Øystein Aspelund est une artiste norvégienne qui pratique la photographie au cours de ses voyages. Avec sa série TWILIGHT réalisée entre 2014 et 2016, elle joue avec le temps, l’espace et la lumière. Entretien. (Photo d’ouverture : © Øystein Aspelund)
Quand et comment es-tu devenue photographe ?
C’est venu doucement. En 2009, j’ai acheté mon premier appareil photo. Depuis, je photographie pour communiquer.
Quelle est ton approche de la photographie ?
Cela dépend du projet sur lequel je travaille. Parfois, je travaille comme une « collectrice », photographiant avec mon intuition. Je fais beaucoup de tests aussi. Après un temps de collecte et d’assemblage d’images, j’analyse les résultats pour voir s’ils peuvent faire l’objet d’un vrai projet. Le projet TWILIGHT a commencé de cette façon. Lorsque j’ai acheté de vieilles pellicules en provenance d’Ukraine, je n’étais même pas sûre de pouvoir les développer. Et parfois, je peux avoir une idée plus claire dès le départ.
Peux-tu nous présenter ta série TWILIGHT en quelques mots ?
TWILIGHT est une série axée sur le lieu, le temps et l’existence. Ce projet est caractérisé par la texture et la couleur. Elles sont créées avec de vieilles pellicules. En utilisant des films argentiques périmés, la série regarde le présent avec des yeux du passé. J’utilise ici la photographie pour sensibiliser le spectateur sur le temps qui passe.
Où et quand as-tu réalisé cette série ?
J’ai effectué cette série en Norvège et dans divers pays d’Europe entre 2014 et 2016. Elle est le résultat d’un long et unique processus. Car le plus souvent, je travaille avec un boîtier numérique. Le travail à l‘argentique est beaucoup plus lent. Il a fallu environ 6 mois entre les premières photos et le développement. La série a ainsi pu « vivre sa propre vie ». J’aime ce rythme de travail.
Quel boîtier as-tu utilisé ?
Presque toute la série a été réalisée avec un appareil argentique que j’ai acheté pou un dollar sur ebay. Il s’agit d’un boîtier en plastique, simple d’utilisation « point-and-shoot ».
Quelle est l’histoire de cette série ?
Elle dépend essentiellement du spectateur et de son interprétation. Mais mon objectif, entre autres, est de créer un récit et de donner l’impression d’une histoire. J’aime voir cette série comme les cadres d’un scénario d’un film oublié.
Que cherches-tu à montrer à travers tes photos ?
Nous vivons dans une époque où la photographie reçoit beaucoup d’attention, notamment sur les réseaux sociaux. C’est génial mais en même temps, nous sommes exposés à une grande quantité d’images. Des images qui ont parfois beaucoup de similitudes. Il est important pour moi de créer quelque chose de nouveau et de différent pour que mon travail puisse trouver une place. J’essaye donc de développer une approche personnelle et mon propre style. Cela joue bien évidemment un rôle dans ma vision artistique.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
J’ai diverses sources d’inspiration. Bien évidemment, le travail des photographes et artistes visuels sont des références. Les humeurs, les bâtiments ou encore les films m’inspirent également. J’aime voir comment les grands artistes se font connaître et apprendre d’eux. J’analyse leur façon de penser, de travailler et de voir le monde. Leur vision m’intéresse particulièrement. Je m’inspire également des voyages et des éléments quotidiens qui m’entourent.
La nature semble jouer un rôle central dans tes travaux ?
Cela dépend mais il est vrai que je fais rarement un projet n’impliquant pas la nature. Je dirais qu’elle est toujours là. Parfois, elle est clairement là, parfois sa présence est juste abstraite ou sous-entendue. L’humain est aussi important que le paysage lui-même et c’est l’équilibre entre les deux qui me fascine le plus.
Tu te documentes toujours beaucoup avant de démarrer un projet, quelles ont été tes recherches pour TWILIGHT ?
La majorité de mes recherches ont porté sur les lieux. Je recherchais des endroits uniques qui pourraient correspondre à l’ambiance de la série. Je voulais des endroits intéressants et en même temps accessibles. Le boîtier que j’utilisais fonctionnait dans des situations très lumineuses. Il me fallait trouver des lieux tout en jouant avec l’exposition.
TWILIGHT (ndlr, crépuscule en français), peux-tu nous expliquer le choix de ce titre ?
Les produits chimiques présents dans les pellicules, leur tenue dans le temps, leur vieillissement caractérisent cette série. Ce travail sur le temps et avec le temps peut-être considéré comme un moyen de libérer les photos. Il est difficile de déterminer l’heure et l’endroit où les photos ont été prises. Je pense que ce titre est une belle référence à ce sentiment d’intemporalité. Les couleurs, les rayures, les grains et autres anomalies n’ont pas été réalisées sur Photoshop. Tous ces effets sont naturellement créés par le boîtier et le film.
Comment choisis-tu ce que tu veux photographier ?
Je fonctionne à l’intuition. Cela doit être la « bonne » chose. Je préfère tenir compte des motifs et créer des visuels qui ont de fortes qualités plutôt que de répondre à nos attentes communes.
Peux-tu décrire cette série en trois mots ?
Place, temps et existence.
Pour découvrir le travail d’ Øystein Aspelund : oysteinaspelund.com.
0 commentaire
Ajouter le vôtre