Depuis hier, le réseau star de la photo se trouve au coeur de la polémique, en annonçant de nombreuses modification de ses conditions d’utilisations. Instagram va-t-il trop loin ? Notre résumé et nos analyses sur l’affaire qui vous fera repenser à deux fois, avant de filtrer vos images à tout va…
image : Beta 75
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Update 1 : 18 Décembre 2012 – Kevin Systrom d’Instagram vient de clarifier les changements mis en place, pour répondre aux nombreuses critiques :
- Ils ne comptent pas vendre les images des membres et vont clarifier les tournures des clauses incriminées
- Leur manière de promouvoir du contenu ou des comptes ressemblerait à un mix de Twitter (promoted accounts) et de Facebook (campagnes basées sur vos actions)
- C’est le focus actuel, Instagram se voulant sans bannières de publicité
- Vous restez propriétaire de vos images et Instagram ne réclame aucun droit dessus
On attendra de voir si cette communication de crise règle un soucis de vocabulaire, ou si elle résulte d’une vraie marche en arrière. Car en attendant, Facebook n’a pas changé ses nouvelles règles d’utilisation, très proches…
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Update 2 : 21 Décembre 2012 Après plusieurs jours de crise, d’incompréhension, mais surtout de protestations, Instagram vient de faire machine arrière et annonce revenir à ses conditions générales d’utilisation utilisées depuis 2010 !
Kevin Systrom n’abdique cependant pas et annonce revenir à la charge plus tard, lorsque les plans de monétisation par la publicité seront concrets.
En attendant, Instagram aura vécu un réal bad-buzz, à moitié à cause de ses conditions, à moitié à cause du manque de clarté de sa communication, qui aura laissé place à toutes les interprétations possibles, souvent les pires.
Fin de la saison 1, vous pouvez retournez prendre des photos de la fin du monde avec du vignettage…
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« Instagram existera hors de Facebook pour un long moment encore »
Kevin Systrom, co-fondateur d’Instagram, 5 Décembre 2012
On sentait la chose venir, mais cela fait toujours un peu mal. Hier et aujourd’hui, Instagram a annoncé d’importants changement dans ses conditions d’utilisation. Depuis son rachat par Facebook, la jeune start up criait sur tous les toits que le produit ne changerait pas, mais la réalité a vite balayé les jolies résolutions.
Photo : Adam Tinworth
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Qu’est ce qui change, exactement ?
Un tout et son contraire ont été dit et conclu sur l’évolution d’Instagram. Voici les points importants :
1. Facebook a changé ses règles d’utilisation la semaine dernière. Le réseau partage désormais ses bases de données client avec ses sociétés affiliées, dont Instagram. La chose fonctionne également dans l’autre sens et à partir du 16 Janvier, toutes vos données sur Instagram seront accessible à Facebook.
2. La publicité arrive. Et elle se basera sur vos données, entre vos hashtags, votre géolocalisation, vos heures de partage, vos likes, amis etc.
« Le service tout ou en partie financé par des revenus publicitaires. Pour nous aider à fournir un contenu sponsorisé ou payé ou des promotions intéressants, vous acceptez qu’une société ou autre entité nous paye pour afficher votre pseudo, likes, photos (ainsi que leur metadata), et/ou votre activité, en relation avec du contenu sponsorisé ou payé ou des promotions, sans aucune compensation pour vous ».
3. Cette règle, déjà très discutable, devient vraiment nauséabonde lorsque l’on découvre que le contenu sponsorisé ou payant ne le sera pas clairement :
« Vous prenez connaissance que nous ne déclarions pas tout le temps les services payés, le contenu sponsorisé ou des actions commerciales en tant que telles. »
4. Vous restez propriétaire de vos images…
5. … Mais Instagram peut les utiliser !
« Instagram ne possède aucun contenu que vous postez sur ou via le service. Par contre, vous autorisez désormais à Instagram un droit d’exploitation mondial, sous-licensable, transférable, totalement payé et royalty free et non exclusif sur le contenu que vous postez sur ou via le service, excepté que vous pouvez contrôler qui veut voir une partie de votre contenu et activité sur le service, comme décrit ici : http://instagram.com/legal/privacy/. »
C’est sûrement le point le plus négatif. Instagram se donne ainsi les droit de vendre vos photos de manière totale, sans votre accord spécifique, ni même l’obligation de vous en informer. On navigue dans le grand n’importe quoi. On se rappelle encore de l’affaire Flickr/Virgin, qui avait montré les limites de ce genre de pratiques. Instagram semble les avoir notées… Et s’être blindé contre.
Pour résumer, Instagram devient soudain la plus grande banque d’image du monde, avec plus d’un milliards d’images virtuellement disponible à la vente – et une croissance plus forte que celle de flickr à son apogée. Pour vous donner une idée, une marque de Vodka pourrait illustrer une campagne pub ou des brochures avec des photos choisies sur Instagram. L’annonceur payerait alors Facebook – et voilà. Pour l’utilisateur ? Rien, que ce soit en argent, en reconnaissance ou même en avis.
6. L’Electronic Frontier Foundation revient également sur certaines zones de flou : les photos prises après le 16 Janvier 2013, date de mise en vigueur des nouvelles règles d’utilisation, par exemple : même si vous supprimez votre compte, Facebook pourrait toujours avoir accès et jouissance de votre contenu !
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Et les autres ?
Si les conditions d’utilisation de grandes entreprises du net sont toujours de grands moments de désenchantement, force est de constater que la concurrence n’est pas allée aussi loin. Comme le fait remarquer Cnet, Google et Yahoo se montrent plus modérés.
Flickr, moins branché, soudain plus cool ? (image : caterina)
Google ne possède ainsi aucun droit de vendre les photos hébergées sur ses services Picassa et Google +, tout comme Instagram à ce jour :
Les droits que vous cédez à travers cette license sont limités aux usages d’opérer, promouvoir et améliorer nos services
Yahoo, de son côté, la joue également très classique avec les conditions de flickr, dans l’article 9.b :
En respect des photos, graphiques, sons ou vidéos que vous soumettez ou rendez disponibles sur des zones publiquement accessibles des services Yahoo! autre que Yahoo! Groups, la license d’utilisation, distribution, reproduction, modification, adaptation et affichage public de ces contenus sur les services Yahoo! est uniquement réservée à l’utilisation pour laquelle ce contenu a été soumis ou rendu disponible. (…) »
On rira jaune devant cette vidéo satyrique du site The Onion, qui avait vu juste sur Instagram, juste quelques jours avant l’annonce :
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La fin du monde, c’est pour le 16 Janvier ?
Si beaucoup d’utilisateurs (notamment les photographes professionnels) menacent déjà de quitter Instagram, un exode massif paraît peu probable. Une grande partie des utilisateurs, très orientée grand public, se fiche complètement des conditions d’utilisation d’un service, tout comme ils acceptent aujourd’hui un mélange des genres privé/public ou gratuit/mercantile.
Lors d’une récente conférence, Christopher Poole, créateur de 4Chan et Canvas, constatait la fin de l’engagement sur Internet. Son message a trouvé parfaite illustration lorsque Facebook a invité ses utilisateurs à voter pour ou contre les derniers changements de condition d’utilisation proposés. Il fallait 30% de votes contre pour les annuler. Il y a eu 0,2% de votes.
Restent les autorités, qui freinent et calme régulièrement les ardeurs des anti-vie privée. Yahoo!, Facebook et autres titans de la base de donnée avaient ainsi dû reculer face aux lois qu’ils commençaient à sérieusement empiéter. Différentes associations de consommateurs ont déjà annoncé saisir les autorités face aux nouvelles conditions de Facebook / Instagram.
Mais si Facebook essuie ainsi depuis des années les plâtres de ce nouveau business model, jusqu’à nouvel ordre, le réseau n’a ni été abandonné, ni réellement menacé par un concurrent plus libertaire et transparent. Que pourrait-il arriver de terrible à Instagram, un réseau qui a dépassé les 100 millions de membres en moins de deux ans ? Perdre quelques utilisateurs emblématiques ? Cela n’empêchera pas le grand public de continuer de l’adopter en masse.
Le comble : que les photos Facebook de Mark Zuckerberg soient vendues par Facebook à des annonceurs.
Il ne faut pas non plus se voiler la face. Instagram et Facebook sont des entreprises qui doivent et veulent gagner de l’argent. On ne peut pas non plus demander des services performants, complets, gratuits et transparents. Le débat pose plus sur le seuil de tolérance entre nos conditions d’utilisateurs, de clients et sources de revenus.
Image : xkcd
L’adage « Si vous ne payez pas pour un produit, c’est que vous êtes le produit« , rendu célèbre avec les changements de condition imposées par le site Digg, n’a pas fini de se révéler pertinent. Facebook/Instagram l’ont juste poussé un cran plus loin. Jusqu’où tiendrez-vous ?
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30 commentaires
Ajouter le vôtre[…] également voir l’article de Lense.fr qui résume très bien ce qui se passe […]
Assez d’accord… Pour l’instant, ça semble pas nécessaire en plus vu les retours en arrière…
Quand à moi j’ai fermé mon compte… Basta
[…] instants(gram) ont failli tourner court, suite aux changements des CGU d’Instagram, qui a finalement reculé face à la bronca des utilisateurs. La fin du monde, c’est donc […]
Lu sur FB :
http://i.imgur.com/49WV7.png
Et tout recréer etc… C’est dur :0
[…] Le point sur Instagram […]
Ce qui serait drôle c’est qu’un maximum d’utilisateurs quitte le service pour rappeler à ce genre sociétés que sans leur utilisateurs, ils ne sont rien.
Perso j’ai supprimé mon compte.
[…] également voir l’article de Lense.fr qui résume très bien ce qui ce passe […]
À lire pour modérer peut être moderer un peu ça, la réponse d’Instagram face au badbuzz http://blog.instagram.com/post/38252135408/thank-you-and-were-listening
Et là j’ai envie de dire : instagrammeurs, c’est bien fait pour votre gueule.
L’article suivant résume assez bien mon idée : http://t37.net/instagram-photos-plaintes-merite.html
Comme le résume Lâm à la fin de l’article, « si vous ne payez pas pour un produit, c’est que vous êtes le produit »
Le côté on peut utiliser vos photos à notre profit sans autorisation et sans contrepartie donne envie de désinstaller l’appli.
En même temps c’est déjà le cas avec nos informations perso pour les pubs. Ce qui s’avère parfois pratique et pertinent parfois beaucoup moins.
Peut-être avec un système de reward (à la Lense) cela pourrait-il rééquilibrer la balance ?
Pour ceux qui souhaitent sauvegarder et récupérer leurs photos Instagram, 5 services sont disponibles http://www.demainlaveille.fr/2012/12/18/5-services-pour-exporter-vos-photos-depuis-instagram/
Par principe je n’apprécie pas la manœuvre.
Du coup, go Starmatic ?
Et quid du mode privé ? Protège t’il vraiment ?
[…] Polémique autour de Instagram […]
Y a plus qu’à la leur mettre à coup d’image basse résolution et le tour et joué, malgré que je déplore cet évènement, je dois dire qu’il ne me surprends guère et qu’il nous rappel tout à chacun, que posté une image HD sur le web est une mise en danger de son travail.
Ces évènements soulèvent la question suivante : Y a-t’il une place pour un Instagram-like payant qui respecte ses utilisateurs ?
La question peut-être étendue aux autres services « gratuits » que l’on peut trouver sur le net.
Evidemment que les gens qui prennent des photos flous/cramés/sombres/… de leurs pieds à la plage, chats ou bouffe, ils vont pas se sentir visés par ce genre de changements. Au pire, ils auront leurs 15 secondes de gloire à voir leurs photos sur une pub facebook et en seront bien content.
Par contre, les gens avec du talent (et là je repense à ton récent article des gens à suivre sur instagram), je me poserai sérieusement des questions.
C’est quoi la résolution des images sauvegardées sur leurs serveurs ? C’est réutilisable pour du professionnelle en imprimerie par exemple ?
Il me semble que la photo importée dans Instagram est automatiquement redimensionné lors du cadrage carré.
Ca doit être quelque chose comme 600×600.
De toute manière, la major partie des photos uploader sur instagram est prise par des smartphones dont la résolution ne dépasse pas les 10Mpx (en général) largement insuffisant pour du print.
De toutes manières, l’utilisation des photos à but commerciale se ferait dans instagram ou facebook directement.
Il semble que la résolution des photos mises en ligne dépendent d’une part de la résolution de base du capteur photo mais aussi du crop effectué (ce qui parait logique). De cette manière j’ai des photos qui font entre 900 et 1200 de côté. D’ailleurs on peut se rendre compte de la différence de qualité quand on consulte instagram sur une tablette.
Après je ne sais pas si c’est suffisant pour du tirage (petit peut-être).
Au pire des cas il y a toujours Path mais c’est pas vraiment le même type d’utilisation (beaucoup plus privé) et puis les filtres instagram sont sympa
Merci ! Nous avons mis à jour l’article (chapitre 5).
*note à soi même, en écrivant sur un smart phone, faut vraiment pas oublier de relire :)*
autant je gerbe intagram et je vais pas chialer sur sa disparition, autant le commentaire de http://t37.net/instagram-photos-plaintes-merite.html est assez vrai
En premiere lecture c’est : on vous baise vos photos pourries et on garde la tune
faire un 50-50 aurait ete plus juste, mais bon « juste » n’est pas ce qu’attendent des investisseurs
Il ne faut pas se leurrer de toute manière. Aucun service de cette taille ne pourrait survivre sans essayer de gagner de l’argent. J’accepte cela, c’est juste la portée des conditions, qui va trop loin.
Snapseed
Snapseed n’est pas comparable et était payant jusqu’à son rachat.
Le fantasme du service payant et transparent existe depuis toujours, mais sans réel cas d’école.
Cela reste une zone de flou, malgré la réponse de Systrom ce matin…
Le reward a intérêt à être la hauteur, pour ne pas non plus rajouter à la polémique.