Avec Holding the baby, Polly Braden explore la condition des parents seuls dans une série émouvante, racontant les trajectoires de plusieurs familles monoparentales. A travers ces récits, le tabou sur la monoparentalité est levé et une réflexion sur la répartition des rôles entre femmes et hommes est menée avec justesse, ainsi qu’un appel à la société à changer de regard. Une exposition se tiendra jusqu’au 29 août à Londres. (Photo d’ouverture : Jana avec Izaan et Yaana © Polly Braden)
Holding the Baby est une exposition de nouvelles œuvres photographiques de l’artiste Polly Braden avec des textes de Claire-Louise Bennett et Sally Williams. À travers des portraits et des entretiens menés au cours d’un projet participatif d’un an, l’exposition au Museum of the Home de Londres met en lumière l’expérience vécue, les défis et la force des parents célibataires confrontés à l’austérité. Aujourd’hui, le Royaume-Uni compte environ 1,8 million de parents isolés, ce qui représente près d’un quart de toutes les familles britanniques, et environ 90 % d’entre eux sont des femmes.
« Après être devenue moi-même une maman seule, j’ai commencé à explorer certains des préjugés qui conduisent à des politiques qui scrutent et punissent le parent qui est resté isolé. Les personnes que j’ai rencontrées lors de la réalisation de cette œuvre montrent constamment leur sens de l’aventure et leur résilience transcende les situations souvent difficiles auxquelles elles sont confrontées » raconte Braden.
La série prouve que, malgré les politiques hostiles envers les familles monoparentales, pénalisées en termes de soins apportés aux enfants et livrées à elles-mêmes sur le plan économique, ces parents célibataires ont réussi à créer un sens de famille, de sécurité, d’accueil pour leurs enfants en témoignant d’une force extraordinaire. Des histoires bouleversantes sillonnent la série, comme celle de Jahanara (photo d’ouverture, ndlr), qui a tout quitté pour fuir un mariage forcé.
« J’ai pris le siège auto de ma fille, le biberon et quelques vêtements et j’ai appelé un taxi à une heure du matin » raconte la jeune femme.
« Jana vivait dans un refuge lorsque nous nous sommes rencontrés. Depuis, elle a vécu dans un logement temporaire, dans un appartement au troisième étage sans ascenseur et maintenant elle s’est installée dans un appartement avec un balcon. Elle a une place à l’Imperial College en septembre » explique Braden sur Instagram.
Holding the baby c‘est aussi l’histoire de Barbeline et Elijah : Barbeline a grandi dans un foyer et a eu Elijah à 18 ans. Elle est restée avec son père pendant deux ans. « Le père d’Elijah n’était pas content que je n’ai pas eu à compter sur lui. Je suis toujours capable de me débrouiller toute seule » témoigne Barbeline, qui a depuis monté son business de production de dessins pour des vêtements, des coussins et des papiers peints en 2012.
Quant à Aaron et Charmaine, séparés il y a huit ans, ils partagent désormais la garde des enfants équitablement. Mais Charmaine témoigne du déséquilibre dans la perception du statut de parent isolé entre hommes et femmes : « Je suis lassée de ce leitmotiv. « Oh, il est brillant. Il ne s’est pas enfui avec une autre femme et n’a pas disparu de la vie des enfants ». Les hommes n’ont qu’à changer une couche en public et ils sont considérés comme le meilleur des pères. Ils n’ont pas grand-chose à faire. Vous, vous êtes toujours jugée comme une mère célibataire. »
L’exposition inclut également un collage de mots par l’autrice de fiction Claire-Louise Bennett, qui a demandé à ces parents de rapporter quels étaient leurs sentiments vis-à-vis de leur condition, des paroles qui définissent leur quotidien, des objets symboliques. Le collage sera exhibé aux côté de photos en noir et blanc de ces objets emblématiques prises par Braden.
L’exposition sera ouverte jusqu’au 29 août au Museum of the Home pour ensuite migrer à la Open Eye Gallery de Liverpool et à la galerie Arnolfini de Bristol.
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