5 millions d’Irakiens réfugiés aux Etats-Unis après la guerre : c’est l’équivalent, proportionnellement, de 50 millions d’Américains fuyant leur pays – soit l’un des exodes les plus importants de notre histoire actuelle.
Parce que ces réfugiés irakiens ont aidé le gouvernement US (comme traducteurs, le plus souvent) et croyaient à un avenir meilleur pour l’Irak, ils ont mis en danger leur propre vie et celle de leur famille. Alors qu’ils faisaient partie de l’élite irakienne, désormais considérés comme des traîtres dans leur pays d’origine et marqués par les violences de la guerre, ils ne reviendront jamais chez eux.
Gabriela Bulisova, photojournaliste travaillant à Washington, a parcouru les Etats-Unis pour rencontrer et interviewer les réfugiés irakiens dispersés un peu partout à travers le pays. S’ils sont aujourd’hui à l’abri, « nombre d’entre eux se sentent abandonnés par le pays qu’ils ont aidé et pour lequel ils ont risqué leur vie; nombre d’entre eux sont au chômage et dans une situation financière difficile; nombre d’entre eux pensent à la famille et aux amis qu’ils ont laissés là-bas et aimeraient pouvoir retourner chez eux. »
Souhaitant rester dans l’anonymat pour des raisons évidentes de sécurité, les réfugiés n’apparaissent jamais vraiment sur les photos de Gabriela Bulisova : de dos, de loin, à peine visibles, le visage caché… Mais c’est aussi une manière de signifier qu’ils sont devenus des fantômes, des silhouettes occultées par des évènements plus notoires de la guerre en Irak, oubliés par le gouvernement américain comme par la communauté internationale. De la même façon, le cadre ne montre jamais un lieu en particulier, spécifiquement rattaché à une culture quelconque: le travail de la photographe met ainsi en lumière le déracinement profond de ces laissés pour compte de la guerre.
4 commentaires
Ajouter le vôtreUn très bon travail. Je le trouve vraiment fort et touchant, presque gênant.
Belle série. Triste que leurs rêves soient devenus un cauchemar silencieux, lourd et lancinant.
une belle approche pudique 🙂
L’autre occupation.