L’instant livre. Je suis certain qu’il vous manquait celui-là. Et oui, le livre n’est à l’heure actuelle pas un produit star. (travaillant avec une maison d’édition, c’est un sujet qui m’arrive aux oreilles de manière redondante) Il faut donc bien quelques résistants, joignez ma cause !
Après un petit Raymond Depardon, je vous offre une petite promenade autour d’une œuvre fort intéressante sur un sujet traité d’une très juste manière. (Vas-y mec, tu peux faire encore plus flou !)
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Guy Tillim est un photo-journaliste Sud-Africain né en 1962 à Johannesbourg. Il ne fait pas encore partie de ces artistes dont la renommée arrive aux oreilles des amateurs. Il a pourtant malgré tout un petit palmarès impressionnant derrière lui : Il a travaillé à l’AFP, chez Reuters, il a gagné le prix SCAM en 2002, le prix Higashikawa en 2003, le prix Daimler Chrysler en 2004, ainsi que le prix Oskar Barnack – Leica en 2005. Il est actuellement exposé à la Fondation Henri Cartier-Bresson jusqu’au 19 Avril 2009. Ce sont les mêmes photos que vous retrouverez dans le livre dont je vais vous parler.
Avenue Patrice Lumumba – Guy Tillim [Éditions Prestel Verlag – 128 Pages]
Le photo-journalisme est une photographie délicate. On s’enlise très souvent dans une image engagée politiquement, et parfois, sans la culture générale nécessaire il est difficile de suivre exactement la pensée du photographe. En gros, on croit comprendre l’image, mais on est loin de ce qu’il voulait dire. Mis à part les images de guerre, ce sont régulièrement des sujets très pesant à regarder, scandaleux, et vraiment intenses.
Mais ici, pas question de sujets abominables même si, toutes ces photographies décrivent un univers désolant et qui ferait presque peur à la plupart des pays riches.
Pour sa réalisation, Tillim a voyagé au Congo, au Ghana, à Madagascar, en Angola, au Bénin et au Mozambique. Les photographies de ce livre sont en un mot : renversantes. On pénètre dans les tours et les hôtels, construits par divers pays d’Europe, laissés à eux-même. Des immenses monstres de béton abandonnés par « l’argent Européen » et régis par leurs habitants actuels. Tout est gris, très froid, on y ressent cet abandon, avec une touche d’humanité traduite par ces couleurs malgré tout, omniprésentes. Comme pour rappeler à la personne qui regarde cette photographe qu’il y a quelqu’un qui est en ce lieu.
Il faut se remémorer que tous ces bâtiments sont utilisés par certains comme lieux de travail, (comme ci-dessus, la salle des archives d’un des tribunaux du Congo) ou comme habitation. Le photographe ne tient pas à pointer du doigt les causes, ni les conditions actuelles de vie de ces gens là. Il le dit d’ailleurs très bien dans l’image qui suit :
Une traduction pour les Anglophobes :
« Ces photographies ne sont pas une histoire condensée des États africains post-coloniaux, ni une méditation sur certains aspects des structures coloniales de la période finale du modernisme, mais une errance au fil des avenues des rêves : celui du Patrice Lumumba – son nationalisme – est bien lisible dans les structures, si on sait en lire les traces, tout comme la mort de son idéal. Il est bien étrange que le modernisme, qui a abandonné les monuments et le passé au profit de la nature et du futur, transmette si bien une telle mémoire. »
En somme, un merveilleux livre à posséder si vous aimez ce type de photographie. Pour ceux qui sont perplexes, ou qui ne veulent pas investir dans cet objet, allez tout de même voir son exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Je pense que les 3€ (étudiants) / 6€ dépensés vous paraîtront justifiés une fois devant les photographies en grand format.
Chaque page de ce livre induit un questionnement permanent sur nos valeurs et nos perceptions du confort. Et durant ces 128 pages, je me suis surpris à trouver beau certains endroits qui ne sont pourtant pas conventionnels dans leur entretien, ni dans leur construction. Pour 49€, vous pourrez voyager, et apprécier une qualité de photographie vraiment rare.
[Prix éditeur – 49,95€]
13 commentaires
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Bon j’y suis allé dimanche. Comme d’hab, trop court comme expo, mais les grand format sont réellement bluffant, certains nous aspirant pratiquement dedans.
Merci pour l’info, j’y serais peut etre allé, ou pas, mais ca m’avait bien donnée envie tout cela.
Merci pour le bon plan expo et cette rubrique.
A propos du Depardon sur lequel tu as fait un post, j’ai eu un peu de mal à le trouver. Les photos sont superbes mais j’ai été rebutée par l’odeur du papier. Dommage.
Une expo très très bien ! Un photographe actuel qui ne fait pas de « chichi » . Il y a une grande pudeur dans ses photos ; parmi ces batiments délabrés et abandonnés par les proprios blancs et riches, la vie (un linge, une femme, un gamin ou une silhouette). C’est la touche de couleurs vivantes parmi ce gris urbain !
Perso j’ai été la voir 2 fois (en plus pour info, c’est nocturne le mercredi soir et gratuit), la seconde partie sur Johannesburg est vraiment belle (des lumières de dingue!!) bref du super beau travail de Photojournalisme (voir son collectif de l’époque Afrapix). Ce qui calme en plus, c’est que l’on pense que ces photos datent, que c’était « il y a longtemps »… c’est juste très actuel (2005-2007) et ça met, du coup, une bonne et belle petite claque…!
Somethingintheair : Héhé, oui courrez-y 😛
Pauline : N’est-ce pas, c’était clair qu’on était ébahit tous les deux. Tu l’aura bientôt entre les mains ce livre, je te montrerai ça. 😉
l’exposition est une pure merveille pour l’avoir faite et pour n’être pas une fana de reportage et de paysages je l’ai trouvé formidable. il a vraiment un oeil! pour les détails, les compos..tout!
J’ai hâte de feuilleter le livre
L’exposition est formidable, courrez-y !
Garko : Oui, le prix n’est pas là pour rien : le livre est un grand format : 24cm x 35cm. C’est quand même assez grand.
Francis : Merci pour les conseils des livres ! Ca m’a l’air bien interessant.
Bintz : Oui, beaucoup de photos parlent d’elles même. Mais là, pour l’exemple de Guy Tillim, sans explication ou background, et culture vaste sur le sujet, personnellement j’aurai eu du mal à saisir exactement de quoi il s’agissait. Je pense ne pas être le seul. 🙂
Sugi : Je serais curieux de voir si tu en as ramené des souvenirs photographiques de ces années en Afrique ? Et merci également pour les recommandations sur les essais de Mongo Beti, je prends note pour mon prochain budget livre. 😉
Merci pour l’infos, étant un passionné de l’Afrique pour y avoir vécu quelques années je pense me prendre ce livre, enfin quand j’en aurais les moyens…
Pour ceux qui en veulent plus sur l’Afrique, je vous conseille les essais de Mongo Beti (écrivain camerounais exiler en France) et particulièrement « La France contre l’Afrique – Retour au Cameroun », c’est un texte plutôt politique, mais il vous permettra peu être de remettre les photos dans leurs contextes. Surtout au niveau du colonialisme Européen (mais surtout Français) et du modernisme.
Bonne lecture :p
Ah ben moi justement je suis pas tout à fait d’accord avec vous 2. Effectivement, connaître le contexte ou avoir le background culturel pour comprendre une photo, c’est mieux et ça permet de comprendre plus en profondeur.
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Mais quand même, il y a beaucoup de photo en photojournalisme qui parlent d’elle même, au delà du fait qu’elles soient situées.
Par exemple j’ouvre au hasard un bouquin de photos « historiques » de chez moi et je tombe sur une photo de la chute du mur de Berlin. Certes, connaître le contexte permet de comprendre totalement la photo mais en elle même, à voir ce mec sur ce mur en train de gueuler, on sent qu’il se passe quelque chose de fort.
Tres belle présentation, je vais judicieusement l’offrir a ma douce, hop comme ca je le piquerais a loisir
Je ne connais pas ce photographe mais les quelques photos présentées et celles que je verrais a l’expo finiront de me convaincre
Je rebondis par contre sur ce que tu dis : « et parfois, sans la culture générale nécessaire il est difficile de suivre exactement la pensée du photographe. »
J’ai le même avis et récemment j’ai acheté :
http://www.livresphotos.com/Risques-et-perils-Unreasonable-behaviour-Don-McCullin.html
et
http://www.amazon.fr/Horst-Faas-50-Ans-photojournalisme/dp/2842778065/ref=pd_sim_b_4
Et dans les deux cas, tu as 1-2 pages de texte (c’est chronologique) sur le comment du pourquoi de la photo, les conditions, le climat local et tu comprends mieux la photo
A cote de ça, un livre qu’avec des photos ça reste jouissif, mais une tranche d’histoire avec les mots du photographe et qui explique comment il a du faire pour avoir sa photo (comme pour l’expo sur la guerre d’espagne et Robert Capa)
sympathique, le prix fait un peu mal quant même je trouve. Par contre, j’irai surement faire un tour a l’expo un de ses jours 🙂
J’étais jeune quand je suis revenu d’Afrique, en fait je n’avais que 16 ans. Mais j’ai effectivement quelques photos, principalement de plage et de pêche au gros, mais aucunes en numérique malheureusement. J’essayerais de les scannés un de ces jours ^^