Login
Adresse email
Mot de passe
Confirmez votre Mot de passe

Lense

Hot Spot Ailleurs: Hashima/Gunkanjima

Il y a quelques temps, nous vous parlions de l’urbex avec l’aimable participation de schwarze-katze. Maintenant que vous savez tous ce que c’est, nous allons nous envoler vers le Japon, plus précisément sur l’île de Hashima (ou Gunkanjima).

…………………………

Jusque dans les années 70, ce bout de terre de quelques hectares était exploité pour ses gisements de houille. Le passage progressif au pétrole entraîna la fin de son activité et le départ des milliers d’habitants vivants sur place. Que reste-t-il de la zone aujourd’hui? De nombreux bâtiments en ruine rongés par le sel, industriels mais aussi résidentiels, les objets abandonnés par les familles et une impression de vaisseau fantôme perdu dans la mer.

Pour raconter de manière plus fidèle l’aventure que représente l’exploration de ce site, je vous propose d’écouter l’expérience de trois photographes, habitués de Café Salé, faisant partie d’un groupe ayant visité l’île en 2008: Esme, Made et Sebtix.

…………………………

Il me semble que vous faisiez tous régulièrement de l’urbex avant d’organiser ce voyage. Quelle a été la motivation pour visiter ce site plutôt qu’un autre?

Made: J’ai découvert l’existence du site après qu’un ami m’ait offert un livre qu’il avait reçu par erreur, un ouvrage datant de 1984 de Kiyohide Kakita et totalement en Japonais…. Seules les photos parlaient, page après page ma curiosité montait, j’ai fini par rechercher l’histoire du livre, de l’écrivain pour finir par l’île….. A l’époque elle était sur le point d’être classée patrimoine mondial à l’UNESCO, et tout bon explorateur urbain sait ce que cela représente : restructuration du site, sécurisation, signalétique polluante, foules de touristes, parcours balisés, etc…. C’était donc le moment ou jamais d’aller faire un dernier tour sur ce grand bateau de guerre.

Sebtix: Ce que j’ai trouvé fascinant dans ce lieu, c’est qu’il fait partie des rares qui ne soient pas uniquement un batiment abandonné, mais qu’il s’agit d’une ville entière avec ses lieux de travail, de détente et de vie, tous entièrement abandonnés. Et puis le challenge d’accéder à l’île était excitant! On en discutait dans un bar autour d’une bière et ça démarré un peu du genre « chiche ? chiche ! ».

Esme: On a ensuite planifié le voyage comme un défi, autour d’une bière, et on a réussi à mener ce projet à bien. Je voyais Hashima un peu comme l’ultime destination de l’exploration urbaine : une ville toute entière à un taux de densité de population parmi les plus élevés et soudainement abandonnée, et par son accessibilité limitée, pratiquement vierge de tags et autres traces laissées par des visiteurs : le rêve !

 

…………………………

Au départ, quel était votre objectif en terme de photo? Il y avait d’emblée la motivation de réaliser un reportage, préparer une expo ou tout simplement le plaisir de ramener des souvenirs d’un lieu bien particulier?

Made: Comme à chaque première rencontre avec un lieu unique, c’est tout d’abord m’immerger, apporter si possible les fragments photographiques les plus fidèles du lieu et aussi explorer sans entrave. Le respect que j’ai pour ce site m’avait plutôt mis en position de témoin et donc de reporter. Hashima est un véritable exercice technique et artistique.

Esme: Je n’avais pas vraiment de projet photographique particulier en partant, je ne savais pas exactement à quoi m’attendre car il était difficile de trouver des témoignages récents, nous n’étions même pas sûr de pouvoir nous y rendre. Il n’était pas vraiment question lors de l’organisation du voyage de préparer un véritable reportage ou une expo d’emblée, pour ma part j’ai surtout été poussée par la curiosité, l’envie d’en ramener des clichés uniques et surtout de vivre une expérience hors du commun, ce qui a été le cas. Je suis partie avec un reflex argentique, j’ai dû utiliser une douzaine de pellicules sur l’île. Je n’ai pas encore tout traité, je suis la mauvaise élève de l’équipe…

Sebtix: Sans avoir aucune idée précise de la forme que cela prendrait, j’avais la volonté de faire un travail homogène, au moyen format, pour tirer parti de l’histoire véhiculée par ce lieu unique. Là je voulais vraiment faire une série dédiée à ce lieu, mais voir ensuite la tournure que ça prendrait.

 

…………………………

Comment s’est passé le voyage, pas trop galère pour s’y rendre?

Sebtix: On a profité de l’occasion pour réaliser un petit roadtrip à travers le japon, de Tokyo là où on a atterri, jusqu’à Nagasaki, près de là où se trouve l’île… Le plus dur aura été de dompter le GPS japonais! L’île est finalement assez proche des côtes donc on arrive à s’y rendre rapidement depuis les ports les plus proches, tu peux même débarquer assez facilement … il faut juste éviter de regarder en bas et derrière soi quand tu montes l’échelle du mur d’enceinte perché au dessus de l’océan!

Esme: Ylan et moi nous étions mises au japonais quelques mois auparavant, une fois l’équipe formée et le projet de voyage bien ancré, ce qui nous a permis de dégotter quelques informations sur l’accès à l’île. Nous étions loin d’être bilingues, mais ça dépanne.

 

…………………………

Quand je vois les photos de ces immeubles en ruine, j’imagine que le mot exploration doit prendre tout son sens. Comment s’est passé le séjour sur l’île? C’est vraiment praticable? Pas trop flippant?

Made: Mon premier pas sur le mur d’enceinte en béton armé qui protège l’île m’a littéralement estomaqué, nous étions en face d’une gigantesque ville fantôme, abandonnée depuis plus de 30 ans et très peu visitée depuis…. Nous avons noté tout d’abord un grand nombre de signes de vie d’époque, jouets, vêtements, télévisions, machines, chaussures, posters, revues….Ensuite l’état véritable de la structure s’est imposé à nous, certaines rues étaient saturées de débris géants, tombés de tous les étages, sur 3 a 4 mètres parfois, des dalles de béton en équilibre, des fissures béantes un peu partout, plus on montait en étages, plus le contenu des appartements avait été soufflé vers les rues…. En plein milieu de la mer ce n’est pas étonnant.
Deux moments flippants quand même: un trou dans l’herbe, je regarde, la mer déchaînée 10m plus bas, cela m’a rappelé que l’île était artificielle et entièrement bétonnée…

Esme: L’arrivée est spectaculaire en effet, à l’aube sans un bruit c’est une vue incroyable qui s’offre à nous lors du débarquement sur l’île : un désert bétonné et des immeubles en ruine les uns tout près des autres. Il n’était pas toujours aisé de se frayer un chemin parmi les débris, des tas de poutres et de plaques de béton bloquaient parfois le passage et ce n’est pas toujours évident de déterminer le chemin le plus sûr. Il n’était pas question de prendre de risques, donc certains coins étaient d’emblée hors d’accès : le haut de la colline, certains immeubles accessibles via une passerelle en béton avec un trou énorme au milieu… On voyait que certains immeubles s’étaient effondrés par l’érosion, la salle de spectacle qu’on avait vue dans le livre n’était plus par exemple. On a pu accéder au toit des édifices les plus sûrs, la vue était magique. Ce qui m’a le plus frappée c’était le silence, il n’y avait pas un bruit : pas un oiseau, pas un insecte même, rien, j’ai trouvé ça extrêmement déroutant.

Sebtix: En fait, il n’était pas possible de rester plus que quelques heures sur l’île, nous avons donc dû faire plusieurs passages sur différents jours… Du coup il faut reconnaître que c’était un peu la course contre la montre, ce qui ne permet pas d’explorer en entier le lieu comme on l’aimerait. Ça crée des frustrations, impose un regard partial, mais finalement c’est aussi ça qui rend les choses intéressantes …

 

…………………………

Vous êtes tombés sur des objets/situations particulièrement insolites?

Sebtix: Il y avait cette espèce de statue avec un petit autel et des cannettes en offrandes…

Made: Durant ma visite dans l’école, je suis tombé sur un grand tableaux avec la date du dernier jour (en 1974) et tout les petits bracelets en bois avec le nom des élèves…

Esme: On a eu droit aussi à quelques exemplaires de machines à laver dernier cri de l’époque qui traînaient encore dans des appartements. Et les bains communs étaient remplis 🙂

Une fois rentré, qu’est-ce qu’on retient d’une telle expérience?

Esme: Ca reste une des expériences de voyage les plus incroyables que j’ai eues, un sentiment vraiment unique assez indéfinissable. Je vois maintenant les friches d’un oeil différent, ça m’a donné l’impression de jouer dans la cours des grands et j’ai surtout envie de renouveler l’expérience dans d’autres lieux de cette envergure, ça fait d’ailleurs régulièrement partie des discussions de voyages et j’espère qu’on pourra remettre ça bientôt!

Sebtix: Je crois que le moment le plus fort c’est quand on pose le pied sur l’île. Ensuite ce sont des souvenirs et la joie d’avoir vécu ces moments. Mais sur place, je n’ai jamais réussi à définir cette sensation, que toute personne qui fait de « l’urbex » doit bien connaître, ce silence presque religieux qui nous envahit, c’est très fort, et de se dire « j’y suis »…

 

…………………………

Pour finir, un petit conseil pour ceux qui voudraient se lancer dans un voyage du même genre?

Sebtix: En fait … c’est super simple. Il « suffit de »! Je crois qu’on s’imagine souvent que plein de choses sont insurmontables alors qu’il suffit de se lancer, et ces choses s’avèrent étonnamment simples.

Made: Bien se préparer et ne pas hésiter quand l’occasion se présente!

Esme: Se lancer, se bouger, ça n’a pas l’air si compliqué : motiver une équipe et prendre son billet! Ceci dit, il faut bien s’organiser et se préparer, ne pas prendre de risques inutiles et faire attention où on met ses pieds 🙂

Un énorme merci à vous trois pour vos réponses et photos (©Esme: photos 3 et 7, ©Made 1 et 6, ©Sebtix 2, 4 et 5), en espérant avoir motivé les lecteurs à partir, à Hashima ou ailleurs!


commentaires

Ajouter le vôtre
Avatar par défaut
Elsa
Il y a 14 ans et 1 mois

Très belle interview, si j’avais les moyen j’exposerai vos travaux en confrontation sur le thème de cette île…
Je vais y réfléchir sérieusement!

Il y a 14 ans et 1 mois

Pas besoin de combi anti-radiations à Pripyat, testé sur le terrain cette année 😉
Et du coup, faut absolument aller comparer ensuite à Gunkajima o/

Il y a 14 ans et 1 mois

Si vous voulez monter une équipe, contactez-moi 🙂

Il y a 14 ans et 1 mois

J’avais lu un reportage dans le National Geographic il y a quelques années et l’esprit fantomatique de l’endroit semblait dément.

Ca se confirme avec ces photos.

Il y a 14 ans et 1 mois

Juste quelques petites questions : à l’époque, comment avez-vous fait pour accoster sur l’île ? Et pourquoi la limite était-elle de quelques heures ? Etait-ce légal ?

Merci pour les infos !

Il y a 14 ans et 1 mois

J’envisage d’y aller dans les prochaines semaines / prochains mois (le plus vite possible en fait). Si quelqu’un veut se joindre a moi, contactez-moi sur mon site 😉 Par contre j’espere que vous habitez au Japon sinon ca rends les choses un peu plus compliquees… Le souci pour s’y rendre c’est qu’il faut a priori demander aux pecheurs (ou louer un petit bateau?), ce qui n’est pas toujours evident, mais a voir 🙂

Ben
Il y a 14 ans et 1 mois

Wow! Vraiment inspirant comme article! C’est vrai que ça donne envie de réserver son billet.
Et en plus de ça j’apprends que je ne suis pas le seul a chercher des friches…il était vraiment temps de sortir de mon trou…^^

Il y a 14 ans et 1 mois

très bel article et photos impressionnantes, rien que les miniatures donnent un bon aperçu de l’ambiance.

Ça fait rêver tout ça :]

Merci!

Il y a 14 ans et 1 mois

Ah j’adore ce lieu! J’avais vu un reportage dessus, c’est clair que c’est impressionnant!
Le rêve des photographes fan de lieux abandonnés.
Merci pour ces clichés!

Il y a 14 ans et 1 mois

Comme précisé dans l’article, l’expédition des 3 zouaves s’est faite en 2008 avant la réhabilitation/restructuration de l’île et donc avant les parcours touristiques.

En tout cas merci de votre enthousiasme pour ce hot spot!

Il y a 14 ans et 1 mois

La ville et l’île avant la ruine… : http://www.ne.jp/asahi/saiga/yuji/gallary/1974/top.html. Photos de Yuji Saiga 🙂

Il y a 14 ans et 1 mois

C’est génial une ville entière pour des photos sans personne…
Viens d’aller sur maps et c’est clair qu’il y a du potentiel…
Belle trouvaille

Il y a 14 ans et 1 mois

Pwow magnifique.
L’été prochain un pote veux m’embarqué pour Pripyat en Ukraine, meme acabi =)
450€ Aller-Retour par personne depuis la France.

Avatar par défaut
avavrin
Il y a 14 ans et 1 mois

En tout cas si vous voulez faire un road trip urbex au japon !
je connais déjà certaines ruines (et surtout ou elles sont), mais si vous voulez monter une équipe j’en suis !

Il y a 14 ans et 1 mois

hasima !!!!
j’ai vu un truc la-dessus ya 2 mois, je vux y aller !!!!
(c’est exactemetn dans l’esprit d’artriste.ch)

Avatar par défaut
avavrin
Il y a 14 ans et 1 mois

Je l ai fait cet ete, mais en mode tourisme. pour 50 euros tu vas sur l’ile en bateau, il y a un parcours ultra sécurisé, et des mecs (qui bossaient sur l ile) qui explique… Mais impossible de rentrer dans les bâtiments…

Avatar par défaut
elgooki
Il y a 14 ans et 1 mois

je sais pas si ca a deja ete evoque sur lense

http://www.forbidden-places.net/

Il y a 14 ans et 1 mois

Concernant les visites touristiques, mes dernière infos faisait part de:
-tour de l’île en bateau
-accostage et tu reste sur un terre plein à part à travers quelques petits bâtiments.

Pas de visite de l’île en elle même, bien trop dangereux. Même pour des urbexeurs aguerris le lieux semble vraiment dangereux.

On trouve sur Flickr des photos de touristes qui font la visite. Par exemple: http://www.flickr.com/photos/marisoleta/sets/72157624639703049/with/5010985156/

Il y a 14 ans et 1 mois

Cette île est le fantasme de nombreux fricheurs… mais ce n’est pas la seule fort heureusement.

à noter une expo à venir à Paris sur ce sujet: http://www.gunkanshima.com/

Il y a 14 ans et 1 mois

Sinon belles photos et chouettes ressentis.

Il y a 14 ans et 1 mois

Après je ne sais pas si c’est juste une partie de l’ile qui est ouverte ou pas le top c’est aussi de visiter les anciens appartements, de se balader dans les ruines. De ressentir l’histoire des lieux.

Tout pareil, un jour j’irais, oh oui un jour j’irais …

Il y a 14 ans et 1 mois

Viendez, ce lieu est sur mal liste des choses à voir pendant les 2 prochaines années ici

Il y a 14 ans et 1 mois

Tout simplement magnifique, étant régulièrement dans le coin, je me dois si je peux d’y faire un tour ! En tout merci pour ce moment d’évasion et de rêve !

Il y a 14 ans et 1 mois

les images et l’interview: nickel 🙂

ps: l’image des immeubles en ruine sur un paysage de mer me fait penser pas mal à Inception

Il y a 14 ans et 1 mois

Nous rêvons d’y aller depuis des mois… J’espère qu’elle est encore accessible.

Superbe interview et félicitations à Made, Esme et Sebtix !

Il y a 14 ans et 1 mois

Rha mais clair, Inception quoi !

Il y a 14 ans et 1 mois

L’île est de nouveau accessible et de officiellement visitable plus de photos sur ce post :
http://gakuranman.com/gunkanjima-ruins-of-a-forbidden-island/

Avatar par défaut
Xas
Il y a 14 ans et 1 mois

C’est ouvert désormais aux touristes… Je suis triste, moi aussi je rêve de faire ça, bouhbouhbouh….

Avatar par défaut
Xas
Il y a 14 ans et 1 mois

A ce prix là il fournit la combinaison anti-radiation ?

Xas
Il y a 14 ans et 1 mois

Pareil cote-cote que sh00…

Laissez un commentaire

Laissez un commentaire

Devenir Lenser