Hoxton Mini Press publie Miami Beach, recueil photographique sur l’âge d’or de la movida de Floride par Barry Lewis. (Photo d’ouverture : © Barry Lewis – Courtesy Hoxton Mini Press)
Tous les ans, entre 1988 et 1995, Barry Lewis s’est rendu à Miami pour immortaliser la renaissance de cette ville qui depuis des décennies était plongée dans l’enfer du trafic de drogue, du crime et était considérée comme un endroit périlleux. « Tout le long d’Ocean Drive ceux qui étaient jadis des hôtels et bars désertés étaient maintenant réinvestis et un mélange de musique des eighties et de sonorités latines envahissait la rue » raconte Bill Hayes dans l’introduction du livre. Il décrit les cris joyeux des enfants, les fashionistas en roller, le climat de fête permanente et la chaleur entre les habitants et les touristes.
Soudainement, des stars de cinéma et des mannequins, des businessman et des rentiers établissaient ici leurs demeure, à l’instar de Gianni Versace, styliste iconique qui devint le symbole même du Miami de cette période. Dans une ambiance mondaine, d’euphorie collective, les corps étaient les véritables protagonistes de cette époque dorée : des corps épilés, musclés, exhibés sans tabous, dans une recherche étourdissante de sexyness, à l’image de la mode porno-chic nourrie de références culturistes des nineties.
Des bodybuilders côtoient des drag Queens et la scène LGBT s’affirme en créant une sorte de paradis de la fête où tout semble permis. Le nudisme est une pratique courante tout comme le travestissement, dans cette ville à part qui se transforme en la définition même du « bling bling ». Barry Lewis photographie ces personnages inspirants et intrigants : des modèles, des policiers, des culturistes, des retraités aisés. Certains font du skate ou du surf, d’autres se déplacent le long du littoral en limousine, d’autres encore dansent gaiement et s’adonnent à des pratiques sportives entre voyeurisme et culte du corps. Chaque bijoux, chaque détail, chaque trait de maquillage contribue à instaurer le mythe de la ville qui ne dort jamais. Le noir et blanc confère à la série un aura de paradis perdu, en donnant une vision de Miami déconnectée du temps et de l’espace, une bulle de dolce vita et de légèreté.
Bien que pris spontanément, selon l’esprit typique de la photographie de rue, ces clichés paraissent posés, construits, laissant un sens perturbant d’artificiel. A travers Miami Beach Lewis donne vie à un visage bien particulier de l’Amérique, tapageur et consumériste, drôle et euphorique, un microcosme où tout est possible.
Source : Hoxton Mini Press
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