Inutile de vous présenter les objectifs Carl Zeiss. Ces petits monstres de technologie sont à l’optique (photographique, cinématographique, scientifique) ce que Jimi Hendrix est à la guitare. Le constructeur légendaire, nous a ouvert les portes de son entreprise près de Stuttgart. Bienvenue à Oberkochen !
Les photos sont signées Suka, notre gagnante du Lense Week End Contest et de notre rédactrice Mathilde Hamet
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We make it visible
We make it visible
Le slogan de Zeiss est clair. Pourtant à peine arrivé dans les locaux de l’entreprise, partie occidentale du groupe jusqu’à la réunification en 1991, il s’avère compliqué de prendre des photos. Paradoxe ? Pas tellement si on n’en croit Sandra Gold, responsable marketing de la branche des optiques photographiques, qui nous explique que l’on entre dans le sein du sein des avancées technologiques de l’entreprise.
La plupart des optiques que nous allons découvrir ici sont en développement ou en réparation.
Dans ces immenses bâtiments qui couvrent une bonne partie du territoire d’Oberkochen, une petite ville d’un peu plus de 8 000 âmes, on développe, construit, répare les optiques photo de la marque. Mais aussi les optiques de cinéma, de microscopes et de tous les optiques de précision. Bref que du matériel de haute qualité avec employés en bleu de laboratoire et silence de rigueur. On se croirait dans un labo médical plus que photographique.
Jusqu’à ce que notre guide, Josef Kohnle, Directeur de la production des optiques photo, nous autorise à enfiler la tenue et les petits chaussons transparents et à nous balader dans les allées étroites des ateliers de montage des objectifs. Ceux-ci sont produits pour durer 15 ans d’après Josef Kohnle. « Seuls les boîtiers vont changer » précise-t-il !
Dans un coin de la pièce, on ne penche sur un objectif ciné démonté et séquencé en ces différentes bagues et lentilles. 11 composants en tout sur plusieurs dizaines de centimètres : lentille avant, bloc optique, bague de diaphragme… Un bel engin ! Et toutes ces petites mains qui s’activent autour des lentilles, à la faible lueur des néons. Bizarrement peu de lumière du jour dans ces salles. Et quasiment que des femmes penchées sur les tables d’assemblage car « meilleures en terme de précision manuelle » nous dit-on.
Les legos de Zeiss
Puis on soupèse une lentille seule, opaque sur les bords qui entrera dans la composition d’un objectif ciné avant que celle-ci ne retrouve sa place dans le « Zeiss Supermarket », la salle où se trouve tous les petits composants qui entrent dans l’assemblage des objectifs. Un vrai magasin de jouet avec couleurs et étiquettes. D’autant plus que ces salariées ultra-qualifiées posent leurs outils sur des « legos ». Oui des legos. Apparemment le meilleur présentoir pour mini-outils !
Elles ne sortent que quelques pièces à la journée pour un prix rarement en dessous des 3 000€
Elles ne sont pas plus d’une dizaine dans ces ateliers de haut précision, on est donc loin des cadences infernales des usines asiatiques. Elles ne sortent que quelques pièces à la journée pour un prix rarement en dessous des 3 000€. Les objectifs cinéma que l’on a sous les yeux seront achetés par des grands studios au Etats-Unis. L’affiche du Seigneur des anneaux signé Zeiss ne fait pas de doute sur les liens économiques étroits entre cette entreprise et les blockbusters produits en Californie. Mais ce sont surtout des entreprises de location de matériels cinéma qui sont leur premiers clients.
Otus 1,4/55
On jette chaussons et charlotte à la poubelle, direction le travail des bagues optiques. Les bagues sortent des ateliers en aluminium. Elles sont ensuite teintes en noir et les indications gravées au laser. Puis les petites mains entrent en jeu pour la coloration à la main des indications, chiffres et lettres. Les pinceaux teintées de jaune, vert et orange flashy donnent la touche finale à ces bagues « luxe ».
On quitte les ateliers et, surprise, Zeiss nous a mis de côté quelques objectifs. Dont un coupé dans sa hauteur. Un beau plan de coupe qui révèle les 8 lentilles concaves et convexes qui constitue l’objectif cinéma. Une vraie mécanique digne d’un dessin d’archi un peu fou ! Et le petit dernier des objectif photo, le déjà fameux Otus 55mm f/1.4 : Un beau bébé de 970 grammes au design étudié, noir mat, destiné à limiter au maximum la distorsion, et les aberrations chromatiques quelque soit l’ouverture.
Otus ? Un beau bébé de 970 grammes au design étudié
Mais pourquoi ce nom « Otus » ? Pour cette nouvelle gamme d’optiques, Zeiss a crée un « nouveau mot » selon le responsable de ce nouveau joujou. C’est le nom latin « d’oiseau » – certainement à mettre en rapport avec la gamme « Touit ». « Il y a peu de difficulté à développer ce genre de matériel car peu de contrainte. On a simplement construit ce qu’il y a de meilleur ». Et le prix est en conséquence : 3 500€.
A l’instar de son rival historique Leica, Carl Zeiss reste une marque mythique et pourtant, toujours actuelle : entre son logo apposé sur divers produits grand public, ses optiques pour moult montures (de Nokia aux caméras cinéma en passant par les ténors du reflex et de l’hybride) et usages et ses quelques produits d’exception fabriqués avec le plus grand soin (et le pire des rendements), l’entreprise incarne bien une certaine idée de l’industrie allemande : haut de gamme et performante.
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+ Le site de l’entreprise Zeiss
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