Jusqu’au 15 décembre, pendant les Photo Days, une exposition met en lien le travail de Frank Horvat et de Valérie Belin autour de la série J’aime le strip-tease, immersion dans les légendaires clubs de nuit parisiens. (Photo d’ouverture : Frank Horvat Studio, Frank Horvat 1962 Paris, Crazy Horse, Mlle Rapha Temporel)
En 1962, Frank Horvat publie J’aime le strip-tease, des photographies prises dans des boîtes de nuit comme le Crazy Horse entre ombre, lumière, corps pendant des spectacles de danse et de strip. Pendant les Photo Days, la photographe Valérie Belin présente une exposition hommage à Horvat en mettant ses photographies de la série Bobet Black-eyed Susan I en relation avec ce corpus exceptionnel. Inspirée dans sa pratique par ce livre emblématique, la photographe raconte avoir été nourrie visuellement toute sa vie par l’univers plastique et narratif de Frank Horvat déployé dans ce livre.
Tout comme la Fille au Leica d’Alexandre Rodtchenko, réalisée vers 1934, cette série de Horvat est restée dans la mémoire de Valérie Belin, qui en loue l’économie de moyens graphiques utilisés pour sublimer formes, ombres, lumières, corps. « Ces photographies de Frank Horvat relèvent pour moi d’une vision typiquement « aristotélicienne », avec une prééminence des qualités sensibles, au sens où elles relèvent plus de la sensation que de la vision proprement dite » explique Belin.
On dit en effet qu’Aristote aurait constaté, à l’occasion d’une éclipse du soleil, que les taches lumineuses qui se forment au sol à l’ombre d’une frondaison prenaient la forme d’un croissant. Il en aurait déduit que ces taches étaient en fait des images du soleil et découvert ainsi le phénomène de la camera obscura. C’est cette même lumière, passant au travers des feuilles des arbres, qu’on retrouve aussi dans le Bal du moulin de la Galette de Renoir et dans nombre de peintures impressionnistes. On pourrait dire qu’avec ces photographies de Frank Horvat, on passe donc de la camera obcura à la boite de nuit et qu’on s’y trouve à l’intérieur même pour observer directement ce qui s’y produit, comme livrés à la pure sensation.
« C’est après plusieurs années que je me suis rendu compte qu’il y avait un lien entre certaines photographies que je réalisais et ces photographies de Frank Horvat. Lien par le thème, comme par exemple dans les photographies d’artistes burlesques que j’ai réalisées en 2012 (série Bob), mais surtout lien formel, comme dans la série Black-Eyed Susan, que j’ai réalisée en 2010 et dont je présente ici une photographie » raconte la photographe.
Bien que les clichés de Belin sont numérique, la démarche est similaire : des motifs lumineux sont projetés sur des visages, sur la peau de corps indéfinis, et ce grâce à un projecteur de diapositives dans la pénombre du studio ou l’éclairage d’une boite de nuit.
Cette exposition est l’occasion de rendre hommage à un photographe au travail multi-facettes, dont son héritière souhaite louer le sens de l’expérimentation et l’inventivité .
Source : Photo Days
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