La Fondation Henri-Cartier Bresson expose Guy Tillim, prix HCB 2017 pour son travail sur le post-colonialisme. Du 26 février au 2 juin. (Photo d’ouverture : © Guy Tillim)
Après la première exposition dans ses nouveaux espaces (au 79 rue des archives), celle de Martine Franck, ayant reçu plus de 25 000 visiteurs, la Fondation Henri Cartier-Bresson invite Guy Tillim, gagnant du Prix HCB. Du 27 février au 2 juin deux expositions auront donc lieu : l’une consacrée au Cartier-Bresson d’avant la guerre, qui parcourait la France en quête d’images gaies du quotidien, et l’autre à Tillim, dont les balades sont moins insouciantes, car elles explorent les traces du colonialisme dans les villes d’Afrique.
Lauréat du prix HCB 2017, attribué grâce au soutien de la Fondation d’entreprise Hermès, le sud-africain Guy Tillim (né en 1962) s’est en effet attaché, avec cette nouvelle série Museum of the Revolution, à observer les effets de la décolonisation dans les grandes capitales africaines. Les rues sont un musée à ciel ouvert. Nommées, puis renommées, elles sont les témoins de deux grandes révolutions survenues dans ces pays : d’abord le colonialisme, puis le post-colonialisme, les gouvernements d’inspiration socialiste et leur échec en faveur d’un nationalisme et la montée des régimes capitalistes.
Guy Tillim raconte, au sujet de l’histoire de sa série : « Ces photographies ont été prises au cours de longues déambulations dans les rues des grandes villes africaines entre 2014 et 2018 : Johannesbourg, Durban, Maputo, Beira, Harare, Nairobi, Kampala, Addis-Abeba, Luanda, Libreville, Accra, Abidjan, Dakar et Dar es Salaam. La série tire son nom du Museum of the Revolution, situé sur l’Avenida 24 Julho [l’avenue du 24-Juillet] à Maputo, capitale du Mozambique. L’avenue a été baptisée ainsi juste après l’établissement de la ville de Lourenço Marques comme capitale de la colonie portugaise. »
Et il rajoute que le sens de ce nom a aujourd’hui totalement changé. « Cent ans après, le nom de l’avenue est resté le même, mais son sens a totalement changé. L’indépendance du Mozambique fut proclamée le 25 juin 1975 ; la capitale fut renommée Maputo et, aujourd’hui, le 24 juillet est devenu le Jour de la Nationalisation, qui célèbre le transfert de propriété de toutes les terres et bâtiments portugais à l’État. »
Une métaphore riche de sens, qui résume bien la démarche de ce documentariste à cheval entre l’Histoire, le reportage et le roman visuel. D’après les mots de Clément Chéroux, membre du jury du prix HCB, « Guy Tillim s’intéresse ici à l’espace urbain comme à une zone d’inscription où transparaissent les traces du passé colonial et où s’affirment les nouvelles orientations politiques. Tillim fait partie de la génération de l’après David Goldblatt qui a profondément marqué la scène photographique sud-africaine des années 1990 et 2000. »
Du 26 février au 2 juin 2019.
Source : Fondation Henri Cartier-Bresson
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