Photographe à l’univers dense défiant les académismes, François Quillacq restitue au cliché de mode le grain authentique et légèrement rude des années d’or de l’anti-fashion et du punk. (Photo d’ouverture : © François Quillacq, Stylisme : Daniela Alverado – Koché)
François Quillacq préfère s’exprimer par ses images que par ses mots. Ainsi, dans des clichés au caractère trempé, il revisite les codes de la photo de mode pour créer un univers déstructuré, décadent mais chargé de poésie et d’énergie contestataire.
Talk Tinder, pour Editorial Magazine, dévoile toute la subtile impertinence du photographe en quête de textures inédites, comme celle du papier crispé qu’il intègre à ses photographies en créant une mise en abîme audacieuse. Dans des atmosphères cinématographiques aux teintes et lumières perturbantes, il mène une réflexion sur le genre tout en faisant preuve d’un amour du vêtement et des mouvements du tissu.
Dans la série Burning down the house, il réinterprète à sa guise l’héritage punk en exploitant les codes de la photographie de mode de rue tout en réinventant la manière de poser et d’exhiber les pièces. Ses modèles, leurs visages marquants et leurs tenues aux multiples textures, sont sublimés par le filtre opaque et irrégulier de l’argentique.
Les épaisseurs et les pliages typiques du cuir, du jean, de la maille sont des éléments visuels à part entière, se situant dans les clichés comme les drapés de tissus dans un tableau. C’est une recherche sur la matière que le photographe semble pourchasser.
Vidéaste sillonnant les défilés de mode de marques émergentes telles que Damir Doma, Koché, y/project ou encore gmbh, François Quillacq replonge le spectateur dans l’ambiance des eighties et début nineties, lorsque le mouvement anti-fashion révolutionnait la manière de filmer et de représenter le vêtement.
Imparfaits, granuleux, avec un goût assumé pour l’esthétique do it yourself, ces films ne sont pas sans évoquer les débuts de Martin Margiela, lorsqu’il conviait mystérieusement l’intelligentsia de la mode dans des endroits où la mode n’était jamais arrivée. Des squats, des hangars, des scénographies délabrées légèrement décadentes mettant le corps brut et le tissus vierge en valeur.
C’est pour la marque Koché qu’il réalise une série mettant en scène une collection de bijoux. Les clichés sont conçus comme des planches d’inspirations, reliant des visages jamais banals avec les formes irrégulières et les couleurs brillantes des pièces. Mystique et nourrie d’une étrange spiritualité, la série rappelle les travaux de Mapplethorpe sur les objets sacrés et les quincailleries si chères à l’artiste, toujours accompagnés de portraits où le noir et blanc s’impose.
Avec son esthétique à l’authenticité désarmante, François Quillacq fait partie d’une génération de photographes qui questionnent sans pudeur la platitude visuelle souvent véhiculée par les réseaux sociaux, en dépoussiérant des techniques du passé pour les magnifier en les rendant résolument contemporaines.
Source : Instagram
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