Même sans y avoir jamais mis les pieds, on a tous une opinion, souvent bien tranchée, sur Los Angeles.
Mulholland Drive ou Beverly Hills, Schwarzenegger ou James Ellroy, les avenues sans fin ou les villas démesurées… Un siècle de cinéma, des milliers d’heures de série télé, des centaines de milliers de pages de roman: la cité des Anges a été racontée, montrée, inventée, enregistrée, décrite sous tous les angles. Voilà pour le côté mythe et fiction.
Ajoutons-y le flot d’images déversé par les média: celles des émeutes, des incendies, des gangs, des bad cops, de la violence urbaine, des laissés-pour-compte du rêve américain…
L.A, c’est la capitale mondiale de l’Image… et du cliché.
Mélangeons tout ça: nous obtenons l’étonnante série photos L.A Crash.
Mirko Martin, photographe berlinois de 35 ans, sillonne depuis 2006 et dans tous sens les larges rues de Los Angeles. Passionné par la video et le cinéma (plusieurs de ses travaux video sont d’ailleurs visibles sur son site), il s’attaque au clichés véhiculés par Hollywood en les mêlant aux réalités sociales du quotidien.
Accidents, blessés, fumée, arrestations violentes, corps écroulés sur la chaussée, sans-abris errant au milieu des voitures… Les images sont crues, décalées… peut-être pas peu accessibles au premier abord… (?)
En fait, ce sont des montages, ou plutôt de collages, entre des photos prises dans la rue et des images de films. La frontière entre photo-reportage et photo de studio se trouve ici brouillée. En réorganisant les personnages et décors, Martin (ré)invente une réalité… terriblement réaliste.
Accidents ou cascades? Voyeurisme ou témoignage? Victimes ou comédiens? Catastrophe ou mise en scène? Tout le trouble est dans l’absence de réponse. Martin l’explique ainsi:
‘It’s about getting into the fiction that is America, America as fiction. After all, it is as this fiction that it rules the world.’
Sommes-nous tous devenus des voyeurs fascinés par les faits divers? Ou a-t-on tant l’habitude de voir la violence dans les media, dans les films que nos yeux ne se choquent plus vraiment? Alors pourquoi ces images nous happent-elles?
Peut-être justement parce qu’elles ne sont pas spectaculaires. La violence comme un petit élément dans un décor: une vision cynique et donc dérangeante.
Pour continuer, on va découvrir une autre étrange série de photo-collages réalisée par Martin: Where the streets have no name. Il y utilise des images prises à Marrakech (touristes, locaux, policiers, vendeurs, âne (!) …) et transpose ses personnages dans la petite ville allemande de Lemgo. Amusant… et déroutant.
10 commentaires
Ajouter le vôtrepas mal j’adore!!!!!
Excellent.
assez déroutant, j’aime bien 🙂
Génial !
« Ceci n’est pas une fiction, ceci est la réalité… »
C’est un épisode d' »Au delà du réel », non ?
En tout cas, très belle série. 🙂
J’adore, c’est fort, et on voit que ça peut pas être fait en une semaine ce genre de boulot.
La première avec le taxi est vraiment saisissante et la démarche est très intéressante.
Maintenant je serais curieux d’entendre les réactions des habitants face à cette représentation de leur ville.
C’est vrai qu’on a souvent l’impression de retrouver des scènes de films. C’est assez impressionnant.
Je me demande si on ressent la même chose la première fois qu’on visite la ville.
C’est un peu ça. Le sentiment étrange de « connaître » ce que tu visites pour la première fois.
C’est ce qu’il y a de plus perturbant, dans toutes les grandes villes des US. La sensation de nouveauté, mélangée avec un étrange sentiment de… déjà vu.