc flou pour faire ressortir l’œil rouge de l’oiseau » explique le photographe.
Pour créer ce superbe close-up, Redaelli a dû marcher plus de quatre heures dans un bois en Suisse dans le froid. Au début, pas de trace de mésanges. Puis, il a pu reconnaître l’appel du petit oiseau et c’est alors qu’il a sorti promptement son appareil.
« Je ne pouvais pas dire d’où venait l’appel. Au bout d’un moment, une mésange à crête s’est envolée sur une branche juste devant moi. Je me suis déplacé aussi lentement que possible, en essayant de ne pas l’effrayer, et j’ai amené mon appareil photo devant moi. J’étais si heureux de voir l’oiseau dans le viseur. J’ai fait la mise au point sur l’œil et j’ai pris quelques belles photos. »
Un prix qui récompense donc la patience et l’obstination du photographe animalier, souvent exposé à des conditions difficiles afin de s’immerger dans l’environnement de l’espèce animale recherchée. Le portrait du mésange à crête est techniquement parfait, rappelant les plus grands photographes du genre, tels Tim Flach, capables de portraire les animaux de sorte à les rendre presque humains.
Tracy et Dan Calder peuvent se réjouir de la qualité de cette deuxième édition des CUPOTY, nés pour « encourager les photographes à ralentir, à apprécier leur métier et à établir des liens durables avec le monde qui les entoure. »
Source : CUPOTY
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