(note : N’oubliez pas de réserver votre samedi 16 Avril pour venir fêter les 4 ans de Lense avec toute la team, la communauté et les petits nouveaux !)
Nous nous sommes rendu ce week end à la galerie La Petite Poule Noire, pour l’exposition « Révolutions » , croisant le regard de huit photographes ayant couvert les récentes révolutions arabes, de l’Egypte à la Libye, en passant par la Tunisie et le Barheïn.
De très belles images pour un printemps historique par Dominic Nahr, Guillaume Binet, Julien Daniel, Lionel Charrier, Luca Sola, Olivier Laban-Mattei, Ron Haviv, Yuri Kozyrev, des « yeux » reconnus dans la profession.
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//GRANDS DISCOURS ET PETITES BULLES
Ce qui m’a cependant interpelé, c’est l’environnement de ces images. Du photojournalisme pur, mis en scène dans une galerie assez branchée. Pour le second jour du vernissage, le lieu était rempli de parisiens, champagne à la main et « gossips » à la bouche, déambulant avec légèreté au milieu de ces images autrement moins futiles.
Leur mise en vente (entre 900 et 1200 euros pour tirages entre 12 et 15 exemplaires) m’a aussi un peu choqué. Etant clairement un néophyte de ce milieu, je n’avais jamais vu le photojournalisme et la photo d’art mélangés ainsi. Peut-être que j’idéaliste ou suis trop « intégriste » avec cette pratique, mais voir ces visages et ces gens faire l’Histoire dans la douleur et l’énergie, le destin de leur pays dans le cadre cosy et arty d’une galerie parisienne ; le grand écart était un peu trop fort à mes yeux.
Avec le recul, je comprends aussi qu’il faut soutenir les photo reporters, dont le métier semble chaque jour plus difficile, mais le Fine Art est-il le meilleur moyen ?
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//DERRIÈRE LE PHOTOGRAPHE, LES MÉCÈNES
Cette question a été posée par la start-up Emphas.is, qui veut mêler crowd-funding (pensez à des financements de projets par une communauté, comme KickStarter ou Ulule en France) et Photojournalisme. Les photojournalistes proposent des sujets à la communauté du site, qui se décide alors de se rassembler ou non pour les soutenir dans leur projet.
Une idée aussi moderne que belle, qui connaît cependant un démarrage assez agité. Je pense cependant que c’est une manière plus pertinente et juste de soutenir et mettre en avant le travail des photographes sur le terrain, quand les médias traditionnels sont en train de les délaisser, faute de budget.
Le futur des photojournalistes doit-il donc s’en remettre au mécénat collectif et généralisé ou à un « business model » proche des artistes ? J’ai ma petite idée sur la question, j’aimerai bien connaître la votre.
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– Exposition « Révolutions » , du 1er Avril au 24 Mai 2011 à La Petite Poule Noire.
– Découvrir Emphas.is
8 commentaires
Ajouter le vôtreC’est vaguement abusé cet édito. Pourtant il y a des choses a dire sur cette expo, mais transformer du riesling cheap en champagne a la main de branché au cœur léger, tout ça pour la mettre en parallèle avec un énième bidule 2.0, sans déconner … C’est con parce que l’intérêt d’un vernissage, c’est aussi de pouvoir y rencontrer les acteurs, et, par exemple, de leur demander à eux le pourquoi de l’expo.
Ah, et puis la photo de photo même pas crédité, classe.
Pourquoi ne pas utiliser l’exemple de la musique dans le monde de la photo ?
Vous dites que dans le monde de la musique il s’agit d’un intérêt financier ( on devient actionnaire de l’album qu’on a financé ),
pourquoi pas devenir actionnaire d’une expo, d’un livre, ou autre support.
une photo fige l’instant. le mouvement n’est plus pour l’éternité… et pourtant que d’effervescence !
il y a un vrai paradoxe je trouve dans cette course au scoop, à la photo choc, lancée par les medias et nous consommateur
le contre-pied pourrait être la revue 6 mois éditée… tous les 6 mois… et que je vais prendre mon temps pour déguster dans les jours qui viennent
http://www.revue21.fr/Six-mois-en-librairie-le-24-mars
et si cette course est inévitable, une autre solution pourrait être le développement d’application pour smartphone et tablette relativement peu onéreuse et a priori assez rapide à développer
pour le coup
voici l’exemple de Christopher Anderson de l’agence Magnum
http://www.bjp-online.com/british-journal-of-photography/news/2039422/magnum-photographer-publishes-book-ipad
Il est clair que face à la demande des média qui veulent du buzz et de l’information en temps réel et face à l’offre de tout un chacun qui s’improvise photojournaliste avec son smartphone juste parce qu’il est au bon endroit au bon moment, le photojournalisme se doit d’innover pour continuer à exister.
Ceci dit, il y a une différence de taille avec la musique : celui qui finance son groupe ou son chanteur préféré par internet le fait en espérant qu’il va au final gagner de l’argent. Il joue le rôle du producteur qui réalise un investissement. Pour le photojournalisme, on est plus proche du mécénat. Le financement ne sera à mon avis que rarement rentable.
L’information est devenue une véritable course au scoop dans tous les sujet. Du coup le photojournalisme se retrouve un peu à l’écart car il faut beaucoup de moyen pour faire des reportage vraiment intéressant (autant d’un point de vue de l’image que de l’info). Mon impression est d’avoir suivi les révolutions arabes avec des vidéos faites avec des smartphones alors si les médias se contente de ça, l’avenir du photojournaliste est plus qu’incertain…
L’idée du financement par la communauté est vraiment bonne. On a pu voir l’exemple dans la musique et ça fonctionne très bien. Je suis un peu comme toi, le contraste entre la galerie d’art et la photo qui reflète une actualité dure est un peu gênant. Si ça permet de continuer à faire des images cohérente dans des projets construit, pourquoi pas… disons que le moyen m’importe peu si le résultat est la.
Si le moyen t’importe peu, tu cautionne aussi les galeries d’arts, alors 🙂
Quel serait le retour à l’investissement pour le mécène si on applique l’exemple de la musique ? A part une photo dédicacée grand format (ce qu’offre emphasis)
Sinon je poserais plutot la question de savoir si les photos ont une valeur artistique. Parce qu’une expo des reportage photo où les photos sont bof (indépendamment de la valeur du reportage, hein), j’ai un doute.
Sinon les tarifs me semblent excessifs, je voyais plutot des tirages dans les 300 euros. J’espère que c’était du très grand format…
Cautionner peut etre pas mais comprendre oui.