Samedi, un roi sera couronné. Il en a été de même ce jour de mai 1937, pour George VI (le père de la dernière Reine). (Photo d’ouverture : © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos)
Les photos sont connues mais le plaisir est immense à les reparcourir de nouveau. Alors qu’il est envoyé par le quotidien Ce Soir pour couvrir l’événement royal, Henri Cartier-Bresson inverse les points de vue. Ce qu’il donne à voir sera dos à la scène principale. Ainsi, Cartier-Bresson rend compte de l’événement en préférant les regardeurs aux carrosses dorés, les Londoniens aux « royals », la foule à l’être divin.
Les smartphones de l’époque sont, alors, des sortes de périscopes en carton qui permettent aux curieux de voir le spectacle, par-dessus les têtes et les épaules des voisins. Les bobby se mêlent à la foule pour admirer ce roi, que le destin a choisi bien malgré lui. La liesse se lit sur les visages de cette foule agglutinée sur le parcours. Les Britanniques célèbrent un nouveau roi cer tes mais aussi et surtout la fin, en ce jour précis du 12 mai 1937, d’une décennie de crise monarchique liée aux affres de son prédécesseur, son frère Edward VIII dont le point d’orgue sera son renoncement à la couronne pour épouser Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée.
Du point de vue français, les photos de Cartier-Bresson s’apparentent alors à un heureux reportage sur ce peuple qui célèbre ce que nous avons abjuré depuis longtemps : la royauté. Il réussit quelque chose de très piquant et finalement, de très cohérent, à traiter le couronnement d’un roi qui ne voulait pas être roi en ne le montrant pas à l’image. Sans doute, faut-il y voir son trait d’ironie qu’il vouait à nos voisins d’outre-Manche, déjà mis en lumière, cet hiver, dans HCB/Martin Parr Réconciliation. A voir.
Source : Fondation Cartier-Bresson
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