Francesca Piqueras expose Feu à la Galerie de l’Europe, continuum d’un projet photographique mettant en lien les éléments naturels et l’homme au sein de l’environnement qui l’entoure. Exposition du 1er au 21 juin et du 1er au 22 septembre. (Photo d’ouverture : © Francesca Piqueras)
Feu, nouveau projet de Francesca Piqueras, est le fruit d’un travail entamé en 2018 sur les éléments naturels et exprime de manière métaphorique le rapport de l’homme au monde qui l’entoure. Après la pierre et l’eau de Movimento, la photographe nous plonge maintenant au cœur d’un brasier, qui n’est autre que celui de l’âme humaine.
La photographe nous a donné à voir au fil de huit séries la sublime agonie des cargos échoués et des architectures maritimes abandonnées, titans d’acier et de béton dévorés par la rouille, les vagues, et digérés par les flots. Puis, elle nous a montré les blessures infligées à la pierre des montagnes de Carrare, amputées de siècle en siècle pour en extraire le
marbre, et l’assujettissement des eaux du fleuve Jaune, que l’on emprisonne dans le béton des barrages pour s’en approprier l’énergie.
La série présentée à la Galerie de l’Europe donne à voir un élément, le feu, que nos ancêtres ont appris à domestiquer il y a un million d’années et qui les a distingués drastiquement des autres espèces animales. Le feu recèle ainsi un secret originaire quant à notre être humains. Age de bronze, âge de fer, révolution industrielle : les grands tournants de l’histoire humaine sont marqués par l’utilisation du feu pour forger des objets et des armes, pour fabriquer et animer des machines.
Les photos ont été prises dans un champ d’entraînement de pompiers, où des arbres métalliques sont brûlés à l’aide de bouffées de gaz, mais aussi dans une aciérie où l’on fond la matière première récupérée sur des machines mises au rebut pour la transformer en barres d’acier qui, à leur tour, serviront à la fabrication d’autres objets et d’autres
machines. Elle est également allée au contact d’incendies de forêts, qui ne sont pas sans évoquer les catastrophes des grands feus de Californie, d’Australie et d’Amazonie.
La danse est intrigante, fascinante, dantesque. Les images saisissent la rétine en donnant lieu à des formes contemplatives mais aussi inquiétantes, dévoilant ce qui demeure indomptable et mystérieux au sein de cet élément naturel insaisissable.
L’artiste nous confronte à la symbolique du feu qui, selon la mythologie, fut dérobé aux Dieux par Prométhée pour en faire don aux hommes. Un cadeau qui instilla en eux la raison et la déraison, la soif de connaissance et l’hybris, cette ivresse de la démesure. Un million d’années après Homo erectus, il paraît urgent de questionner comment l’excès de consommation, de combustion, est en train de réaliser l’hybris dangereuse et démesurée qui suscita dans le mythe la colère des dieux.
Nominée pour le prix Pictet 2021, Feu est à découvrir Galerie de l’Europe en juin et en septembre 2021.
Source : Galerie de l’Europe
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