Curve-One, une startup française, s’apprête à commercialiser les premiers capteurs incurvés. Cette annonce préfigure-t-elle l’arrivée de ce type de capteurs dans nos boîtiers photo ?
C’est donc une entreprise française, Curve-One, qui devrait être la première au monde à commercialiser des capteurs incurvés. L’entreprise a déjà trouvé des applications civiles et professionnelles. Mais on sait aussi que des marques comme Sony ou Sigma travaillent sur ce type de capteur pour nos appareils photo depuis quelques années. Pour l’instant cependant, des freins important ne permettent pas de penser que ce type de capteur remplacera bientôt nos capteurs plats pour les boîtiers à optiques interchangeables.
Curve-One
Curve-One est une société privée, développée personnellement par Sébastien Hugo au travers de son groupe privé : STEN Group, et qui est en relation avec le LAM – Laboratoire d’Astrophysique de Marseille.
(Contrairement à la première version de l’article, elle n’est pas une Spin Off du CEA LETI. Nous nous excusons pour cette confusion)
STEN Group est entre autre l’un des actionnaires de la société UNISTELLAR, Start-up spécialisée dans l’observation spaciale avec son téléscope le eVscope qui a eu un franc succès sur Kick-Starter.
Le capteur Curve-One
Il est le résultat de 6 ans de recherche et développement, et a donné lieu à 8 brevets. Les capteurs incurvés sont prometteurs en termes d’optimisation de la qualité d’image, et les capacités de ces capteurs en basse lumière. Leur forme incurvée comporte des avantages physiques sur les capteurs plats, surtout en ce qui concerne les bords de l’image.
La technologie de ce capteur ouvre selon Curve-One une nouvelle ère pour les appareils photo, capteurs photos de smartphones, véhicules autonomes, drones, applications militaires, domaine bio-médical et réalité virtuelle entre autres.
L’homogénéité obtenue en grand angle sur toute la surface de l’image serait ainsi considérablement améliorée. Curve-One annonce ainsi une qualité d’image améliorée par 2,5x, et jusqu’à 5x dans les coins. Enfin, la suppression du vignetage peut-être obtenue avec une formule optique moins complexe.
Autre avantage, ce capteur requiert moins de composants, et serait donc économique à produire. Il permet aussi de réduire les objectifs d’un tiers en termes de poids et de volume, en supprimant le besoin d’utiliser les lentilles asphériques.
Pourquoi nos boîtiers reflex et hybrides risquent d’attendre
L’utilisation de tels capteurs représente des défis significatifs, car chaque objectif est différent en termes de courbure de champ. Chaque optique bénéficie d’un long travail de recherche et développement. La formule optique propre à chaque optique étant conçue pour les capteurs plats, nos optiques ne bénéficieraient pas toutes d’un capteur incurvé, au contraire. Utiliser les objectifs préexistants avec un capteur incurvé pourrait optimiser l’image avec une optique spécifique et la dégrader avec un autre.
La nécessité de créer une combinaison entre objectif et capteur est donc un frein à l’intégration de ce type de capteur avec le parc optique pré-existant. Adopter cette solution pour de nouveaux boîtiers à optique fixe serait réalisable, mais pas viable financièrement. En effet, ce type de boîtiers ne représente pas un volume de ventes suffisant pour justifier un investissement aussi important en R&D.
Développer une gamme d’optiques spécialement adaptée au capteur serait trop coûteux, malgré les avantages en termes de poids, volume et coût. De plus, les photographes ne seraient certainement pas prêts à changer tout leur parc optique pour bénéficier des avantages de ce type de capteur.
Les smartphones, premiers concernés ?
Il semblerait donc que les seuls acteurs à pouvoir tirer un vrai avantage de cette innovation pour la photographie sont les fabricants de smartphones.
Le volume de ventes pourrait justifier ce type d’investissement, et les optiques ne sont pas interchangeables. L’intégration de capteurs incurvés pourrait donc être viable sur le plan technologique comme financier. Ils permettraient de plus de réduire la complexité des blocs optiques (et donc leur volume et leur coût).
Ces défis ne signifient pas que nos boîtiers photo à optiques interchangeables ne verront pas un jour arriver ces capteurs incurvés. Mais la pertinence économique d’une telle approche rendent cette solution peu attractive pour le moment.
Source : Curve-One
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