Avant d’aller à la foire de Bièvres, je vous propose un petit atelier pratique : Quelle méthode appliquer lorsqu’on manque de lumière ?
Lorsque je faisais de la photo de rue, je m’étais plusieurs fois posé la question suivante : « Mince, je n’ai pas assez de lumière ! Au lieu de monter la sensibilité, et si je sous-exposait la prise de vue pour ensuite compenser ensuite en post-traitement ? »
Niveau : Confirmé / Avancé
//POURQUOI ?
Augmenter les ISO permet de gagner quelques vitesses et donc d’éviter le flou de bougé. Sous-exposer au moment de la prise de vue, aura le même effet sur le gain de vitesse, mais nécessite par contre de compenser le manque de lumière par une sur-exposition équivalente en post-traitement. Le rendu final est-il le même ? Je vous propose de le découvrir ensemble.
La photo de rue ou de concert, se fait souvent dans des conditions de lumière difficile. En général tous les moyens sont bon pour grappiller une ou deux vitesses.
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//COMMENT ?
Pour réaliser ce petit comparatif, je me mets en condition :
– 400 ISO
– Mode de priorité à l’ouverture (A), ouverture réglée sur f5,6
– Il m’indique une vitesse de 1/5 secondes
Impossible de ne pas bouger à 1/5 secondes !
Je décide donc de tester mes deux réglages :
- 400 ISO – f5,6 – 1/20 s (je suis donc exposé à -2 EV d’après la mesure de l’appareil)
- 1600 ISO – f5,6 – 1/20 s (correctement exposé d’après l’appareil)
En théorie, les deux méthodes que nous allons tester reviennent au même, du moins d’un point de vue physique. La quantité de lumière qui est utilisée dans les deux prises de vue est strictement identique. Dans un cas c’est le logiciel de post-traitement qui amplifie le signal, dans l’autre c’est le capteur de l’appareil photo.
Les photos ont été réalisées en format RAW, le logiciel de derawtisation utilisé ici est DxO Optics Pro 5.3.3.
Tous les traitements supplémentaires du logiciel ont été désactivés, sauf bien évidemment la sur-exposition de +2EV pour les photos prises à 400 ISO.
La photo de référence utilisée pour ce test, un bureau merveilleusement bien rangé
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//VERDICT
Je développe mes deux images et le verdict tombe sans se faire attendre :
La photo prise à 1600 ISO à un bien meilleur rendu que celle prise à 400 ISO avec sa compensation de +2EV.
Si nous sommes pointilleux, je trouve que la photo à 400 ISO est un poil plus « précise » ; mais présente un bruit numérique bien plus prononcé.
Au vu des résultats, le conseil est tout prêt : Préférez la méthode de la montée en ISO plutôt que la sous-exposition pour gagner en vitesse.
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//ET LES AUTRES ?
Ce test à été fait avec mon Sony Alpha 900, mais qu’en est-il pour les autres marques/modèles ?
J’ai donc reproduit exactement la même procédure, avec un Nikon D90.
La différence de résolution est dû aux capteurs qui n’ont pas le même nombre de pixels.
La différence est beaucoup moins flagrante que sur l’Alpha 900, mais la conclusion reste la même. Sauf que cette fois, c’est la photo prise à 1600 ISO qui parait légèrement plus précise, elle obtient donc tous les avantages.
Et sur vos boîtiers ? Laissez nous dans les commentaires, le résultat de vos tests maisons !
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//6400 ISO MEILLEUR QUE 400 ISO ?
En rédigeant cet article, une idée m’est venu…
Si on considère la conclusion précédente : « La photo prise à 1600 ISO donne un meilleur rendu que la photo prise à 400 ISO ensuite compensé de +2EV«
Pourquoi ne pas tester l’effet inverse ? Est-ce qu’une photo prise à 6400 ISO, puis compensé de -2EV, pourrait donner de meilleurs résultats que la photo prise à 1600 ISO ?
Ni une, ni deux, me revoilà derrière l’appareil photo, toujours avec les mêmes réglages :
- 1600 ISO – f5,6 – 1/20 s (correctement exposé d’après l’appareil)
- 6400 ISO – f5,6 – 1/20 s (exposé à +2 EV d’après la mesure de l’appareil)
Voici les résultats, après développement dans Dxo (toujours sans aucun traitement mise à part la sous-exposition de -2EV de la photo prise à 6400 ISO) :
Époustouflant, je n’aurais jamais cru pouvoir confondre une image à 1600 et 6400 ISO
La différence entre les deux clichés est très faible. La photo prise à 6400 ISO est tout de même un peu moins précise, mais un peu plus lisse dans l’ensemble. Il faut par contre garder en tête que 6400 ISO est une valeur « extrême » pour le Sony Alpha 900.
La conclusion de ce 3ème test, est que je n’en reviens toujours pas ! Si l’on met côte à côte les photos prisent à 400 ISO et 6400 ISO, c’est la photo à 6400 ISO qui a le meilleur rendu.
Voici un test qui a de quoi remettre en question pas mal d’idées reçu sur le bruit numérique…
Fichiers utilisés :
Sony Alpha 900 – 400ISO – f5.6 – 1/20 – Développé avec +2 EV dans DxO
Sony Alpha 900 – 1600ISO – f5.6 – 1/20 – Développé dans DxO
Nikon D90 – 400ISO – f5.6 – 1/20 – Développé avec +2 EV dans DxO
Nikon D90 – 1600ISO – f5.6 – 1/20 – Développé dans DxO
Sony Alpha 900 – 1600ISO – f5.6 – 1/20 – Développé dans DxO
Sony Alpha 900 – 6400ISO – f5.6 – 1/20 – Développé avec -2 EV dans DxO
30 commentaires
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STOP !
Arrêtez tout…
Ces méthodes détruisent purement et simplement la dynamique de l’image ! (même en RAW)
> Surexposer volontairement pour ensuite assombrir, ça revient à diminuer la dynamique par le haut = tout ce qui est « clair » va être « cramé ». Et peu importe d' »assombrir la photo obtenue, le cramé restera cramé.
> De la même manière, sous exposer pour ensuite « éclaircir » la photo (on dit pousser les ISO), revient à réduire la dynamique par le bas, perdre tous les détails entre très foncé et noir.
Bref, un seul adage : choisir ouverture et vitesse en conservant les ISO au MI-NI-MUM. Au besoin, un trépied, une optique stabilisée, mais par pitié, ne faites pas de mal aux pixels, baissez les ISOs 😉
On ne peut pas tirer de généralités de ton article, car les résultats dépendent trop des qualités de montée en ISO de chaque boitier !
Et puis surtout, ta méthode pose problème par le choix des fichiers RAW à la base, dont tout le monde sait qu’ils supportent une nette sur-exposition que l’inverse…
Aurais-tu eu les mêmes résultats sur du JPEG ? Pas sûr ?
Très intéressant ce test!
Merci
[…] Monter en ISO ou Sous-exposer ? […]
Merci pour ce test LeCrapo
Cela aide bien le débutant que je suis.
Merci LeCrapo, j’avais zappé l’épisode de sur-expo en post-traitement.
Du coup, c’est bcp plus clair maintenant 😉
En vous remerkiant !
Salut tout le monde !
Y a qqch que j’aimerai comprendre.
Si je sous-expose, mon appareil est censé « comprendre » qu’il y a trop de lumière et du coup, il augmente la vitesse d’obturation. Et c’est ça que je comprends pas -_-
Pour moi, si je sous-expose, c’est qu’il y a trop de lumière, non ?
Quelqu’un pourrait me faire un topo très simple please ? 🙂
Salut salut
Alors si je me rappelle bien un post, il me semble que sur les Foveon de Sigma, c’est le contraire des autres capteurs: mieux vaut rester en bas zozos et sous exposer ! Quelqu’un a-t-il un DP1 ou SD-14 pour essayer ???
++
Ah ben tiens, de mon côté j’avais plutôt le réflexe de sous-exposer sur mon 40D. Au final, on dirait bien que je me suis gouré… Mais bon, le 40D perd rapidement en qualité en montant en sensibilité, c’est pour ça que j’avais jamais vraiment fait le test, me basant sur les analyses techniques qui conseillent souvent de pas dépasser les 800 ISO.
Merci pour l’improve en tout cas Rémi et merci à Julien pour les éclaircissements.
Je n’avais jamais fait ce test sur mon boitier, mais je procédais déjà comme ça.
Merci à Julien sur le bonus.
Bien sympa cet improve, merci Rémi pour ce comparatif.
Comme j’ai toujours tendance à surexposer un chouilla (pour les mêmes raisons citées par Julien), je préfère généralement la montée en ISO. Mais c’est intéressant de voir un vrai comparatif qui permet de réaliser ce qu’est ce gain.
Avec mon D3 je privilégie une montée en ISO étant donné que jusqu’à 3200 ISO tout va bien…voire même à 6400 donc de ce côté là je ne m’étais jamais posé la question…mais bon test tout de même!
Super test !
Merci beaucoup !
ah la bonne idée de test =)
Et si on mélange un peu des deux, on peut pas avoir un optimal ?
A voir avec un 5DmkII qui cumule beaucoup de pixels et une bonne montée en ISO
Les reflex numériques en moyenne échantillonnent la luminance sur 12 bits soit 4096 valeurs (je dis bien, en moyenne).
Ca veut dire que déjà ton post-traitement doit se faire en 16, car s’il est fait en 8 bits, les valeurs de luminance sont ramenée à 255, ce qui est ridicule et très réducteur.
De plus, la moitié des valeurs possibles du capteur se captent dans les hautes lumières. 50% se jouent sur le dernier diaph. Ce qui explique qu’en numérique, il faut toujours sur ex d’un diaph pour faire rentrer un max d’informations, qui seront ensuite « libérées et manipulables » en post en 16 bits, avec un profil de couleur adéquat (comme le Pro Photo RVB).
Avec un 400D, et les autres, il est donc plus que vivement conseillé d’augmenté les ISO plutôt que de shooter sous ex en pensant récupérer par la suite : les faiblesses du capteur numérique dans les tons sombres rendent cette opération impossible à cause du faible nombre de données enregistrées.
La bise à Lâm, Lense @ Emob le retour !
tests très intéressants 🙂
@Dadou oké mais l’intéret ici est de garder une vitesse d’obtu la plus élevée possible.
Prendre à +2ev augmente ton temps d’expo.
Il est pas question que je monte à plus de 800 iso avec mon D80 T_T
Moi j’ai jamais eu peur de monter en iso mais ravie de voir que c’est pas une mauvaise chose ^^
Je rajouterais que la tendance est à la surexposition.
Moi je fais l’inverse, je surexpose et en post traitement je baisse l’exposition, çà bruite moins je trouve que de faire sous-exposé et d’essayer de récupérer de la lumière en post traitement.
Je vais faire le test avec le K20D pour voir ça 🙂
Florent : Les photos ont été prises en RAW, donc pas de traitement de la part de l’appareil photo, uniquement les données bruts de la prise de vue
Jerka : C’est à peu prêt ça, le capteur va en théorie « multiplier » par un coefficient, la valeur de chaque photosite. A 400 ISO le coefficient sera donc plus petit qu’a 1600, et donc la valeur sera plus proche de la réalité. Ce ne sera qu’a la sensibilité native du capteur, qu’il n’y aura pas de coefficient.
Picsmaker : Comme nous avons fait le test sur des fichiers RAW, il n’y avait pas de traitement contre le bruit tel qu’on l’entend, même de la part du boitier. Cette différence vient de la manière (du boitier ou du logiciel) de « multiplier » les valeurs des photosites.
Moi qui hésite toujours à monter en ISO, je suis vraiment surprise du résultat.
autant le grain argentique peut donner un cachet à la photo, autant le bruit numérique est repoussant. essayons ta méthode 🙂
(non mais franchement, pouvez pas faire en sorte qu’on puisse se positionner sur le « submit comment » en faisant sur le clavier Tab + espace, please? 😉
Je n’aurais pas cru que tu obtiendrais ces résultats non plus, et j’ai toujours préféré diminuer mes EV plutôt qu’augmenter mes iso…
Mais cela ne dépend t-il pas des appareils dans leur capacité à traiter les images en haute sensibilité ?
Est ce que ce n’est pas aussi une question de densité de photosite sur le capteur, de traitement du signal par le processeur?
Et une question plus technique : comment marche la « sensibilité » numérique. Finalement le capteur ne change pas comparé à l’argentique où l’on change les pellicules. Et ce que c’est une question de statistique sur le nombre de photons qui rentre dans chaque photosite? Genre, à 400iso, on ouvre 2x plus qu’à 1600 donc on a un meilleur échantillonnage, plus proche de la réalité ???
Qu’en est-il des options de l’appareil pour diminuer le bruit avec un ISO élevé ? ont-ils été désactivés pour le test ? ou au contraire ne serait-ce pas grâce à eux que l’image est meilleure en hautes sensibilités ?
Merci du coup je comprends mieux le but du test 😀
Super explications supplémentaires, merci Julien.
Je confirme donc, le boulot de post-traitement était fait en 16 bits, mais je ne connais pas le profil de couleur « pivot » qu’utilise DxO.
Lightroom utilise ProPhotoRVB, je suppose que DxO en fait de même.
Le conseil est donc bien celui découvert avec le test : ne surtout pas sous-exposer, plutôt monter en ISO !
Salut Boubou,
En effet, en règle général lorsque tu sous-expose, c’est qu’il y a trop de lumière, et pour compenser ton appareil photo augmentera la vitesse (si tu es en priorité ouverture).
Mais dans l’exemple, c’est pas parce qu’il y a trop de lumière qu’on sous-expose, mais uniquement dans le but d’augmenter la vitesse.
Dans ce cas l’appareil photo indique qu’on est sous exposé et qu’il va manquer de lumière, mais comme il est bien obéissant, il prendra tout de même la photo avec une vitesse élevé.
Mais à cause de notre vitesse élevé (qui était le but recherché ici) la lumière a manqué sur le capteur. C’est pourquoi en post-traitement on va « compenser » ça en sur-exposant cette fois.
Est-ce que j’ai répondu à ta question ?