Les Douches la Galerie présente sa deuxième exposition dédiée à l’œuvre singulière d’Ernst Haas. Du 6 septembre au 9 novembre. (Photo d’ouverture : © Ernst Haas)
La couleur visionnaire rassemble près de quarante tirages d’Ernst Haas, pour la plupart inédits, témoignant de l’intemporalité de son œuvre. Prises entre 1952 et 1981, les photographies présentées cultivent une ambiguïté proche de l’abstraction et sont traversées de reflets, de superpositions, de cadrages décentrés et d’effets de flou. Prises entre 1952 et 1981, les photographies cultivent un effet flou, qui se rapproche de l’abstraction, en jouant sur des ambiguités de superpositions et de cadrages décentrés.
L’exposition entend revenir sur l’oeuvre de ce photographe, qui fut l’un des premiers dans les années 50′ à se pencher sur la photographie en couleurs, en rendant les premiers portfolios colorés à Life et en exposant en 1962 Color Photography, première entrée de la photographie en couleurs au MoMa. Pourtant l’histoire a retenu plus des noms successifs à Haas, en considérant que c’est l’année 1976 qui marque le commencement de l’aventure en couleurs…pourquoi ? Comment expliquer que Color Photography n’ait injustement pas fait date et que le photographe ait cédé la place, dans les livres d’histoire, à la génération suivante des William Eggleston, Stephen Shore et autre Joel Meyerowitz ?
Le fait est que la photographie en noir et blanc était alors considérée comme la seule ayant un réel intérêt artistique. Une hiérarchie existait entre les deux genres que Haas fit voler en éclats, malgré le fait que son travail précurseur ait trouvé un réel aboutissement plus tard avec Eggleston et Shore. La recherche photographique de Haas tournait autour du floutage des barrières entre réalité et imaginaire, accru par l’usage des couleurs. « Avec les gros plans et les cadrages décentrés, les effets de clair-obscur et de flou, lesjeux de reflets et de superpositions, la couleur contribue à altérer la perception. Haas ne l’utilise jamais pour sa valeur descriptive » explique Étienne Hatt, critique d’art.
Le travail de ce photographe s’apparente presque de la peinture et est en lien étroit avec les arts figuratif de son temps. Ce travail presque métaphorique trouve son expression dans la fascination que le photographe nourrit pour les écrans de télévision. De fait, dans les années 1970, Haas photographie de nombreux écrans de télévisions couleur. Il semble vouloir recenser les signes de l’Amérique contemporaine et de ses mythologies politiques, diplomatiques, scientifiques, sportives et culturelles, mais également sa face noire, incarnée par la figure de Charles Manson. La distorsion de la réalité est totale, annonçant inconsciemment l’époque virtuelle à venir.
L’exposition à la galerie Les Douches permet de revenir sur l’oeuvre encore peu étudiée de ce précurseur de la photographie en couleur, qui a su avec ses images annoncer les névroses de son temps et le rapport que l’Amérique entretenait avec la culture de l’image.
Du 6 septembre au 9 novembre à la galerie Les Douches.
Source : Galerie les Douches
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