Still Life est une exposition au Somali Art Foundation mettant en avant le travail de deux talentueuses photographes et réalisatrices émergentes abordant avec empathie la vie quotidienne en Somalie : Fardowsa Hussein et Hana Mire. L’occasion pour nous de découvrir leur travail. (Photo d’ouverture : Une jeune femme profite d’une baignade à la plage du Lido, à Mogadiscio © Fardowsa Hussein)
Still Life est une exposition de photographies contemporaines mettant en avant la vie de tous les jours en Somalie. Les deux photographes exposées Fardowsa Hussein (née en 1995) et Hana Mire (née en 1990) sont des réalisatrices de films avant d’être photographes. De ce fait, elles ont toutes les deux un regard vif et intime avec lequel elles voient le monde. Le résultat ? Des images luxuriantes et personnelles, cinématographiques, rêveuses et évocatrices. À travers leur objectif empathique, nous sommes capables de vivre l’extraordinaire, dans des scènes quotidiennes de leur quotidien.
Alors que souvent les médias nous restituent des images violentes de la Somalie, en privilégiant un imaginaire de guerres et de misère, les deux reporters nous plongent dans une réalité autre nous mettant en contact avec l’âme de leur pays, ses habitants, ses moments de tous les jours, ses lieux de vie et d’échange. L’exposition à Mogadiscio ne met pas seulement en avant ce travail documentaire mais aussi et surtout l’œuvre de deux femmes photographes.
Comme Fardowsa Hussein le rappelle, être photographe de rue pour une femme dans son pays reste un tabou. Il faut se confronter aux regards des hommes et du reste de la communauté qui estiment souvent que pratiquer cet art pour une fille est une véritable humiliation. « Je veux qu’il devienne tout à fait normal pour une femme comme moi de sortir, de filmer et de prendre des photos, sans craindre le harcèlement ou pire » raconte-t-elle à la BBC. Pour elle, la photographie et la vidéo arrivent comment une conséquence naturelle de son envie d’être journaliste : nourrie des reportages de la BBC ou de Al Jazeera, elle décide à l’université de s’emparer des outils qui lui permettront d’améliorer sa pratique journalistique de façon indépendante.
D’une période de confusion et de dépression, elle comprend que sa pulsion vers la créativité est plus forte que tout et entame une démarche d’émancipation pour devenir une photographe free lance. Avec son IPhone, elle commence à photographier ce qui l’entoure et se rend vite compte que l’image est son moyen d’expression.
Hana Mire, quant à elle, a étudié à la New York Film Academy à Abu Dhabi. Son court métrage documentaire SILENT ART a été primé au festival du film d’Abu Dhabi. Elle a travaillé avec la télévision nationale d’Abu Dhabi et 2454 Abu Dhabi Free zone Media. Aujourd’hui, elle réalise et produit son premier long métrage documentaire. Lassée de l’image néfaste de son pays véhiculée par les télévisions, Mire a pris l’initiative de se concentrer sur les aspects positifs négligés de la Somalie, projet qui l’a entièrement occupée ces dernières années. Son long-métrage Rajada Dalka (qui signifie « L’espoir de la nation »), se concentre sur l’équipe nationale somalienne de basket-ball féminin, ces femmes courageuses, leur passion et leur détermination pour ce sport, ainsi que les menaces tangibles auxquelles elles sont confrontées.
Stille Life est une tentative pour les deux photographes de s’approprier à nouveau le récit de l’histoire de leur pays, trop souvent laissé dans les mains des occidentaux, qui ont dominé la narrative somalienne avec une attitude colonisatrice et réductrice. Pour elles, il s’agit à travers ces portraits sincères, ces images parlantes, ce quotidien raconté avec sincérité, de bâtir un nouvel imaginaire somalien plus juste, positif et complexe.
Pour en savoir plus et acheter des tirages, consultez le catalogue d’exposition.
Source : Somali Art Foundation
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