Dans sa série The Fish That Never Swam Kirsty MacKay enquête sur les forces sociales, politiques, économiques et structurelles qui influencent notre espérance de vie. Un travail bouleversant qui figure parmi les lauréats du Prix Virginia 2023. Vous pouvez retrouver le livre The Fish That Never Swam par ici. (Photo d’ouverture : © Kirsty MacKay)
A Glasgow, en Écosse, les vies sont écourtées. L’espérance de vie des hommes dans le faubourg de Possil est de 66 ans, tandis qu’à Penilee trois jeunes se sont suicidés en l’espace d’une semaine en juin 2020. Le taux de suicide à Glasgow est 30% plus élevé que dans les villes anglaises. L’espérance de vie des hommes est inférieure de 7 ans à la moyenne britannique et celle des femmes de 4 ans. Ce phénomène ne se limite pas aux zones défavorisées – les Glaswégien·nes de toutes les classes sociales voient leur espérance de vie réduite de 15 %. La série The Fish That Never Swam de Kirsty MacKay part de ce constat désorientant. Dans ce livre auto-édité, la photographe met en lumière les forces sociales, politiques, économiques et structurelles qui influencent notre santé, notre bien-être et notre espérance de vie. Le Prix Virginia a retenu son travail parmi les finalistes 2023.
Récit d’un traumatisme générationnel
Les causes de la surmortalité de Glasgow résident dans la politique gouvernementale, et non dans l’individu et ses choix de vie. Les politiques des gouvernements locaux, régionaux et centraux ont créé un environnement où la ségrégation, l’aliénation, le chômage de masse, le traumatisme générationnel qui s’en est suivi, la pauvreté et le dénuement constituent un problème de santé publique. Dans les années 1970 et 1980, Glasgow a connu un « déclin maîtrisé ». Sans le savoir à l’époque, la ville était privée de financement de la part de Westminster.
Pendant quatre ans, la photogrpahe a arpenté la ville en interviwant ses habitant·es et en les prenant en photo. Un travail qui fait écho à sa propre expérience personnelle : c’est après l’expérience de la perte de son père et trois amis qu’elle a commencé à répértorier les diverses expériences des personnes qu’elle a photographiées et a consulté les dernières recherches du Centre de santé de la population de Glasgow. A travers les dernières recherches universitaires et l’expérience vécue, elle présente une étude approfondie sur les inégalités en matière de santé et l’écart d’espérance de vie dans sa ville natale. Un travail universel, qui donne à réfléchir sur notre manière de faire communauté et sur quel genre d’endroits nos villes sont-elles devenues.
« C’est donc dans les corps des jeunes de Glasgow que Mackay cherche des traces et des traductions de politiques (et de politiciens) mises en œuvre des décennies avant leur naissance, explique Katherine Parhar, écrivaine, conservatrice et éducatrice. Le corps blanc d’un enfant en bas âge, en contact direct avec sa mère, une jeune fille ou un adolescent en sweat à capuche noir, rien ne les distingue, et pourtant ils sont soumis, comme Mackay (et comme moi), à une forme de prédestination sociale façonnée dans les salles de conseil et les groupes de réflexion, mais inscrite en nous dans nos os et dans les cellules qui les ont construits, et qui construisent nos enfants à leur tour ».
Suivre la photographe sur les réseaux :
Site
Instagram
Source : Prix Virginia
0 commentaire
Ajouter le vôtre