Focus sur l’œuvre de la photographe F. Dilek Uyar, qui a marqué les esprits aux IPA 2020 avec sa série bouleversante In Epicenter of Covid-19. Un admirable travail de reportage au plus près des héros et héroïnes de la crise sanitaire. (Photo d’ouverture : © F. Dilek Uyar)
Nous vous parlions de la photographe F. Dilek Uyar en vous annonçant les gagnants des International Photography Awards 2020. La photographe turque a en effet remporté la catégorie « Deeper Perspective » avec sa série In Epicenter of Covid 19, notre coup de cœur de l’année. Dans la série, Dilek Uyar raconte le quotidien des travailleurs de la santé dans les hôpitaux à l’heure de la pandémie, en illustrant toute la tragique difficulté de leur tâche. Une vision de l’actualité qui nous rappelle qui sont les véritables héros et héroïnes de cette crise sanitaire, souvent abandonnés par les gouvernements, peu rémunérés, se confrontant à un manque de moyens catastrophique.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous n’avons pas rencontré d’autres événements importants affectant autant le monde entier. Les premières images en provenance de Chine étaient terribles, tout comme celles des camions de l’armée italienne transportant les corps par dizaines dans les rues de la Lombardie. Au début, nous avons regardé cette urgence sanitaire de loin, comme un film qui ne nous affecterait pas.
« Puis nous sommes tous devenus les acteurs de ce film de science-fiction vague et dystopique et nous nous sommes mis au travail. Les pays ont fermé leurs frontières, l’économie a été durement touchée, les gens sont devenus incapables de quitter leur maison… Bizarrement, tout dans le monde a changé soudainement à cause d’un virus » explique la photographe.
Elle fait rapidement le constat que la plus grande difficulté a sans aucun doute été rencontrée dans les hôpitaux. Tous les professionnels de la santé travaillaient jour et nuit. Des selfies circulaient sur le web montrant les plaies provoquées par le port du masque prolongé, les mains abîmées…c’est ainsi que la reporter a décidé de se rendre dans l’épicentre de la maladie, pour dévoiler une facette de la pandémie bien lointaine des confortables canapés dans les appartements des confinés.
« J’aime être proche des événements et des gens qui m’intéressent en tant que personnages. C’est pourquoi, pour photographier le Covid-19, je ne pouvais pas me mettre à distance. Je devais me rapprocher, me rapprocher au maximum. C’était beaucoup plus difficile parce que cela allait à la fois activer le processus d’autorisation de tous les patients (vous ne pouvez pas imaginer combien c’est difficile en Turquie) à la fois me situer au cœur d’une situation risquée, mais il fallait essayer » raconte-t-elle, mère de deux enfants, et donc inquiète au départ de s’exposer à un tel risque en rentrant dans les salles de thérapie intensive.
« Mais je savais que je ne me pardonnerais jamais d’avoir évité de rentrer dans les unités de soins intensifs à cause de ma propre peur » conclue la photographe. Son travail est pour l’Histoire. Il questionne la position du photographe face aux événements qui l’entourent, au monde tel qu’il se présente, aussi tragique soit-il. Selon la reporter, si un photographe ne peut pas changer l’Histoire, il a au moins la possibilité de la raconter. Et c’est précisément ce qu’elle a réussi à faire avec cette série magistrale, face à laquelle il est difficile de retenir ses émotions.
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Source : IPA
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